"Laissons les choses s'ouvrir" : le président du Conseil scientifique veut assouplir les règles du déconfinement

Publié le 7 juin 2020 à 9h21, mis à jour le 7 juin 2020 à 13h24

Source : TF1 Info

SITUATION "SOUS CONTRÔLE" - Un mois après le début du déconfinement, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy estime que "la situation est sous contrôle" et qu'il faut "laisser les choses s'ouvrir", notamment à l'école.

C'est un changement de discours frappant. Après avoir conseillé fin avril de ne pas renvoyer les enfants à l'école avant septembre, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement, estime désormais que "la situation est sous contrôle", et que le "protocole sanitaire" à l'école peut être "allégé". La raison de ce revirement ? De meilleures connaissances sur le virus.

"Nos connaissances sur le mode de transmission du virus et sur le rôle respectif des personnes qui le transmettent se sont précisées", indique Jean-François Delfraissy, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. "Nous savons que les enfants peuvent être porteurs du virus en petite quantité, et que le plus souvent ce sont les adultes qui les contaminent et non l'inverse", explique le scientifique, en référence à l'étude assurant que les jeunes de moins de 15 ans sont de faibles propagateurs de la maladie.

En ce sens, il milite pour une diminution des règles sanitaires, en particulier à l'école. "Nous pourrions, tout en conservant des mesures de distanciation sociale, alléger le protocole sanitaire", affirme-t-il. "Même en continuant à respecter des règles un peu lourdes, nous pourrions les simplifier en péri-scolaire d'ici à la fin juin : pendant les repas, les récréations ou le sport." Une opinion partagée par le Pr Robert Cohen, pédiatre et infectiologue. Il milite pour un retour à l'école "plus efficace, avec des protocoles sanitaires beaucoup plus simples, permettant l'accueil d'enfants un peu plus nombreux", a-t-il indiqué sur LCI.

"Laissons les gens vivre"... avec un masque ?

Au-delà des écoles, Jean-François Delfraissy souhaite également que les Français retrouvent une vie "presque normale", en ayant conscience que le virus "continue de circuler". "On recense environ de 1.000 à 2.000 nouvelles contaminations chaque jour en France, et l'histoire des grandes pandémies à virus respiratoire enseigne que huit sur dix ont régressé pendant l'été", explique-il au JDD. "Profitons de ce moment où la France souffle. Laissons les choses s'ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrières."

Toutefois, le président du Conseil scientifique met en garde : le port du masque est une mesure de long terme. "Nous recommandons une large utilisation" du masque "dans les lieux publics et confinés, mais aussi dans les rues bondées." "Il appartient aux citoyens de se protéger et de protéger les autres", rappelle-t-il.

D'autres scientifiques abondent dans le même sens. "Si des mesures devaient être levées, il faudrait que les réflexes actuels soient maintenus : masques, distanciation, hygiène, tests", admet Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité des infections respiratoires de Santé publique France, toujours dans les colonnes de l'hebdomadaire. "C'est le prix à payer pour notre liberté retrouvée." Même son de cloche pour Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de Genève : "cela doit durer tant que le virus circule de façon significative, mais il va falloir alléger les protocoles et adapter nos conditions de vie à ce risque".

Vers la fin du Conseil scientifique, mais...

Autre signe d'une amélioration de la situation : le Conseil scientifique devrait cesser ses activités le mois prochain. "Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet", assure son président. "Il n'est pas sain qu'une structure créée de toutes pièces pour répondre dans l'urgence perdure."

Toutefois, Jean-François Delfraissy met en garde : si le Conseil scientifique va prendre fin, rien n'est moins sûr pour le virus. "La moitié" des grandes pandémies à virus respiratoire "a repris à l'automne." Et n'exclut pas un retour. "Après avoir préparé la rentrée et rendu un dernier avis, (...) nous retournerons à nos affaires, quitte à nous réunir de nouveau si la situation sanitaire l'exigeait."


Idèr NABILI

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