À LA LOUPE – L'épidémie de coronavirus est propice à la prolifération de théories du complot. L'une d'elle indique que la chloroquine, présentée comme un traitement prometteur, serait distribuée sur ordonnance uniquement depuis que le virus est arrivé sur le sol français. Comme souvent, la réalité est plus complexe.
Présentée comme un remède potentiel contre le coronavirus, la chloroquine est aujourd'hui étudiée de près par les chercheurs. Utilisée notamment pour soigner le paludisme, elle se trouve au cœur d'une théorie du complot propagée via les réseaux sociaux. Sur Twitter, où elle se présente comme "agrégée de lettres, dramaturge, romancière et blogueuse", une certaine Ariane Walter a partagé ce message à ses quelque 12.000 abonnés.
Massivement repartagé, il explique que la chloroquine, dont un chercheur a mis en avant les potentiels effets bénéfiques, n'est distribuée que sur ordonnance depuis janvier, "soit quelques jours avant l’entrée du virus sur le sol français". Une décision prise, indique cette internaute, alors qu'elle "était sans ordonnance depuis longtemps". Son message s'achève par un "Vous avez dit bizarre ??" qui traduit toute sa suspicion.
Un processus lancé en octobre
Une série de fausses informations ou d'interprétations trompeuses accompagnent cette publication et méritent des explications. Tout d'abord, il faut préciser que la molécule aujourd'hui vue comme prometteuse pour guérir le Covid-19 n'est pas la chloroquine elle-même, mais l'un de ses dérivés, l'hydroxychloroquine.
En France, elle est commercialisée par un seul laboratoire, Sanofi, sous le nom de Plaquénil. Ce médicament anti-paludique est également prescrit pour lutter contre l'arthrite ou le lupus, une maladie auto-immune qui se manifeste généralement par des éruptions cutanées accompagnées d'autres symptômes.
Si l'hydroxychloroquine a longtemps été disponible sans ordonnance, un arrêté du 13 janvier a fait évoluer la législation. Elle est désormais "sous toutes ses formes" classée "sur la liste II des substances vénéneuses". Cela signifie que depuis environ deux mois, une prescription d'un médecin est indispensable pour les patients qui souhaiteraient s'en procurer. Un alignement avec ce qui se faisait jusqu'alors avec la chloroquine, inaccessible sans ordonnance depuis son autorisation de mise sur le marché.
Faut-il y voir un rapport avec l'arrivée sur le sol français du Covid-19 ? Non, en aucun cas. L'arrêté est en effet paru au Journal officiel le 13 janvier, mais les autorités de santé réfléchissaient à cette nouvelle classification dès octobre 2019, comme en témoigne cet avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Sollicitée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), elle s'était déclarée favorable à ce qu'évolue la législation concernant l'hydroxychloroquine.
Un changement décidé pour protéger les patients
Les échanges entre l'Anses et l'ANSM, publiés en toute transparence, permettent de balayer rapidement la thèse d'un complot fomenté par l'industrie pharmaceutique. À une époque où le Covid-19 n'était même pas encore apparu en Chine, les deux institutions s'interrogeaient en effet sur le risque potentiel pour les patients de mésusage de cette molécule. Après que Sanofi a effectué une demande de mise à jour des informations contenues dans la notice de son médicament, la décision a été prise par les autorités de santé de procéder "à une revue complète des dossiers d’autorisation de mise sur le marché", indique l'ANSM.
L'hydroxychloroquine, écrit notamment l'ANSM, "ne doit pas être utilisé au cours de la grossesse". Par ailleurs, les données sur la "génotoxicité" de cette molécule sont jugées limitées. Prenant en compte le fait que la chloroquine présente avec elle de très fortes similitudes et qu'elle ne soit délivrée que sur ordonnance, il est alors jugé plus sage de demander une prescription médicale pour la délivrance de l'hydroxychloroquine.
L'Anses, après avoir étudié les arguments de l'ANSM, a approuvé ce changement de classement. Elle a par ailleurs sollicité des études complémentaires "afin d’évaluer le risque sur la santé humaine". Comme l'a conclu l'ANSM, rendre l'hydroxychloroquine inaccessible sans ordonnance doit permettre "une prise en charge adaptée des patients concernés tout en limitant les risques inhérents à ce traitement".
S'il est vrai que la législation concernant ce dérivé de la chloroquine a bien évolué à la mi-janvier, on observe donc que cette décision n'est en aucun liée à l'épidémie de Covid-19, et qu'elle n'a été motivée par les autorités de santé qu'à une seule fin : protéger les patients qui pourraient l'utiliser d'une manière non optimale et potentiellement dangereuse pour leur santé.

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