ÉPIDÉMIE – Depuis plus d'un mois, des milliers de canards ont été euthanasiés en raison du virus de la grippe aviaire. Stéphane Pontlevoy a vu ses 2800 ses palmipèdes disparaître en moins de deux heures.
Les chiffres sont mauvais et ne devraient qu'empirer. Depuis décembre, ce ne sont pas moins de 400 000 canard qui ont été mis à mort dans le département des Landes en raison de l'épidémie de grippe aviaire.
Ce vendredi matin, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, a reconnu "ne pas pouvoir dire" combien il restera de canards, sur les quelques 5 millions actuellement en cours d'élevage dans le Sud-Ouest"Mon objectif c'est qu'il en reste le plus possible (...) L'objectif, c'est de faire un dépeuplement massif pour contenir l'épidémie" a-t-il dit sur France Bleu Gascogne invoquant le besoin "d'accélérer dans la course contre la montre" contre ce virus "hautement pathogène"… Il est attendu dans les Landes cet après-midi.
Stéphane Pontlevoy, directeur de l'élevage du Château Bellevue à Baigts-de-Béarn dans les Pyrénées-Atlantiques a vu partir ses 2 800 palmipèdes en début de semaine. Il revient sur cet événement douloureux, qui n'est malheureusement pas une première pour lui.
Quelle a été la chronologie des événements pour votre élevage?
Depuis plusieurs semaines sur la fin de l'année 2020, il y avait plusieurs cas suspects qui ont été en zone de protection sur le secteur landais. On a eu une observation très stricte de nos élevages. Le samedi 2 janvier, nous avons repéré quelques canards qui présentaient plusieurs signes cliniques. Dimanche 3 janvier au matin, nous avons pris contact avec les services de la direction départementale de la protection des populations ((DDPP) pour leur signaler. Et nous avons pris la décision avec eux d'organiser un dépeuplement avec des prélèvements de virologie.
Comment voyez-vous qu'un canard est malade? Quels sont les symptômes?
Ils sont déjà beaucoup moins toniques. Ils se déplacent peu ou pas. D'autres ont du mal à tenir leur tête, et font des mouvements un peu anarchiques. Ces signes, présents chez deux cas suspects dans notre élevage, nous ont poussés à alerter tout de suite les services vétérinaires.
Quand a été fait le dépeuplement, c'est-à-dire l'abattage systématique, dans votre élevage?
Dès le lundi 4 janvier au matin pour tenter de minimiser la propagation possible. Les équipes des services vétérinaires et des techniciens sont venues sur place. Dès 9 heures, ils ont procédé au dépeuplement complet des 2 800 canards présents et à 11 heures, le site était complètement vidé de sa population de palmipèdes. Nous sommes rentrés depuis dans une phase de désinfection, de décontamination complète à laquelle suivra un vide sanitaire.
"Nous avons la crainte d'être montrés du doigt."
Stéphane Pontlevoy
Vos canards sont destinés à la consommation, Pour autant, les voir partir ainsi a du vous faire quelque chose. Qu'avez-vous ressenti?
Déjà, nous ne sommes pas des éleveurs ordinaires. Nous sommes en label rouge et sommes sur du traditionnel, en système autarcique. On a nos canards, on cultive les céréales, on a une salle de gavage, un laboratoire d'abattage, un laboratoire de découpe, on a des cuisines et on va jusqu'à la conserve. On maîtrise tout de bout en bout. Par ailleurs, notre exploitation est un établissement et service d'aide par le travail (ESAT). Nous employons 90 personnes en situation de handicap mental ou psychique. Voir nos canards se faire euthanasier, c'est un réel crève-cœur. Les ouvriers n'ont bien sûr pas du tout pris part à l'opération de dépeuplement lundi matin, nous les avons épargnés de ce moment qui est encore plus douloureux. Ils ont un attachement à ces animaux, mêmes s'ils sont destinés à la consommation. Pendant les 3 à 4 mois d'élevage, ils en prennent grand soin.
Comment se font euthanasier les animaux?
L'euthanasie se fait par injection d'un produit létal par les services vétérinaires. En deux heures, tous nos canards sont morts.
Aviez-vous déjà connu un tel événement?
Il y a eu deux épisodes de grippe aviaire en quelques années. Un dans l'Isère en 2015-2016 et autre en 2016-2017. Pour le premier épisode, nous n'avons pas été touchés. Pour le deuxième, nous avons été victime d'un dépeuplement préventif car il y avait des cas avérés à proximité. Les virologies sont revenues négatives après abatages. Actuellement, il y a d'ailleurs de nombreux dépeuplement préventif.
Le dépeuplement préventif est presque "pire" qu'un dépeuplement suite à des cas…
C'est pire, et doublement pour nous aujourd'hui. Nous sommes un des foyers où le virus est apparu et nous avons la crainte d'être montrés du doigt. Même si chacun comprend, fatalement, chacun cherche à savoir d'où vient le problème. Nous sommes toujours au regret d'être un de vecteurs, c'est sûr. Nous sommes peinés pour nos collègues qui sont victimes d'une décision prise suite à la détection de cas
"Il y aura un impact sur la moitié de l'année 2021 au moins, c'est à dire six mois de chiffre d'affaires."
Le directeur de l'élevage de Chateau Bellevue.
Deux dépeuplement en moins de 4 ans, n'est-ce pas décourageant?
La répétition est décourageante. D'autant que de grosses mesures sanitaires très coûteuses ont été prises pour pouvoir garantir une sécurité avec l'installation de nouveaux bâtiments, de sas de décontamination, de process, de contrôle renforcés que l'on applique strictement; Pour l'instant, l'Etat indique qu'il y aura des mesures d'indemnisation mais on ne peut pas dire aujourd'hui dans quelles conditions, à quel niveau et dans quel délai. Nous sommes sur une perte d'exploitation a minima de trois mois puisqu'un canard il lui faut au moins trois mois pour être à maturité. Il y aura un impact sur la moitié de l'année 2021 au moins, c'est à dire six mois de chiffre d'affaires.
Quand pourrez-vous reprendre une activité?
Il reste encore des choses à faire avant de pouvoir reprendre : la désinfection complète de tous les outils, parcs, bâtiments, et matériels, vider tous les fumiers, chauler tous les espaces. Il y aura aussi des contrôles d'un service tiers qui viendra faire des prélèvements d'ici au 18 janvier. Ensuite, il y aura un vide sanitaire de trois semaines au moins. Ensuite, tout dépendra de la situation sanitaire sur le secteur et malheureusement, là on voit que le nombre de cas explose. Nous serons prêts mi-février, mais je crains que d'ici là le problème ne soit pas réglé.
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