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Idées reçues sur le "summer body" : existe-t-il vraiment un régime miracle ?

Publié le 16 juillet 2022 à 8h00, mis à jour le 21 juillet 2022 à 12h13

Source : Sujet TF1 Info

Dans le cadre de notre partenariat avec l'Inserm, la cellule des Vérificateurs de TF1info vous propose une série consacrée au "summer body", cette tendance qui consiste à préparer son corps avant la saison estivale.
Dans ce premier épisode, nous nous demandons si certains régimes minceur sont aussi miraculeux qu'ils le promettent.
Réponse avec Mathilde Touvier, chercheuse en épidémiologie nutritionnelle.

Entre les Unes de magazines, les publicités placardées et les conseils sur les réseaux sociaux, l'été arrive avec son lot de solutions miracles pour atteindre l'"objectif bikini". Des injonctions toujours plus nombreuses, parfois coûteuses et souvent contradictoires. 

Pour y voir plus clair, l'équipe des Vérificateurs vous propose une série d'articles réalisée en partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les chercheurs les plus aguerris sur ces questions. 

Dans ce premier épisode, Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l'Inserm, revient sur cette idée reçue selon laquelle il existerait des régimes à l'efficacité prouvée scientifiquement pour entrer dans son maillot de bain. 

Pas de miracle mais du "marketing"

Les conclusions d'un rapport de l'Anses publié en 2010 sur cette question sont limpides. Non, il n'existe pas de régime miracle. "C'est sûr et certain", confirme Mathilde Touvier. La directrice de l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques rappelle que sur le sujet, seule une consigne est préconisée par la science : le rééquilibrage alimentaire. "On diminue les apports caloriques et on augmente les dépenses", résume-t-elle. 

Or, certaines habitudes alimentaires tendent vers un tel rééquilibrage. C'est ce qu'a prouvé de "manière forte" une méta-analyse publiée en 2020. "C'est le cas du régime méditerranéen, et de ceux qui préconisent les fibres alimentaires, les fruits et légumes ou encore les céréales complètes", liste notre interlocutrice. Mais il ne s'agit pas là de solution révolutionnaire. Ces régimes s'inscrivent simplement dans les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). "Il n'y a pas de secret, ni de miracle."

Tout le reste "n'est que du pur marketing" d'après la directrice de recherche à l'Inserm. Certains régimes suivent ces recommandations, mais vendent simplement "l'emballage" autour, ou des outils pour accompagner les personnes. "On achète la forme, mais dans le fond, on mange de manière très proche des recommandations du PNNS. Donc oui, c'est efficace, mais ça peut être coûteux". Quand les directives pour garder la ligne sont disponibles en ligne gratuitement. "D'autres régimes accompagnent ce rééquilibrage d'un certain nombre de produits qu'ils souhaitent vendre", comme les compléments alimentaires, dont "aucun n'a fait ses preuves", martèle la scientifique.

Des régimes inefficaces, voire dangereux

Au-delà du marketing, certains autres régimes sont inefficaces, et peuvent même s'avérer contre-productifs. Ainsi, la privation drastique d'aliments à l'arrivée de l'été peut "évidemment conduire à une perte de poids sur le court terme"... Et à prendre deux risques. Le premier, c'est justement... La prise de poids. "Un régime trop différent de notre quotidien va peut-être avoir des bénéfiques le temps de l'été", mais il risque de ne pas durer sur le long terme. Si on se remet à manger comme avant, non seulement le poids revient, mais surtout, il peut être regagné "plus rapidement". C'est ce que Mathilde Touvier explique avec l'image du "yo-yo". "Lors d'une situation de privation, le métabolisme va s'adapter et optimiser chaque calorie. Donc dès qu'on reprend à manger comme avant, le corps va tout de suite stocker et moins dépenser." Un "effet yo-yo" parfaitement représenté dans un chiffre de l'Anses : 80% des personnes reprennent du poids un an après la fin de leur régime.

Second risque : une privation peut aussi s'avérer dangereuse en "créant des situations de carences en certains nutriments", relève la directrice de recherche à l'Inserm. Dans son rapport publié en 2010, l'Anses avait ainsi évalué les "risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement". Pour ce faire, quinze régimes populaires ont été étudiés, parmi lesquels les régimes Atkins, Cohen, Dukan, Fricker, Mayo et Montignac. Pour la totalité d'entre eux, elle a enregistré des "déséquilibres nutritionnels" et des "inadéquations d'apports", notamment en vitamines et en minéraux. Un risque "très problématique et scientifiquement prouvé", qui peut même être dangereux chez certains individus, malades par exemple. "Ainsi, le jeûne pendant le cancer est très dangereux", relève Mathilde Touvier. "Si un bénéfice a été suggéré chez l'animal, chez l'homme, ce sont des risques qui ont été démontrés." 

En résumé, la directrice de recherche appelle à se méfier des mesures, molécules, produits ou solutions miracles. "Comme toujours en nutrition, il n'y a jamais rien de miraculeux."

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Felicia SIDERIS

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