TOUS ENSEMBLE - La peur, mais aussi la colère transparaissent au travers de leurs témoignages. Depuis l'identification de plus de 600 produits de nutrition infantile Lactalis susceptibles d'être contaminés par la salmonelle, des parents inquiets se regroupent, et certains annoncent des poursuites judiciaires.
S’unir pour mieux réagir. Souvent désemparés, éparpillés aux quatre coins du territoire, les parents des bébés victimes du lait contaminé à la salmonelle mènent désormais un combat commun. A l'initiative d'un papa de 33 ans, Quentin Guillemain, une action de groupe devrait être entamée en justice. Sa fille Linette, deux mois et demi, a consommé du lait potentiellement infecté. Et même si son enfant n’est pas tombée malade, cet habitant de Seine-Saint-Denis a décidé de porter plainte le 10 décembre. Individuellement d'abord, contre le groupe Lactalis et sa pharmacie. Ses chefs d'accusation : "non-assistance à personne et danger et mise en danger de la vie d’autrui". En parallèle, il a lancé un courriel destiné à recueillir les témoignages des victimes. Lundi, plus de 300 parents avaient écrit à cette adresse.
"Nous souhaitons dans un premier temps recenser, avec l'adresse mail victimeslactalis@gmail.com, les parents concernés car le ministère de la Santé et Bercy indiquent des chiffres qui leur sont remontés par les professionnels de santé, et n'ont donc pas une vision exhaustive de la situation", indique-t-il dans une publication Facebook. Dans un second temps, Quentin Guillemain voudrait, après avoir traité les témoignages, entamer "une action collective à minima contre le fabricant, le groupe Lactalis". Il encourage aussi les parents à porter plainte de façon individuelle "pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger", et à garder les boîtes de lait susceptibles d’être contaminées en guise de preuve.
Sur les réseaux sociaux, des groupes ont aussi été créé par et pour les parents. Comme Quentin Guillemain, certains cherchent à lancer des actions de groupe avec d'autres victimes de leur région.
Peur, colère et impuissance
Mais au-delà de cette volonté de se rassembler pour mieux frapper, les parents partagent aussi sur ces pages leurs inquiétudes et s’entraident. Parmi les sentiments les plus récurrents sur le groupe "Lait Contaminé : Réagissons Contre Lactalis", celui de la colère et de la peur.
"Les urgences de Compiègne 60200 qui refusent de le prendre en charge car pas de fièvre .... De quoi être très en colère ! J'ai eu de nouveau Lactalis en ligne vendredi : 3 personnes, 3 discours différents", se plaint une maman quand une autre semble terrifiée : "En panique totale. J'essaye de joindre le numéro mais personne ne vous rappelle. C'est scandaleux, honteux et totalement impardonnable. Pour le moment RAS [rien à signaler, ndlr.], mon fils va bien mais je pense à tous ces petits bouts malades."
D'autres parents se trouvent quant à eux désemparés. "Ma puce de 2 mois et demi a consommé du lait susceptible d’être contaminé : du Picot AR. [...] Je veux que justice soit rendue à tous et que ça ne se reproduise plus. C’est la santé de nos enfants qui est en jeu... Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire de mon côté. Si vous pouvez m’aider...", écrit une internaute.
"Ma fille de 16 mois ne boit que du Ptit junior depuis ses 4 mois! Hier je suis tombée par hasard sur les lots contaminés et les 4 dernières boîtes achetées sont contaminées! Quelle est la suite maintenant ?? Que faire ? Si je décide de les ramener à la pharmacie pour être remboursée, pourrais-je porter plainte en sachant que je n'aurais plus les boîtes en ma disposition ? Je suis totalement perdue et en colère concernant cette histoire!!", confie une autre.
A la suite de plusieurs cas de contamination chez des nourrissons et enfants en bas âge, Bercy a décidé du retrait et du rappel de plus de 600 références de produits de nutrition infantile. Tous ont été fabriqués par le groupe Lactalis sur le site de Craon, en Mayenne. Interviewée par LCI, la présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire Sylvie Hubinois, expliquait : "Ça doit notamment faire tilt quand on est face à une diarrhée glairo-sanglante, cumulée à un autre symptôme de la gastro-entérite, à savoir des vomissements. Les diarrhées accompagnées de sang sont le signe d’une gastro-entérite intense avec une muqueuse digestive bien atteinte et qui peut être liée à une salmonellose." Un numéro vert a été mis à disposition des parents par Lactalis : 0800 120 120, tandis que la Direction générale de la Santé est joignable au 0800 636 636.
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