L'anticancéreux Avastin enfin étendu aux pathologies de l'oeil ?

Publié le 11 mars 2014 à 12h49
L'anticancéreux Avastin enfin étendu aux pathologies de l'oeil ?

MEDICAMENT - L'Avastin, équivalent du Lucentis contre la DMLA, une maladie de la rétine, pourrait prochainement devenir un traitement alternatif officiel en vertu d'un projet de décret du ministère de la Santé. Une nouvelle attendue depuis longtemps par les malades et les praticiens.

Avastin contre Lucentis. Un combat qui dure depuis plusieurs années en ce qui concerne une maladie des yeux, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Le premier est un anticancéreux commercialisé par Roche, le second un traitement de référence du laboratoire Novartis contre cette maladie. Mais selon Le Parisien , l'Avastin pourrait bientôt être autorisé comme traitement alternatif grâce à un projet de décret du ministère de la Santé.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie de la rétine qui débute après l’âge de 50 ans. Elle touche la zone centrale de la rétine, ce qui entraîne une perte progressive de la vision centrale. Le Lucentis est actuellement le seul produit autorisé en France pour traiter la DMLA "humide",  la forme la moins fréquente de la maladie qui se caractérise par la formation de nouveaux vaisseaux sous la rétine. L'Avastin de Roche n'a jamais bénéficié d'aucune homologation à ce sujet en France, contrairement à l'Angleterre et l'Allemagne.

Un prix 30 fois moins élevé

Mais le Lucentis s'avère très cher, avec un coût de 800 euros par injection mensuelle. Selon Le Parisien il aurait coûté 438 millions d'euros à l'assurance maladie en 2013 et a ainsi représenté le "premier poste de dépenses" concernant les médicaments. Une telle dépense avait conduit des praticiens à prescrire l'Avastin, dont le prix avoisine les 30 à 50 euros. Cette pratique a été interdite par la Direction générale de la santé (DGS) en juillet 2012 "pour préserver les impératifs de sécurité sanitaire".

Face à l'émoi de nombreux spécialistes et pour faire des économies, la ministre de la Santé Marisol Touraine a transmis au Conseil d’Etat ce projet de décret, qui permettra aux ophtalmologistes d'utiliser l'anticancéreux dans le traitement de la DMLA. Ce décret précise "les conditions dans lesquelles l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pourra autoriser l'utilisation de certains médicaments dans le cadre de recommandations temporaires d'utilisation (RTU) pour motif économique."

Une entente entre les deux firmes ?

En clair, cette procédure autorise l’ANSM à recourir aux RTU pour légaliser l'utilisation de l'Avastin contre la DMLA. Cela signifie que l'anticancéreux pourra être prescrit "en dehors de son indication officielle, pour une période de 3 ans et sous surveillance", précise UFC Que-choisir. Malgré des discussions entre le ministère de la Santé et le groupe Roche, les choses n'avaient pas évolué depuis l'été 2012. Et pour cause : Roche refuse de déposer une demande d’autorisation pour la DMLA.

Car depuis 2009, Roche est propriétaire de Genentech la société qui a développé la molécule utilisée dans l'Avastin et le Lucentis et perçoit à ce titre des royalties sur le Lucentis. Le laboratoire n'aurait donc aucun intérêt à mettre les deux médicaments en concurrence. C'est d'ailleurs ce qui a conduit l'autorité italienne de la concurrence à infliger une amende de 182,5 millions d'euros aux deux groupes en estimant qu'ils avaient "conclu un accord illicite pour empêcher l'utilisation" de l'Avastin pour traiter les pathologies oculaires.
 


La rédaction de TF1info

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