Le topiramate, un médicament contre l'épilepsie, inquiète de plus en plus les autorités sanitaires.Alors qu'elles avaient déjà appelé à restreindre son usage chez les femmes enceintes, elles mettent cette fois en garde contre des risques élargis pour les bébés.
Les hautes instances de santé publique tirent le signal d'alarme. Dans un communiqué publié ce mercredi, l'Agence européenne de sécurité du médicament (ANSM) a mis en garde contre les dangers du topiramate, un anti-épileptique. "Chez la femme enceinte (...), le topiramate ne doit pas être utilisé dans l'épilepsie sauf en cas de nécessité absolue" et ne doit être prescrit sous aucun autre prétexte, a-t-elle rappelé.
Renouvellement des recommandations précédentes
Le topiramate, vendu sous la marque Epitomax par le laboratoire Janssen mais aussi comme générique par d'autres fabricants, est prescrit contre les crises d'épilepsie et les migraines. Certains médecins le donnent aussi parfois comme amaigrissant, mais cet usage n'est pas prévu par les indications officielles. Or, pour un bébé à naître, ce traitement présente de nombreux risques.
Ce n'est d'ailleurs pas une nouveauté puisque l'on sait depuis plusieurs années qu'il démultiplie les risques de malformations - bec de lièvre, mauvais placement de l'urètre sur le pénis - chez l'enfant à naître. Il lui fait aussi courir le risque de peser un poids très faible à la naissance. À ce titre, de diverses recommandations ont déjà été mises en place, dès 2019.
Vers une limitation de la prescription ?
En revanche, il y a une nouveauté : l'instance a demandé à son homologue européenne, l'Agence européenne du médicament (EMA), de réévaluer les conditions de prescription du topiramate. "Pourquoi on revient sur ce médicament maintenant ? Ça fait suite à la publication d'une large étude nordique", a expliqué à l'AFP Philippe Vella, spécialiste des traitements neurologiques à l'ANSM, estimant qu'une décision de l'EMA pourrait intervenir d'ici à quelques mois.
Publiée fin mai dans la revue JAMA Neurology, ladite étude, réalisée à partir des données de santé de plusieurs millions de femmes scandinaves, montre que le risque de déficience intellectuelle fait plus que tripler chez les enfants dont la mère a pris du topiramate lors de la grossesse. Le risque de troubles de l'autisme est aussi multiplié, quasiment par trois. "Ces risques-là sont nouveaux ; ils étaient jusque-là considérés comme non exclus mais pas caractérisés", note Philippe Vella.
Conséquence directe, il faut tout faire pour "limiter au maximum l'exposition des femmes en âge de procréer et bien évidemment des femmes enceintes à ces médicaments", réclame l'ANSM. "Si vraiment on n'a pas le choix de prescrire du topiramate, il faut informer la femme sur ces risques", ajoute-t-elle. En revanche, elle préconise aux mères concernées de pas décider seules d'arrêter de prendre du topiramate. "On s'expose à une recrudescence des crises, voire à des crises plus sévères. C'est un risque pour la mère elle-même et c'est un risque pour l'enfant", a souligné le spécialiste.
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