AGRICULTURE - L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé lundi avoir "notifié aux industriels son intention de retirer l’ensemble des autorisations de mise sur le marché pour les produits à base de métam-sodium", un pesticide qui aurait causé plusieurs intoxications respiratoires dans le Maine-et-Loire et dans le Finistère en septembre et octobre.
Après le glyphosate, un autre pesticide est désormais au centre de l'attention des pouvoirs publics : le métam-sodium. Après le signalement de plusieurs dizaines de cas d'intoxication respiratoires en septembre et octobre, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé lundi avoir "notifié aux industriels son intention de retirer l'ensemble des autorisations de mise sur le marché pour les produits à base de métam-sodium". Contactée par LCI, l'Anses précise que cette interdiction sera effective "d'ici fin-novembre", le temps de respecter le délai légal d'information auprès des producteurs, et que l'interdiction de vente de ces produits concerne également les stocks déjà constitués.
"Suite à l'approbation de la substance active au niveau européen, l'Anses a réexaminé l'ensemble des autorisations de mise sur le marché des produits contenant du métam-sodium en France. Les risques pour la santé humaine et l'environnement associés à chacun des usages des produits, en prenant en compte leurs conditions d'emploi, ont été évalués. Après réévaluation, l'Anses conclut que l'ensemble de de ces usages représente un risque pour la santé humaine et l'environnement", indique l'Anses dans un communiqué. "Les événements récents d'intoxications de riverains et de professionnels ont montré l'importance de déclarer à l'Anses tout événement indésirable en lien avec les utilisations des produits phytopharmaceutiques", ajoute l'agence.
Le métam-sodium déjà suspendu fin octobre après les signalements d'intoxications
L'utilisation de ces produits à base de métam-sodium avait déjà suspendue depuis le 25 octobre et jusqu'au 31 décembre dans le Maine-et-Loire, où ces cas d'intoxication ont été recensés. Le gouvernement avait ensuite décidé le 26 octobre de suspendre à l'échelle nationale jusqu'au 31 janvier 2019 l'utilisation en France des produits contenant ce principe actif, utilisé notamment par les producteurs de mâche. Une suspension qualifiée de "sage décision pour la santé des agriculteurs et des citoyens" par plusieurs députés LaRem des Pays de la Loire, qui estimaient qu'il "faut maintenant accompagner les acteurs dans le déploiement rapide des alternatives existantes".
Cette mesure de suspension temporaire avait été décidée compte tenu des "doutes sur la possibilité d'utiliser les produits concernés de façon sûre selon les modalités actuellement en vigueur", indiquait l'arrêté du gouvernement. La préfecture de Maine-et-Loire évoquait pour sa part "la mauvaise maîtrise des techniques liées à l'utilisation du métam-sodium et le non-respect de la réglementation en vigueur".
Avant l'annonce du retrait des autorisations de mise sur le marché par l'Anses, les ministères de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé, de l'Economie et des Finances et de l'Agriculture estimaient dès fin-octobre dans un communiqué commun que "le métam-sodium fait partie des substances actives les plus préoccupantes pour la santé et l'environnement".
Qu'est ce que le métam-sodium ?
Le métam-sodium est "un biocide à très large spectre, à la fois insecticide, fongicide, herbicide et nématicides", indique la préfecture du Maine-et-Loire. Cinq produits dont le principe actif est le métam-sodium sont actuellement autorisés en France : Nemasol 510, Monam H+J, Fumical plus, Traitam Sol et Fumigam. La substance de base est autorisée par l'Union européenne jusqu'en 2022, et utilisée que dans quinze pays, selon une enquête de Franceinfo.
"Bien qu'ils soient appliqués sur des petites surfaces en plein champ ou sous serres, ces produits nécessitent d'être utilisés en grandes quantités pour agir avec efficacité. Ainsi, la dose d’emploi est comprise entre 300 et 1200 litres par hectare, ce qui représente près de 700 tonnes utilisées chaque année en France", précise le communiqué de l'Anses.
Le métam-sodium est principalement utilisé dans l'horticulture, et en particulier dans la production de mâche. Cette variété de salade est cultivée essentiellement en Loire-Atlantique, mais aussi de plus en plus dans le Maine-et-Loire, où les intoxications ont eu lieu. Les deux départements ont d'ailleurs encadré l'utilisation du biocide par arrêté préfectoral : il n'est possible de l'épandre que par injection dans le sol ou par goutte-à-goutte sous un film plastique étanche. Il est aussi obligatoire d'arroser le sol pour y fixer le produit. Enfin, la mairie doit être prévenue de chaque épandage et l'applicateur doit avoir suivi une formation. Cette action doit permettre de préparer les sols avant les semis pour que les salades récoltées ensuite soient vierges de tout champignon, mauvaises herbes ou vers.
