La Haute Autorité de Santé en faveur de son déremboursement : de quoi sont vraiment composés les granules d'homéopathie ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 27 juin 2019 à 14h28, mis à jour le 27 juin 2019 à 14h35
La Haute Autorité de Santé en faveur de son déremboursement : de quoi sont vraiment composés les granules d'homéopathie ?

Source : iStock

ZOOM - L'avis n'a pas encore été rendu officiellement, mais sa conclusion a déjà fuité par deux fois. Alors que la HAS doit se prononcer officiellement vendredi sur le remboursement de l'homéopathie, Franceinfo avait annoncé mi-mai qu'elle comptait voter pour son déremboursement. Libération a annoncé mercredi qu'elle venait de le faire. Une page qui se tourne dans la médecine ? LCI revient sur l'invention de ce procédé, ainsi que sur son processus de fabrication.

Seconde fuite pour le délicat sujet du remboursement, ou non, de l'homéopathie. Alors que les Académies de médecine et de pharmacie réclamaient en mars la fin de son remboursement, Franceinfo avait révélé mi-mai, après avoir eu accès à un avis provisoire, que la Haute Autorité de Santé (HAS) comptait prôner son déremboursement. Mercredi 25 juin, c'est Libération qui a cette fois vendu la mèche en révélant que la commission de la transparence de la HAS venait de voter en ce sens. L'avis définitif ne sera rendu public que vendredi par l'organisme. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a en revanche souligné ce jeudi que la décision du gouvernement, à la suite de cet avis, pouvait attendre un peu, face à l'"urgence" de gérer la canicule.

Depuis toujours, l'homéopathie fait débat. Quand certains l'accusent de n'être qu'un placebo, d'autres lui vouent une confiance aveugle. Mais sur quoi se fonde vraiment l'homéopathie ? Que contiennent ces granules ? Pourquoi certains sont persuadés de leurs effets, tandis que d'autres les réfutent formellement ? LCI s'est penché sur le sujet.

La naissance de l'homéopathie

Le principe de l'homéopathie a été découvert en 1796 par un médecin allemand, Samuel Hahnemann, à la suite d'une expérimentation sur sa propre personne. Considérant les vertus de l’écorce de quinquina, utilisée pour traiter la malaria, l'homme en prend pendant quelques jours des doses importantes. En peu de temps, il note sur lui tous les symptômes de la maladie et émet l’hypothèse qu’une substance qui provoque un symptôme peut être utilisée pour traiter ce même symptôme. La devise de l'homéopathie est née : "Que les semblables guérissent les semblables!" Ainsi, le coffea cruda, issu du café, devient par exemple un remède aux palpitations, à la nervosité et aux insomnies, elles-mêmes provoquées par une importante absorption de café.

Une dilution quasi-infinie

Pour faire profiter ses patients de cette découverte sans les mettre en danger, le médecin adopte un procédé de dilution graduelle de toute substance destinée à devenir un remède, ajouté à un processus d'agitation, autrement appelé "dynamisation", censé augmenter la puissance d'action du produit. Ainsi, une goutte de substance active issue de plantes, d'animaux ou de minéraux est mélangée à 99 gouttes de solvant, soit de l'eau alcoolisée. La solution est agitée, ce qui donne une solution 1 CH (CH pour dilution centésimale hahnemannienne), soit le degré de dilution premier. Si l'opération est répétée avec la solution obtenue, cela donne une solution 2 CH, et ainsi de suite. Une solution homéopathique peut être diluée jusqu'à 30 fois. Plus le CH est élevée, plus la solution est diluée. Une dilution de 13 CH correspond déjà à la dilution d'une goutte d'eau dans la totalité des océans de notre planète bleue. La solution finale est ensuite utilisée pour imbiber les fameux granules de sucre à conserver sous la langue.

On sait que ça agit, mais on ne sait pas comment.
Michelle Boiron, administratrice des laboratoires Boiron

Cette dilution est le point qui crispe le plus les esprits. Comment, alors qu'il ne reste plus le moindre atome de l'ingrédient d'origine dans la plupart des remèdes homéopathiques, cela peut-il fonctionner ? Michelle Boiron, administratrice des laboratoires homéopathiques du même nom le reconnaît elle-même sur le site Lyon Mag en 2018 : "On sait que ça agit, mais on ne sait pas comment". Ainsi, alors que 77% des Français disent faire confiance à l'homéopathie, nul n'a encore pu expliquer comment ces médicaments fonctionnent, ni même s'ils fonctionnent. Ceux-ci sont, comme les médicaments, soumis à une autorisation de mise sur le marché pour prouver leur innocuité mais sont, à l'inverse de ces derniers, dispensés d'études cliniques visant à évaluer leur efficacité.

Des centaines d'études scientifiques ont cependant tenté de déterminer leur efficacité. Jusqu'à aujourd'hui, aucun consensus n'a été trouvé et leur effet placebo est souvent pointé du doigt. "J'aime bien le chocolat noir, ça me fait du bien quand je suis un peu déprimé, mais je ne demande pas à la sécurité sociale de le rembourser", lance ainsi un médecin généraliste interviewé pat TF1 sur le sujet. "Ce n'est pas parce qu'on ne connaît pas le mode d'action qu'il faut priver des millions de patients de cet atout que représente le médicament homéopathique", lance de son côté Valérie Poinsot, la directrice générale du laboratoire Boiron. La décision finale est désormais entre les mains de la HAS qui se prononcera, de façon officielle dans quelques semaines, pour ou contre le remboursement des granules.


Charlotte ANGLADE

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