Guerre en Ukraine : face au risque nucléaire, faut-il se procurer des capsules d'iode ?

Publié le 5 mars 2022 à 11h30, mis à jour le 5 mars 2022 à 11h59

Source : JT 20h WE

Après l'attaque de la plus grande centrale d'Europe par les troupes russes en Ukraine, l'inquiétude monte autour de la sécurité nucléaire.
Les pharmaciens français constatent de plus en plus de demandes de pastilles d'iode.
À quoi servent-elles ? Faut-il s'en procurer ? TF1info fait le point.

La situation critique en Ukraine inquiète de plus en plus l'Europe de l'Ouest. Vendredi, au neuvième jour de l'invasion russe, les troupes de Vladimir Poutine ont mis la main sur la plus grande centrale nucléaire d'Europe, celle de Zaporojie, à l'issue d'un bombardement provoquant un incendie dans l'un des bâtiments, faisant craindre une catastrophe. Dans la soirée, le président de la République Emmanuel Macron s'est déclaré "extrêmement préoccupé des risques" sur la sécurité nucléaire.

Conséquence directe, une partie de la population française cherche à se procurer des capsules d'iode. "Il y a des demandes, car la population est angoissée", indique à TF1info Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ces comprimés sont en effet un moyen de limiter les risques sanitaires en cas de fuite nucléaire, qui libèrerait un nuage d'iode radioactif.

"Lorsque le nuage plane au-dessus de la population, l'iode radioactif se fixe dans l'organisme au niveau de la glande thyroïde et provoque des cancers", explique Philippe Besset. "Pour échapper à ce risque, il est conseillé d'avaler de l'iode stable, qui va venir saturer la glande thyroïde et éviter que l'iode radioactif ne s'y installe."

Un stock supérieur aux besoins de la population

Un mécanisme de précaution, toutefois inutile dans le contexte actuel. "Cela ne sert absolument à rien de prendre de l'iode tant qu'il n'y a pas de nuage radioactif au-dessus de la tête", insiste le président de la FSPF. "Nous n'avons d'ailleurs pas de capsules d'iode en pharmacie." Seuls les Français habitant dans les vingt kilomètres autour d'une centrale nucléaire en possèdent. "Dans ces endroits, il y a des programmes de distribution d'iode à la population. Les autorités de santé ont estimé qu'il était préférable que la population ait l'iode chez elle. Il n'y a donc pas d'iode dans les officines."

En Belgique aussi, les comprimés d'iode sont prisés. Selon l'Association pharmaceutique belge, plus de 56.000 boites ont été écoulées dans la matinée de jeudi, alors que les ventes étaient proches de zéro avant l'invasion russe et les menaces nucléaires. L'Agence fédérale de contrôle nucléaire a rappelé dans un tweet que "la situation actuelle en Ukraine ne nécessitait pas la prise de comprimés". "Prenez uniquement de l'iode sur recommandation des autorités", précise-t-elle.

En revanche, en cas d'accident nucléaire sur le territoire ou dans un pays à proximité, un protocole permet aux Français de se protéger. "L'iode est prépositionné chez les grossistes répartiteurs et dans les zones de défense. Si jamais il y a un incident, lié à l'une de nos centrales ou à un geste de guerre, alors l'iode est distribué immédiatement dans les pharmacies et même d'autres lieux", poursuit Philippe Besset. "Le stock est régulièrement vérifié et mis à jour. Il y a largement plus de comprimés d'iode que nécessaire pour l'ensemble de la population française."


Idèr NABILI

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