INDICATEURS - La situation à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, département présentant le taux d'incidence le plus élevé de France métropolitaine, inquiète les autorités sanitaires.
En deux semaines, les Bouches-du-Rhône sont devenues un haut lieu de propagation du nouveau coronavirus, affichant des indicateurs épidémiologiques soudainement très élevés. Dans son bilan régional hebdomadaire publié le 20 août, Santé Publique France annonce pour le territoire marseillais un taux d'incidence supérieur à tous les autres départements métropolitains : 87,5 personnes ont été testées positives au Covid-19 sur 100 000 habitants en une semaine. En comparaison, le second taux d'incidence le plus élevé de France métropolitaine, observé à Paris, est de 63 pour 100 000 personnes, en enlevant les dépistages aux aéroports.
Taux de dépistage et taux de positivité
Le taux d'incidence a presque doublé en une semaine dans les Bouches-du-Rhône, selon Santé Publique France. Or l'indicateur ne peut être dissocié d'un autre : le taux de dépistage. Le nombre de tests réalisés dans ce département est également plus élevé qu'ailleurs. Selon les données de l'agence de santé, consultables en détail sur le portail Geodes, 33.498 personnes ont été testées sur la semaine 33, du 10 au 16 août. La moyenne nationale sur cette semaine est de 5.271 personnes testées par département.
Cela n'explique cependant pas entièrement l'augmentation des cas : le taux de positivité est lui aussi en forte hausse, "reflétant aussi une accélération de la circulation virale dans la région", explique l'Agence régionale de Santé (ARS). Sur les personnes dépistées, 1.781 ont eu un résultat positif au Covid-19.
Alors qu'aucun département n'avait dépassé le seuil des 5% en semaine 32, les Bouches-du-Rhône enregistre 5,3% de tests positifs sur le nombre de tests réalisés. Un chiffre au dessus de la moyenne nationale de 3,1%, mais bien en dessous du taux de 8,8% de la Guyane, département le plus touché hors métropole.
Clusters, hospitalisations et décès
Dans la région, 51 clusters sont en cours d’investigation dont 9 en criticité élevée. La moitié des foyers épidémiques en Paca ont été déclarés dans les Bouches-du-Rhône. A peine plus de 10% d'entre eux provenaient d'établissements sociaux et médico-sociaux, signifiant que les clusters naissent dans les entreprises ou réunions privées. La Direction générale de la Santé (DGS) alerte cependant sur le caractère de "zone de circulation active du virus", qui signifie que la majorité des nouveaux cas ne sont plus liés à des clusters mais sont contaminés parce que le Sars-Cov-2 se propage de façon diffuse dans toute la société.
Santé Publique France Paca-Corse constate sur toute la région du Sud-Est une augmentation des cas dans les populations de jeunes adultes. Dans les Bouches-du-Rhône, "sur la semaine 33, les taux dans la classe d’âge 20-40 ans dépassent le seuil de 50 pour 100 000 habitants", précise l'agence.
A l'échelle du département, les données Geodes permettent d'observer que les résultats de dépistages ont donné 8,7% de cas positifs chez les jeunes de 20 à 30 ans ayant passé un test. C'est bien plus que les 5,1% chez les 30-40 ans, 4,7% chez les 40-60 ans, 3,8% chez les 60-70 ans ou encore 2,2% chez les 70-80 ans.
Ce rajeunissement des victimes du Covid-19, qui s'observe partout en France ces dernières semaines, explique le peu de nouvelles hospitalisations et décès recensés pour la semaine dernière, comparé au début de l'épidémie. Les jeunes, bien qu'ils puissent déclencher de lourdes complications à long terme, présentent moins de cas graves. Selon le point en région Paca du 19 août, "le recours aux urgences hospitalières est faible et le nombre total de patients hospitalisés et en réanimation est stable". Pour l'instant. La transmission du virus se fera inévitablement des plus jeunes aux anciennes générations, qui sont des publics plus fragiles.
Les Bouches-du-Rhône ont dépassé le seuil d'alerte le 14 août, les autorités sanitaires ont classé le département en vulnérabilité élevée. La situation continue pourtant de s'aggraver. Mardi 25 août, la Préfecture des Bouches-du-Rhône a actualisé les chiffres : le taux d'incidence est désormais de 131 cas pour 100 000 habitants. A Marseille même, c'est pire : le taux d’incidence monte à 177, selon les chiffres de l'ARS fourni à la Préfecture. La Ville a pris des mesures de restrictions pour tenter d'endiguer la progression soudaine et rapide de l'épidémie, dont les masques obligatoires sur toute la commune et fermeture des bars à 23h.
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