À LA LOUPE – Un groupe de chercheurs a observé que les populations vivant à plus de 3.000 mètres d'altitude étaient moins affectées par le Covid-19. Une étude dont les résultats doivent encore être complétés, et qui ne signifie pas que passer ses vacances en montagne protège du virus.
Un recul de l'épidémie de Covid-19 s'observe en Europe depuis plusieurs semaines, mais les recherches se poursuivent pour tenter de mieux comprendre le virus et son fonctionnement. Si sa sensibilité à la chaleur reste suspectée, sa propagation est-elle également influencée par l'altitude ? C'est ce qu'ont tenté d'observer des scientifiques, qui ont résumé leurs travaux dans une prépublication dévoilée par Science Direct.
Leurs observations interpellent : la transmission du Covid-19 et sa virulence sont réduites dès lors que l'on dépassé 3.000 mètres d'altitude. Pour autant, cela ne signifie pas que passer ses vacances en montagne protège d'une contamination, loin de là.
L'exemple instructif de la Bolivie
Plusieurs pays ont été étudiés par les chercheurs, qui ont notamment passé au crible les données épidémiologiques au Tibet et en Bolivie. Dans le petit pays de l'Himalaya, "malgré des connexions importantes entre la capitale Lhassa et la ville de Wuhan", ils ont découvert que "la pathogénie du virus SRAS-CoV-2 et la prévalence générale de l'infection au Tibet ne correspondent pas aux tendances mondiales".
Un constat encore plus marqué à l'échelle de la Bolivie, dont la topographie a permis d'effectuer des analyses intéressantes. Les habitants de la région de la Paz vivent en grande majorité à plus de 3.000 mètres d'altitude, tandis que ceux de la province de Santa Cruz de la Sierra sont beaucoup plus proches du niveau de la mer (environ 400 mètres d'altitude). Dans les plaines, souligne l'étude, "le taux d'infection est trois fois supérieur".
Pour corroborer leurs observations, les scientifiques ont passé au crible près de 120 villes à travers le monde situées à 3.000 mètres et plus. Avec à chaque fois un constat similaire, leur permettant de conclure que "la virulence du SRAS-CoV-2 est réduite à haute altitude en raison de l'acclimatation physiologique de ses habitants et de caractéristiques environnementales particulières".
Passer quelques jours en montagne ne change rien
Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, ces travaux sont intéressants. "Ce n’est pas nécessairement démonstratif à l'heure actuelle", estime-t-il, "mais cela va en faveur d'un rôle protecteur de l'altitude sur la transmission du coronavirus". De plus amples travaux seront nécessaires pour consolider ces observations, qui peuvent être influencées par une multitude de facteurs.
Sollicitée par LCI, la Direction générale de la santé (DGS) incite d'ailleurs à la plus grande prudence. "En médecine, les conjectures basées sur la physiologie s'avèrent souvent approximatives en pratique", insiste-t-elle. "Il convient donc de toujours bien s'appuyer sur des données empiriques. En l'occurrence, pour l'altitude, il existe au moins une autre étude qui aboutit à des conclusions différentes". Une étude intéressante selon la DGS car elle "utilise des données individuelles pour ajuster plusieurs facteurs". Quoi qu'il en soit, les autorités de santé jugent qu'aujourd'hui, il est "trop tôt pour faire des recommandations dans un sens ou dans l'autre".

Si une influence de l'altitude venait à être prouvée, il faut toutefois préciser qu'elle ne concernerait que les populations vivant en haute altitude, et ce depuis une durée significative. "Les cellules des voies respiratoires contiennent une enzyme qui favoriserait le développement de pathologies liées au virus", résume un webmagazine consacré à l'univers de la montagne, et "l’hypoxie (le manque d’oxygène) réduirait considérablement l’expression de cette enzyme". Un séjour dans les Alpes ou dans les Pyrénées n'aurait donc aucun effet sur l'organisme.
En résumé, il est donc trop tôt pour affirmer avec certitude que l'altitude protège du Covid-19 en réduisant la transmission et la virulence du virus. Les résultats d'une récente étude laissent à penser que vivre durablement à plus de 3.000 mètres pourrait avoir un impact significatif, mais de plus amples études seront nécessaires pour le conclure. Quoi qu'il en soit, il est acquis que de courts séjours en altitude n'auraient aucun effet.
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