INTERVIEW - Une étude montre une transmission accrue des variants sud-africain et brésilien du Covid-19 chez les souris. Quels sont les risques pour les humains ? Le Pr Frédéric Adnet répond à LCI.
Une découverte qui suscite des craintes. Dans une étude encore non publiée mais disponible en pré-print (elle n'a pas encore été relue par des pairs), des scientifiques mettent en évidence une transmission accrue des variants B.1.351 (sud-africain) et P.1 (brésilien) chez les souris. Après avoir inoculé le virus chez ces rongeurs dans les quatre formes les plus répandues, dont la souche historique et le variant B.1.1.7 (britannique), les chercheurs ont remarqué que l'administration des variants sud-africain et brésilien provoquait "une réplication virale à titre élevé dans les tissus pulmonaires" des souris.
"La capacité des virus B.1.351 et P.1 à se répliquer chez des souris de laboratoire étend la gamme d'hôtes du Covid-19 au moins à cette espèce", écrivent les auteurs de l'étude. "Si la dose infectieuse et la transmissibilité entre les souris restent à établir, ces résultats soulèvent des questions majeures sur le risque de voir les souris ou autres rongeurs vivant à proximité de l'homme devenir des réservoirs secondaires" du virus.
Une découverte qui fait écho à une autre étude, elle aussi publiée en pré-print et mise en ligne le 18 mars, dans laquelle les auteurs soulevaient que des chats et chiens domestiques avaient été contaminés par le variant britannique, sans toutefois mettre en évidence une transmission plus accrue qu'avec la souche historique. Quelles conséquences la contamination chez les animaux, et notamment les souris, peut-elle avoir sur l'épidémie ? Y a-t-il un risque supplémentaire de voir le Covid-19 muter ? Le Pr Frédéric Adnet, chef des urgences à l'hôpital Avicenne (Bobigny), nous éclaire.
LCI : Une étude montre une transmission accrue des variants brésilien et sud-africain chez les souris. Qu'est-ce que cela change pour l'épidémie ?
Pr Frédéric Adnet : Beaucoup de choses, notamment à cause de la création de nouveaux réservoirs animaux. Grâce aux vaccins, si nous arrivons à éradiquer le Covid-19 chez les humains, le virus restera toujours en circulation dans le monde animal. Il y aura alors encore une possibilité théorique de transmission de l'animal vers l'homme. C'était d'ailleurs le risque engendré par les visons au Danemark, ce qui a conduit à leur destruction.
C'est à la fois inquiétant et rassurant, car cela nous permet d'avoir un modèle expérimental
Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne
Il y a donc un risque de résurgence de l'épidémie dans le futur ?
Oui. Avoir un réservoir animal toujours actif à proximité immédiate d'une population qui se serait débarrassée du virus, mais dont l'immunité commencera à décroître au cours du temps - elle va durer huit mois, un an -, va rendre possible une nouvelle émergence du virus. Ce n'est pas une bonne nouvelle.
De nouveaux variants pourraient-ils également apparaître ?
Bien sûr. Le virus mute tout le temps, que ce soit chez l'animal ou l'homme. C'est d'ailleurs ce qui provoque l'inquiétude. Lorsque le réservoir animal est constitué d'animaux sauvages, l'interaction avec l'homme est très peu probable. Mais si le réservoir animal, ce sont les chiens ou les chats, ou même les souris puisqu'il y en a plein partout, cela pose un vrai problème. Il peut donc y avoir un va-et-vient du virus entre l'homme et l'animal. C'est à la fois inquiétant et rassurant, car cela nous permet d'avoir un modèle expérimental.
C'est-à-dire ?
Pour tester des médicaments, le modèle expérimental de référence, ce sont les macaques. Mais cela coûte très cher et ils sont difficiles à manipuler. Très peu de laboratoires en ont. Si nous avons désormais un bon modèle expérimental chez les souris, nous allons alors pouvoir réaliser des expérimentations médicamenteuses sur elles. Ce sera beaucoup plus facile, rapide, et moins coûteux.
Comment expliquer la découverte d'un tel réservoir animal ?
Ce n'est pas une surprise. Les animaux, comme les hommes, possèdent le récepteur ACE2, la porte d'entrée du virus dans les cellules. N'oublions pas que le coronavirus est un virus animal, pas un virus humain. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il contamine le monde animal. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe pour le virus Mers en Arabie saoudite, qui est logé chez les chameaux : chaque année, il y a de nouveaux cas. Mais en France, il n'y a pas beaucoup de chameaux, l'épidémie est donc circonscrite en Arabie saoudite.
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