Greffe d'un corps sur une tête : c'est de la science-fiction pour 3 raisons

Publié le 3 mars 2015 à 11h50
Greffe d'un corps sur une tête : c'est de la science-fiction pour 3 raisons

CHIRURGIE – Un médecin italien affirme pouvoir, dans un délai de deux ans, greffer un corps entier sur une tête. Un scénario peu crédible aux yeux de la communauté scientifique.

Ce neurochirurgien italien semble avoir perdu la tête : sur scène lors d'une conférence TED ou dans la revue Surgical Neurology International , il affirme que d'ici deux ans il sera possible de greffer un corps entier sur une tête. Comprenez le corps de quelqu'un en état de mort cérébrale sur la tête, vivante, d'un individu tétraplégique ou myopathe . Mais, pour le docteur Ibrahim Obeid, président de l' Institut de la colonne vertébrale et membre de la Clinique du dos , contacté par metronews, ce projet est "complètement irréaliste".

Le cerveau risque d'être trop peu oxygéné

Sur le plan technique d'abord : "Si on transplante un corps entier, tête exclue, sur une autre tête, il faut connecter les deux." Et c'est là que ça se complique. Si la "connexion osseuse, c'est-à-dire la fusion des vertèbres, est facile", la connexion vasculaire est, elle, bien plus difficile. "On ne peut pas connecter les artères vertébrales parce qu'elles passent dans l'os. Il faudrait donc se contenter de connecter les artères carotides et les veines jugulaires ." Mais pas sûr que cela suffise... Or ce n'est pas un point de détail : "Sans bonne connexion vasculaire, le cerveau ne sera pas viable."

Reconnecter la moelle épinière ne suffit pas

Et ce n'est pas tout. Le chirurgien italien se focalise sur une sorte de glu qui connecterait les moelles épinières de la tête et du corps. Mais le docteur Obeid rappelle que "la connexion neurologique ne se limite pas à la moelle épinière" – encore faut-il que celle-ci fonctionne. Ainsi, il ne faudrait pas oublier les nerfs périphériques qui passent au niveau du cou, à savoir les nerfs phréniques , qui permettent de bouger le diaphragme et donc de respirer, ainsi que le plexus brachial , qui permet de bouger les membres supérieurs.

Des opérations moins complexes et qui ne coupent pas ces nerfs du cou existent déjà chez les personnes dont la moelle épinière est sectionnée, comme de "raccourcir la colonne vertébrale d'une vertèbre et faire une suture". Autre problème avec cette transplantation de corps : "Cela enlève toute possibilité d'avoir un jour une greffe de moelle ou une connexion de moelle avec une cellule souche, des recherches qui sont en cours, plus lentes mais plus rationnelles."

Le corps greffé va rejeter la tête

Et même si l'on suppose que l'on a réussi à greffer ce corps sur cette tête, "à coup sûr, le greffon va prendre le dessus et il va y avoir un rejet de la tête". En effet, le système immunitaire du corps greffé sera prédominant. Et donner des médicaments anti-rejet ne suffira pas : "Ces médicaments ne feront que retarder le rejet." En outre, comme il s'agit d'immunosuppresseurs, cela signifie que les défenses immunitaires du patient seront au plus bas et que le risque d'infection sera conséquent. Résultat : dire que les moyens de transplanter un corps sur une tête sont à notre disposition, "c'est de la science-fiction".

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La rédaction de TF1info

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