DOUTES - Face à sa dangerosité, l'incertitude demeure. Le dioxyde de titane, un colorant suspecté d'être cancérogène, a été suspendu une année supplémentaire par le gouvernement, dans l'attente de l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa).
Souvent présent dans les bûches de Noël, les glaces ou les bonbons, le dioxyde de titane ne devrait pas refaire son apparition de sitôt. Un arrêté interministériel, publié mercredi 23 décembre au Journal officiel, suspend l'utilisation pour l'année 2021 de ce colorant, qui permet de blanchir, opacifier ou faire briller les préparations alimentaires. Composé à 45% de nanoparticules, il est suspecté d'être cancérogène.
Le dioxyde de titane, reconnaissable à la mention E171 dans la liste des ingrédients, avait été suspendu une première fois le 1er janvier 2020. Cette décision faisait suite à la publication, en 2017, d'une étude de l'Institut national de la recherche agronomique (aujourd'hui Inrae) qui avait mis en évidence chez les rats un risque de cancer colorectal lié la présence de cet additif dans les denrées alimentaires, et d'un rapport de l'agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) qui n'avait pu, en 2019 "lever les incertitudes sur l'innocuité" du colorant. Dans l'attente de l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) attendu pour 2021, le gouvernement a décidé de prolonger la suspension de l'additif.
Le dioxyde de titane toujours présent dans les médicaments et les produits d'hygiène
Engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre le dioxyde de titane, l'association Agir pour l'environnement salue cette décision, mais voudrait que le gouvernement aille plus loin. "Il faut être logique : cette suspension aurait du être élargie aux dentifrices et aux médicaments. Le dioxyde de titane fait courir des risques graves à la population alors qu’il n’a pas de vraie utilité et peut être facilement substitué", déclare-t-elle dans un communiqué.
Souvent présente dans les produits d'hygiène et de cosmétique, le dioxyde de titane est cette fois signalé par la mention CI 77891. "S'il y a une chose sur laquelle il faut vraiment faire attention, c'est bien le dentifrice", nous signalait en 2019 Magalie Ringoot, de l'association Agir pour l'environnement. "Les enfants en ingèrent et même quand cela n'est pas le cas, ça passe par la voie sublinguale, et ce même si on recrache et qu'on se rince bien la bouche." Les médicaments, eux, seraient plus de 4000 à en contenir, uniquement pour rôle de colorant, signale l'association.
En octobre dernier, l'Inrae a montré dans une nouvelle publication que les nanoparticules composant le dioxyde de titane étaient capable de traverser le placenta de la femme enceinte et contaminer le fœtus. Pour les auteurs de l'étude, ces résultats "alertent sur l’importance d’évaluer le risque quant à la présence de nanoparticules dans cet additif commun face à l’exposition avérée de la femme enceinte".
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