Emmanuel Macron était en déplacement ce mardi dans le Loir-et-Cher sur le thème de la santé.Un territoire, comme beaucoup d'autres, frappé par une désertification médicale croissante.Le développement de la télémédecine peut-il être une solution ?
Un nouveau déplacement et une nouvelle thématique. Ce mardi, le président de la République Emmanuel Macron était en visite à Vendôme (Loir-et-Cher) pour échanger avec le personnel soignant, dans un contexte de désertification médicale croissante sur le territoire, comme dans de nombreux départements. Pour lutter contre l'absence de médecins, le développement de la téléconsultation peut-il être une piste ? Pas si simple.
En Normandie, des chercheurs de l'Institut caennais de recherche juridique (Icrej) se sont penchés ces dernières semaines sur la question. Et leurs conclusions sont simples : ce n'est pas un remède miracle. "Les personnes qui utilisent la téléconsultation sont essentiellement jeunes, actives, urbaines, qui maîtrisent bien les outils numériques", explique à TF1info Amandine Cayol, maîtresse de conférences à l'Icrej, qui a mené l'étude. Or, la population dans les déserts médicaux est souvent "plus âgée, moins habile avec les outils numériques".
"Il ne faut pas que des Français aient accès à la médecine uniquement par téléconsultation"
Remplacer les médecins par des écrans n'est pas non plus la solution préconisée par Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre (UFML). "La téléconsultation doit être un confort tant pour le patient que pour le médecin. Elle ne peut l'être que si elle est pratiquée par le médecin traitant du patient", indique-t-il à TF1info.
Lui pointe l'absence de lien direct. "Quand vous faites un acte de téléconsultation, l'examen du patient est incomplet", puisqu'il n'y a pas de contact physique, poursuit-il. Cela peut tout de même être compensé "par la connaissance du patient, de son parcours de vie, de ses antécédents, de son mode de vie, de son métier", souligne Jérôme Marty, et doit donc rester ponctuel. "Il ne faut pas que des Français aient accès à la médecine uniquement par la téléconsultation."
Toutefois, s'il ne s'agit pas du "remède miracle", la médecine à distance peut "contribuer" à désenclaver les déserts médicaux, selon Amandine Cayol. "Il faudrait pour cela une téléconsultation assistée par un professionnel de santé, par exemple un infirmier", propose la maîtresse de conférences. Le but ? "Rassurer le patient, prendre un certain nombre de constantes - les gestes que le médecin ne peut pas réaliser lui-même (température, fréquence cardiaque, etc) -, et résoudre le problème des outils numériques."
Mais cette solution fait aussi face à de nombreux obstacles. "Il faudrait que l'infirmier puisse se déplacer à domicile", ce qui nécessite une organisation complexe, "ou équiper des salles en téléconsultation (pharmacie, salle communale...)", quand celles qui disposent actuellement de cabines de téléconsultation se situent surtout dans les villes moyennes, conclut Amandine Cayol. Pas certain, donc, que le secteur en plein essor depuis la pandémie de Covid-19 soit le pansement adéquat à l'absence de médecins dans plusieurs territoires.
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