Hormone de croissance : en quoi consistait le traitement au coeur du scandale ?

Publié le 8 janvier 2014 à 18h29
Hormone de croissance : en quoi consistait le traitement au coeur du scandale ?

MEDECINE - Alors qu'un nouveau procès serait possible pour les proches des victimes d'une hormone de croissance contaminée dans les années 1980, metronews revient sur ce traitement par qui le scandale est arrivé.

Trois décennies plus tard, l'erreur n'est toujours pas pardonnée. Mardi 7 janvier, la Cour de cassation a renvoyé devant la cour d’appel de Paris les deux dernières personnes poursuivies dans l'affaire de l'hormone de croissance  : le professeur Fernand Dray (91 ans) et Elisabeth Mugnier (64 ans). Entre 1983 et 1985, 120 enfants en insuffisance hormonale sont morts après avoir contracté la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), qui leur a été transmise via des injections d'hormones de croissance.

Un véritable scandale sanitaire, résultant d'une procédure qui a posé beaucoup de questions lors d'un premier procès en janvier 2009, et d'un second en appel l'année suivante. L'hormone de croissance, également appelée somatotropine, est sécrétée par le cerveau grâce à une petite glande, l'hypophyse. Chez certains enfants, cette glande ne fonctionne pas normalement, d'où une croissance ralentie. Pour leur permettre de grandir un peu et de ne pas souffrir de nanisme, il existait un traitement à prescrire avant la puberté.

"Il n'y avait qu'un seul moyen de faire grandir ces enfants"

"Dans les années 1980, le génie génétique ne permettait pas d'élaborer un traitement en laboratoire. Il n'y avait qu'un seul moyen de faire grandir ces enfants en prélevant des hypophyses sur des cadavres pour en extraire l'hormone de croissance", explique à metronews Valérie Foussier, endocrinologue pour adultes et enfants. La somatotropine était ensuite réduite en poudre puis diluée pour être injectée. Mais ce traitement miracle avait une faille : le risque de contamination par des agents pathogènes.

"Le souci c'est que certaines hormones prélevées étaient contaminées par un germe qui était encore inconnu à l'époque, celui de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), souligne pour metronews Alain Scheimann, endocrinologue à Paris. Ce germe s'est développé lentement chez des enfants et leur a causé de graves encéphalites, une inflammation du cerveau". Au total, cette maladie a été transmise à plusieurs centaines d'enfants, dont 120 sont donc morts au terme de longues souffrances.

Un nouveau traitement sans risque ?

Ce traitement n'était pas uniquement pratiqué en France, mais le pays compte à lui seul plus de la moitié (58%) des cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob dans le monde pour cette raison. Aujourd'hui, le traitement n'a plus rien à voir avec son prédécesseur. "Maintenant et depuis 1985 cette hormone est produite en laboratoire de façon synthétique. Le processus est le même que pour l'insuline chez les personnes diabétiques. Il n'y a plus aucun risque", précise Valérie Foussier.

Outre un déficit en hormone de croissance, le traitement est recommandé dans quatre autres indications dont le syndrome de Prader-Willi et le syndrome de Turner (absence du chromosome sexuel X). "Son administration est très contrôlée : pas question de la prescrire en dehors d'un hôpital. Le fait qu'il s'agisse d'une hormone de synthèse exclut tout cas de contamination", conclut Alain Scheimann. Pour la partie civile, les proches vont devoir patienter encore plusieurs mois avant d'être définitivement fixés.


La rédaction de TF1info

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