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Idées reçues sur le "summer body" : attention à l'utilisation des antidiabétiques pour maigrir

Publié le 19 juillet 2022 à 19h04, mis à jour le 1 août 2022 à 18h14
JT Perso
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Source : JT 13h WE

Dans le cadre de notre partenariat avec l'Inserm, la cellule des Vérificateurs de TF1info vous propose une série consacrée au "summer body", cette tendance qui consiste à préparer son corps pour la saison estivale.
Dans ce deuxième épisode, nous nous demandons si les antidiabétiques peuvent être utilisés dans ce cadre.
Réponse avec Cédric Moro, chercheur à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC/Inserm).

Mise à jour du 1er août 2022

Suite à la publication de cet article, qui faisait la confusion entre l'Ozempic (un antidiabétique) et le Wegovy (un médicament indiqué dans le surpoids ou l'obésité), nous avons été contactés par l'entreprise pharmaceutique Novo Nordisk, qui commercialise ces deux médicaments. Cette erreur a été rectifiée. 

Entre les Unes de magazines, les publicités placardées et les conseils sur les réseaux sociaux, l'été arrive avec son lot de solutions miracles pour atteindre l'"objectif bikini". Des injonctions toujours plus nombreuses, parfois coûteuses et souvent contradictoires. Pour y voir plus clair, l'équipe des Vérificateurs vous propose une série d'articles réalisée en partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les chercheurs les plus aguerris sur ces questions. 

Dans ce deuxième épisode, Cédric Moro, directeur de recherche au sein de l'Inserm et responsable d'équipe à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de Toulouse (I2MC) revient sur cette idée reçue selon laquelle les traitements contre le diabète pourraient être utilisés pour garder une taille mannequin.

Une tendance minceur devenue virale

Car l'un d'entre eux est récemment devenu la star sur les réseaux sociaux : l'Ozempic. À travers le hastag #ozempic ou #ozemipicjourney ("parcours ozempic" en français), des internautes vantent sur TikTok l'efficacité de ce médicament dans la perte de poids. Si bien que des vidéos d'internautes qui se piquent dans le ventre et de leurs "avant-après" sur la balance cumulent à ce jour 118 millions de vues sur le réseau social préféré des adolescents. Mais que sait-on de ce "remède miracle" ?

La tendance minceur à base d'Ozempic est devenue virale sur TikTok, cumulant 118 millions de vues
La tendance minceur à base d'Ozempic est devenue virale sur TikTok, cumulant 118 millions de vues - Capture d'écran / TikTok

Comme nous l'explique Cédric Moro, ce médicament est un analogue du GLP-1. Cet acronyme alambiqué désigne le Glucagon Like Peptide-1, une petite molécule qui joue un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre glycémique. C'est pourquoi l'Ozempic, qui agit de manière similaire à ce peptide, est indiqué en France dans le traitement du diabète de type 2. Sauf que, par son action, cette molécule va également augmenter la sensation de satiété chez le patient. Dès lors, "on ne peut pas réfuter l'efficacité de cette famille de molécule sur la perte de poids", comme le reconnaît le spécialiste de la recherche sur le diabète. 

Une étude publiée le 4 juin dernier sur l'usage du Tirzepatide, un autre antidiabétique, a en effet montré une réduction de 15% du poids de départ d'un groupe de patients diabétiques dont le poids moyen était de 105 kg. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces médicaments peuvent être administrés chez une personne saine. Bien au contraire.

Aucune étude réalisée chez les personnes saines

Tout simplement parce que l'Ozempic et le Tirzepatide "n'ont pas été approuvés dans cette indication", comme le souligne le chercheur. C'est-à-dire qu'au-delà des seuls tests sur la toxicité du produit (phase I), "il n'existe aucune information sur les effets secondaires graves ou inattendus chez les personnes saines" ! Si des effets secondaires ont été signalés chez des patients diabétiques - à savoir principalement des effets gastro-intestinaux comme la nausée ou des douleurs abdominales - ce médicament pourrait faire baisser le taux de sucre dans le sang d'une personne en bonne santé. "Les risques pourraient être beaucoup plus sérieux et graves chez une personne qui a une glycémie normale", estime Cédric Moro.

À ce jour, il n'existe en réalité qu'un seul analogue du GLP-1 exploité dans le seul cadre de la perte de poids, le Wegovy. Approuvé en juin 2021 par l'Agence américaine des médicaments (FDA), il n'est indiqué aux États-Unis que chez les personnes qui souffrent d'obésité ou en surpoids avec au moins un facteur de risque. Ça ne concerne donc pas les jeunes internautes en bonne santé qui cherchent à rentrer dans leur maillot de bain. D'autant que ce traitement possède des effets indésirables. "Du fait de son dosage (deux à trois fois plus dosé que l'Ozempic), le Wegovy comporte des effets indésirables, comme des effets sur la thyroïde, allant jusqu'au cancer, ou une insuffisance rénale aiguë", alerte notre interlocuteur. Dans tous les cas, le directeur de recherche au sein de l'Inserm tient à souligner que la "contre-indication absolue concerne les femmes allaitantes ou enceintes", à cause des effets démontrés sur le fœtus. 

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En conclusion, certains médicaments qui fonctionnent comme les antidiabétiques ont bien fait leur preuve pour perdre du poids, si bien que l'un d'entre eux a été approuvé dans le traitement de l'obésité aux États-Unis. L'idée reçue selon laquelle ces médicaments pourraient permettre de perdre quelques kilos est donc directement liée "à une interprétation non-scientifique d'une information médicale avérée", comme le résume Cédric Moro. Mais attention, il s'agit de médicaments testés uniquement chez ces publics, dont on ne connait pas les effets potentiellement délétères sur une personne saine. Citant un précepte bien connu des pharmaciens, le directeur de recherche à l'Inserm rappelle que, quoi qu'il en soit, un médicament "ne doit jamais être administré dans un autre cadre que son indication". 

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Felicia SIDERIS

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