La "Puff" bientôt interdite : que représente le marché de ces cigarettes électroniques jetables en France ?

Publié le 4 septembre 2023 à 16h56

Source : JT 13h WE

Elisabeth Borne a confirmé dimanche 3 septembre que les cigarettes électroniques jetables "Puff" seraient "prochainement" interdites.
Très populaires auprès des adolescents, elles présentent le risque de les entrainer vers le tabagisme.
Il s'agit aussi d'un enjeu environnemental.

Goût acidulé ou fruité (marshmallow, choco noisette, ice cream fraise, cola pétillant et autres bubble gum), design coloré, prix modique (entre 8 et 12 euros) et accès facile (on les trouve chez des buralistes, sur des sites internet ou dans la grande distribution)... Côté marketing, les Puff, ces cigarettes électroniques jetables arrivées en France fin 2021, ont tout pour plaire. 

Mais cet aspect ludique cache une réalité inquiétante : cette mode des petits tubes colorés qu'on inhale, venue tout droit des États-Unis, cible les adolescents, alors que la cigarette électronique est interdite aux mineurs. 

Résultat, le gouvernement a décidé de s'emparer du sujet et  "présentera prochainement un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme avec notamment l'interdiction des cigarettes électroniques jetables", a confirmé Élisabeth Borne dans un entretien à RTL, dimanche 3 septembre. À l'image de plusieurs pays européens comme l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande qui ont déjà amorcé une telle interdiction.

1 ado sur 10 a déjà fumé sur une Puff

Promues notamment sur des réseaux sociaux comme TikTok, ces e-cigarettes sont surtout populaires auprès des jeunes. Les buralistes assurent redoubler de vigilance pour qu'ils n'y aient pas accès puisque, légalement, leur vente est interdite aux mineurs, mais elles représentent pour certains d'entre eux une forte activité.

Et même si la consommation de tabac est de moins en moins courante chez les ados, l'usage de la cigarette électronique, elle, augmente : chez les jeunes de 17 ans, elle est même en très nette progression entre 2017 et 2022 puisque l’expérimentation est passée de 52,4% à 56,9% et l’usage quotidien a triplé, progressant de 1,9% à 6,2%, selon la dernière enquête publiée en mars par l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

En juillet 2022, 13% des adolescents de 13-16 ans avait déjà essayé la Puff et 9% indiquaient en avoir déjà acheté, selon un sondage réalisé pour l'association Alliance contre le tabac. Cette enquête soulignait par ailleurs que 28% d’entre eux avaient commencé leur initiation à la nicotine à travers ce produit et 17% d’entre eux s'étaient ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac

Quels risques sanitaires ?

Début mai, François Braun, alors ministre de la Santé, favorable à l'interdiction des Puff, avait précisément indiqué qu'elles "amenaient une partie des jeunes de notre population vers le tabagisme", puisqu'elles proposent un certain nombre de bouffées pour un taux de nicotine compris entre 0 et 20 mg/ml. "On peut nous dire que ce n'est pas de la nicotine. Mais c'est un réflexe, un geste auquel les jeunes s'habituent. Ensuite, c'est comme ça qu'ils vont vers du tabagisme et il faut arrêter cela", a plaidé dimanche la Première ministre Elisabeth Borne.

Alliance contre le tabac, qui a souhaité se positionner comme lanceur d'alerte sur le sujet depuis 2022, a également mis en garde contre une possible "épidémie pédiatrique de l’addiction à la nicotine". De son côté, l'Académie nationale de médecine avait évoqué en février dernier un "véritable piège particulièrement sournois tendu aux enfants et aux adolescents en vue de les entraîner vers une addiction aux produits du tabac".

Les Puff ne constituent pas seulement un risque sanitaire, car il s'agit aussi d'un enjeu environnemental. Car elles sont jetables, à usage unique, sont en plastique et contiennent une batterie au lithium non recyclable. "Au Royaume-Uni, chaque semaine 1,3 million de Puff finissent à la poubelle", déplorait récemment la députée Nupes Francesca Pasquini.

Il s'agit d'un déchet toxique qui s’ajoute aux 4500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde.


Virginie FAUROUX

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