Le Covid-19 pourrait altérer la matière grise du cerveau même chez les cas bénins

C.A.
Publié le 26 septembre 2021 à 14h06
Le Covid-19 pourrait altérer la matière grise du cerveau même chez les cas bénins
Source : iStock

RECHERCHE - Au Royaume-Uni, des recherches préliminaires réalisées sur plusieurs centaines d'IRM passées par des malades du Covid-19 suggèrent que le virus pourrait être responsable d'une atrophie de la matière grise du cerveau.

Les conséquences du Covid-19 à long terme se dessinent. Alors que 5 à 10% des Français souffrent d'un Covid long qui se manifeste par un prolongement des symptômes, une étude britannique montre que le virus pourrait aussi altérer le cerveau des malades. En analysant plusieurs centaines d'IRM cérébrales de patients ayant contracté le Covid-19, les scientifiques ont noté une atrophie de la matière grise du cerveau, habituellement observée au cours du vieillissement. Ces observations ont été faites même chez des personnes n'ayant pas développé de forme grave de la maladie.

Pour réaliser cette étude, parue en août 2021, les scientifiques se sont appuyés sur une base de données britannique (BioBank) contenant les données d'imagerie cérébrale de plus de 45.000 personnes depuis 2014. L'équipe a analysé ces IRM avant de les comparer à ceux des patients qui avaient été testés positifs au Covid-19 en tenant compte de l'âge, du sexe, de la date du test de référence et du lieu de l'étude, ainsi que des facteurs de risque communs de maladie et le statut socio-économique.

Une matière grise atteinte et une plus grande lenteur à traiter les informations

In fine, les chercheurs ont trouvé des différences marquées concernant l'épaisseur de la matière grise entre ceux qui avaient été infectés par Covid-19 et ceux qui ne l'avaient pas été. Plus précisément, l'épaisseur du tissu dans les lobes frontaux et temporaux se trouvait réduite dans le groupe Covid-19. Une telle transformation s'observe habituellement avec le vieillissement, "mais les changements étaient plus importants que la normale chez ceux qui avaient été infectés par Covid-19", explique dans les colonnes du média The Conversation Jessica Bernard, une professeure agrégée de la Texas A&M University qui étudie le vieillissement du cerveau.

De plus, les scientifiques ont remarqué que ces altérations, dont la durée dans le temps est pour le moment inconnue, étaient similaires chez les personnes ayant été hospitalisées suite à leur contamination au Covid-19, et donc ayant développé une forme grave, que chez les personnes ayant seulement souffert de symptômes légers.

Dans la pratique, cette atteinte de la matière grise s'est concrétisée par une plus grande lenteur à traiter les informations chez les personnes ayant été atteintes du Covid par rapport à celles ne l'ayant pas été, rapportent les auteurs de ces travaux.

Si les résultats de cette étude sont à prendre avec des pincettes, notamment parce qu'ils n'a pas encore été validés par des pairs, Jessica Bernard les jugent "particulièrement précieux". "Ces nouvelles découvertes soulèvent des questions importantes, mais sans réponse : que signifient ces changements cérébraux suite au Covid-19 pour le processus et le rythme du vieillissement ? Et, avec le temps, le cerveau récupère-t-il dans une certaine mesure d'une infection virale ?", expose-t-elle.


C.A.

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