TRAITEMENT - Après la parution vendredi d'une étude démontrant l'inefficacité voire les effets néfastes de l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans la lutte contre le coronavirus, l'Organisation mondiale de la santé a décidé de suspendre les essais cliniques par mesure de précaution.
C'est un nouveau rebondissement dans le feuilleton de l'hydroxychloroquine comme traitement contre le coronavirus. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué lundi avoir suspendu "temporairement" les essais cliniques avec l'hydroxychloroquine qu'elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays, par mesure de précaution. Cette décision fait suite à la publication d'une étude vendredi dans la revue médicale The Lancet jugeant inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l'hydroxychloroquine contre le Covid-19, a indiqué le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d'une conférence de presse virtuelle.
"The Executive Group has implemented a temporary pause of the hydroxychloroquine arm within the Solidarity Trial while the data is reviewed by the Data Safety Monitoring Board"- @DrTedros #COVID19 — World Health Organization (WHO) (@WHO) May 25, 2020
L'OMS a lancé il y a plus de deux mois des essais cliniques portant notamment sur l'hydroxychloroquine, baptisés "Solidarité", dans le but de trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Actuellement, "plus de 400 hôpitaux dans 35 pays recrutent activement des patients et près de 3.500 patients ont été recrutés dans 17 pays", a expliqué le patron de l'OMS. Or, selon la vaste étude parue dans The Lancet, ni la chloroquine, ni son dérivé l'hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d'arythmie cardiaque.
L'étude a analysé des données d'environ 96.000 patients infectés par le coronavirus admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis. Environ 15.000 d'entre eux ont reçu l'une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l'antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81.000 malades du groupe témoin n'ayant pas reçu ce traitement (voir vidéo en tête de cet article).
Les essais menées par l'OMS et ses partenaires concernant l'hydroxychloroquine seront donc suspendus le temps que "les données" recueillies par les essais Solidarité "soient examinées", a indiqué M. Tedros. "Il s'agit d'une mesure temporaire", a précisé la Dr. Soumya Swaminathan, en charge du département Scientifique à l'OMS.
Des médicaments "sûrs pour les patients atteints de maladies auto-immunes ou de paludisme"
L'hydroxychloroquine, molécule dérivée de l'antipaludéen chloroquine, connaît depuis fin février une notoriété inédite depuis que le Pr Didier Raoult, de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) à Marseille, a relayé une petite étude chinoise, peu détaillée, affirmant que le phosphate de chloroquine montrait des signes d'efficacité chez des patients atteints par le coronavirus.
L'effervescence autour de l'hydroxychloroquine a connu un regain lorsque le président américain Donald Trump s'en est fait l'apôtre, au point d'en prendre lui-même quotidiennement à titre préventif. Au Brésil, le président Jair Bolsonaro est convaincu de ses effets, au point que le ministère de la Santé a recommandé son usage pour tous les patients légèrement atteints.
Malgré la suspension des essais, le chef de l'OMS a tenu à rappeler qu'hydroxychloroquine et chloroquine "sont reconnus comme généralement sûrs pour les patients atteints de maladies auto-immunes ou de paludisme".
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