"Hold-Up" : l'un des médecins intervenants a été interné en psychiatrie pour raison médicale

Publié le 14 décembre 2020 à 14h39
Jean-Bernard Fourtillan dans "Hold-Up", mis en ligne le 11 novembre 2020
Jean-Bernard Fourtillan dans "Hold-Up", mis en ligne le 11 novembre 2020 - Source : Capture d'écran / HOLD UP

ECLAIRAGE - Le Pr Fourtillan, qui avait accusé, dans le controversé "Hold-Up" sorti en novembre dernier, l'institut Pasteur d'avoir fabriqué le Covid-19, a été interné en psychiatrie jeudi 10 décembre dans le Gard. Il s'agit d'une mesure décidée pour raison médicale, sans aucun rapport avec sa participation au documentaire.

Sur les réseaux sociaux, on appelle à sa "libération". Jean-Bernard Fourtillan, l'un des intervenants du documentaire complotiste Hold-Up, a été interné jeudi 10 décembre en hôpital psychiatrique. Ce professeur avait notamment répété cette infox, maintes fois contredite, selon laquelle l'institut Pasteur aurait fabriqué le coronavirus. 

Selon les partisans de ce pharmacologue, il aurait été hospitalisé de force au Mas Careiron, à Uzès, et samedi, plusieurs d'entre eux se sont rassemblés devant les grilles de ce centre spécialisé en psychiatrie. En réalité, il n'y a pas de rapport avec sa participation au documentaire controversé. S'il y a été placé, c'est pour raison médicale, faisant suite à son interpellation lundi dernier.

Une "mesure individuelle" d'hospitalisation

Pourtant, l'information de cet internement est devenue virale en quelques heures. D'abord par une vidéo, publiée par le YouTubeur anti-masque Vincent Fréville, qui annonce son internement "contre son gré", vue plus de 111.000 fois depuis jeudi soir, et qui appelait à contacter l'établissement, puis par un article sur le média France Soir. Depuis, l'établissement hospitalier dans lequel il a été reçu reçoit "de multiples messages par mail" appelant à sa "libération", selon la presse locale. Une information confirmée par l'hôpital à LCI.fr sans plus de précisions. Les soignants que nous avons essayés de joindre invoquent quant à eux le secret professionnel. 

Dans une autre séquence publiée sur YouTube le soir même, Vincent Préville, proche des réseaux QAnon, intervient pour expliquer que cet internement fait suite à une "plainte contre l'institut Pasteur". Dans sa dernière vidéo, publiée le 5 décembre, le pharmacologue poitevin répétait en effet ses propos tenus dans le documentaire Hold-Up assurant que le coronavirus est un "virus artificiel créé par les scientifiques français de l'institut Pasteur". Il déclarait alors avoir "décidé de porter plainte pour mensonge et crime contre l'Humanité en bande organisée", contre le centre de recherche. Des propos qui lui auraient valu l'ire du "préfet du Gard", qui aurait alors "décrété qu'il allait l'interner pour le mettre hors d'état de nuire", selon ses soutiens. De son côté, l'avocat du Pr Jean-Bernard Fourtillan n'avance pas une telle hypothèse. S'il confirme qu'il a été interné "cette semaine", sans connaître la date précise, il n'était pas en mesure d'en expliciter les causes.

Auprès de LCI.fr, la préfecture du Gard évoque quant à elle une "mesure individuelle d'hospitalisation" résultant d'une "prescription médicale". Dès lors elle est "couverte par les règles habituelles de confidentialité des informations médicales personnelles". Cette "mesure individuelle" écarte-t-elle toute implication de la préfecture ? Interrogée sur la question, celle-ci explique que l'hospitalisation fait suite à un certificat médical, et qu'elle ne résulte donc pas de la seule décision du préfet.

Englué dans une affaire de faux essais cliniques

En dehors de sa participation dans le documentaire Hold-Up, cet ancien pharmacien a fait parler de lui en septembre 2019. Son nom était alors associé à une sordide histoire de vaste essai clinique "sauvage et illégal". Il était en effet l'un des instigateurs d'un essai de patchs testés sur 350 patients atteints de la maladie de Parkinson ou d'Alzheimer dans une abbaye près de Poitiers.  À l'époque, il décrivait ses travaux comme une "bombe scientifique", alors que l'ANSM, au contraire, parlait d'une pratique "à la limite du charlatanesque". 

Dans ces patchs, trouvés dans un laboratoire en charge des analyses, deux molécules aux effets totalement inconnus. La dernière des deux, dont la découverte est revendiquée par Jean-Bernard Fourtillan depuis 1994 en signe de "révélation signe la miséricorde de Dieu", pour reprendre ses mots, permettait selon lui de "protéger notre organisme" et "assurer la régulation des vies psychique et végétative". À l'époque dans Le Parisien, l'un de ses proches confiait suite à cette affaire : "On s'inquiète pour sa santé mentale". 

Cette recherche avait débuté sans aucune autorisation préalable de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui avait donc ouvert une enquête. Raison pour laquelle le septuagénaire faisait l'objet d'un mandat d'amener, délivré par le juge d'instruction du pôle Santé publique. C'est dans ce cadre que Jean-Bernard Fourtillan a été interpellé lundi dernier et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nîmes, explique France 3 Occitanie. Soumis à un examen médical, les experts ont conclu à la nécessité d'une prise en charge psychiatrique. 

Une décision approuvée et demandée par arrêté préfectoral. Mais auprès de la chaîne locale le procureur de la République de Nîmes assure que ce militant anti-vaccin est "informé de ses droits" et "peut exercer un recours contre la décision administrative devant le juge des libertés et de la détention". 


Felicia SIDERIS

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