Que s'est-il passé dans le Maine-et-Loire ?
Le 9 octobre, à Brain-sur-l'Authion, à quelques kilomètres d'Angers, plusieurs personnes se sont plaintes de picotements dans la gorge et d'une odeur de gaz. Les pompiers puis les autorités ont rapidement fait le rapprochement avec un épandage de produit à base de métam-sodium qui a eu lieu au même moment dans une pépinière de la commune. 61 personnes ont été touchées, majoritairement des ouvriers agricoles, et 17 d'entre elles ont été hospitalisées pendant quelques heures, sans que leur pronostic vital ne soit engagé. Le 12 octobre, un incident semblable survient quelques kilomètres plus loin, à Mazé-Millon, touchant 9 personnes dont 4 pompiers.
La préfecture a recensé au total 70 victimes et décide le 12 octobre de suspendre - d'abord jusqu'au 26 octobre - l'utilisation des produits à base de métam-sodium. Dans un communiqué, elle indique que "les modalités techniques d'application du produit ne semblent pas avoir été respectées" et ajoute que "ces manquements, associés à des conditions climatiques exceptionnelles rendant les sols trop secs et trop chauds pour son application sans risques", ont entraîné l'évaporation des gaz dans l'atmosphère.
Quelle est la dangerosité du métam-sodium ?
"C'est un poison, un couteau suisse pour stériliser le sol. Sur la même molécule, vous avez un tue-vers, un fongicide, un désherbant et un antiparasitaire. (...) Tout ce qu'il rencontre succombe", explique à Franceinfo Bernard Jégou, chercheur à l'Inserm, directeur de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail, et directeur de la recherche à l'Ecole des hautes études en santé publique. L'Anses indique dans Libération que le métam-sodium "présente des effets irritants, sensibilisants et corrosifs pour la peau, les voies respiratoires et les yeux". Un rapport, remis en décembre 2017 au gouvernement français, désigne le métam-sodium comme l'une des "substances les plus utilisées et identifiées comme les plus préoccupantes" avec le metsulfuron méthyle et le sulcotrione, rappelle l'AFP.
La Commission européenne, qui autorise le produit, le considère comme "très toxique pour la vie aquatique avec des effets à long terme". Et la France a déjà fait l'expérience de cette toxicité : en 2010, un agriculteur a contaminé une rivière du Finistère sur 12 kilomètres après avoir utilisé du Trimaton, un produit à base de métam-sodium désormais retiré, sur sa parcelle agricole. Plusieurs organisation avaient dénoncé cette pollution, qui aurait détruit 130 tonnes de truites dans une pisciculture. Aux États-Unis, en 1991, le déraillement d'un train avait engendré le rejet de 72.000 litres de métam-sodium dans la rivière Sacramento, tuant toute vie sur 50 kilomètres en aval.
"Cette substance est plus nocive que le glyphosate, qui ne tue que les mauvaises herbes", explique Florence Denier-Pasquier, la secrétaire nationale de France nature environnement, dans Franceinfo. Le but est de tuer toute vie dans le sol. (...) Les deux substances posent surtout des problèmes différents. Très répandu et persistant, le glyphosate inquiète à cause de ses effets d'accumulation à long terme. Moins utilisé et peu persistant, le métam-sodium est, lui, immédiatement toxique."

Le métam sodium peut-il être remplacé ?
La culture de la mâche demande de nettoyer le sol, au maximum une fois par an, en septembre-octobre, avant de cultiver, et le désherbage devient difficile une fois que la mâche pousse, car celle-ci a pour particularité d'être semée directement et non plantée, indique l'AFP. Selon Dominique Visonneau, président de la coopérative Océane, qui rassemble une quarantaine de producteurs autour de Nantes, une autre technique est possible en l'absence de pesticide : stériliser le sol à la vapeur. Sauf que cette technique a aussi un coût écologique : "entre 2500 et 3000 litres de fioul à l'hectare".
Dans une enquête réalisée en 2017, Médiacités Nantes révélait que les ventes de pesticides - dont le métam-sodium - diminuaient en Loire-Atlantique, sauf que "les maraîchers ont recours à d'autres substances, moins pondéreuses, c'est-à-dire moins lourdes et moins denses, mais tout aussi dangereuses : le dazomet ou la napropamide, des herbicides dont l'Anses a reconnu la forte écotoxicité, ou encore le metobromuron, classé cancérogène par ce même organisme".
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