INTERVIEW - Alors que les Etats-Unis viennent d'autoriser la mise sur le marché d'un médicament contre la dépression post-partum, une première médicale, on a cherché à savoir quels étaient les symptômes de cette maladie et combien de femmes étaient concernées en France. Le Dr Philippe Deruelle, secrétaire général du collège national de gynécologie-obstétrique, répond à nos questions.
C'est une première médicale aux Etats-Unis : un médicament destiné à combattre la dépression des nouvelles mères sera bientôt mis sur le marché. Une bonne nouvelle pour de nombreuses femmes touchées par cette maladie grave qui, lorsqu'elle est sévère, peut conduire au suicide.
En France, les médecins commencent tout juste à prendre en compte cette pathologie, toujours très taboue. Quant à la recherche d'une thérapie, elle est encore au stade du tâtonnement. Nous avons donc voulu faire un état des lieux en interrogeant le Dr Philippe Deruelle, gynécologue et secrétaire général du collège national de gynécologie-obstétrique.
1 - Dépression post-partum ou baby blues, est-ce la même chose ?
Philippe Deruelle : "Toutes les femmes vont subir après l'accouchement une baisse importante des hormones de grossesse, cumulée à la fatigue et au contre-coup de l'accouchement. On sait que cette chute est à l'origine du baby-blues : un vague à l'âme qui apparaît dans les trois jours après l'accouchement et disparaît spontanément en deux semaines maximum. La dépression post-partum, elle, est une maladie, avec des signes cliniques beaucoup plus intenses qui vont se prolonger dans le temps et qui ne disparaîtront pas sans une aide médicale. Cela peut aller jusqu'à avoir l'impression d'être incapable de s'occuper de son bébé. Les femmes qui ont déjà fait une dépression, qui ont eu un accouchement traumatique ou qui ont subi des violences à l'accouchement, sont évidemment plus enclines à développer ce malaise généralisé. Et le pire, c'est qu'il y a souvent une incompréhension de la famille. Parce que finalement, cette pathologie est un peu taboue. Résultat, les mères se retrouvent bien souvent contraintes de ne rien dire alors qu'elles ne vont vraiment pas bien. Quelle femme, en effet, oserait avouer qu'elle a envie de rejeter son enfant ?"
2- Quels sont les symptômes ?
"On est fatigué, on a envie de rien, certaines mamans ne se lavent plus, se sentent complètement débordées ou ont tout le temps envie de pleurer, voilà le tableau général. Mais cela va parfois jusqu'à a voir des idées noires. Et comme pour toutes les formes de dépression, le risque majeur, c'est le suicide. Aujourd'hui, on sait que c'est la première cause de mortalité chez la femme après la grossesse ! Jusqu'à présent, on avait écarté la dépression post-partum des causes de suicide parce qu'on considérait que ce n'était pas lié à la grossesse, mais on est en train de revenir en arrière. La grossesse participe émotionnellement à ce passage à l'acte. Peut-être que c'est un facteur plus aggravant chez quelqu'un qui a un terrain fragile, mais pas toujours. Et c'est là où le bât blesse."
3 - Combien de femmes sont concernées en France ?
"C'est une maladie qu'on connaît depuis longtemps mais à laquelle on s'est peu intéressé, car elle est toujours très taboue. La dépression post-partum, c'est un peu le parent pauvre de notre discipline. Elle a été négligée car on a mis longtemps nos priorités ailleurs. Du coup, on n'a jamais vraiment comptabilisé les personnes touchées par cette pathologie. On pense que cela concerne 10 à 20% des femmes, mais il n'est pas exclue que ce chiffre soit plus important. Ce ne sont que des estimations".
4 - Comment traite-t-on cette forme de dépression ?
"Le traitement le plus adapté, c'est surtout l'accompagnement psychologique. Il peut être, par exemple, judicieux de suivre une thérapie comportementale. Se tourner vers les médicaments peut permettre de passer un cap difficile mais cela ne doit pas être la panacée. Il est primordial d'écouter les jeunes mamans, de les revaloriser, ce sera bien plus efficace que les antidépresseurs, prônés par l'industrie pharmaceutique. En ce sens, le Prado, ce service qui permet de quitter la maternité plus rapidement grâce au suivi d'une sage-femme au domicile, nous aide beaucoup pour repérer une éventuelle fragilité psychologique et accompagner ces femmes. On s'aperçoit aussi que la prévention est essentielle. Ainsi, de l'autre côté de la Manche, les Anglais ont démontré qu'en entourant particulièrement la période périnatale de ces mamans qui ne vont pas bien, ils participaient à la réduction du suicide des jeunes mères".
5 - Le médicament autorisé par les Etats-Unis constitue-t-il une avancée majeure ?
"En France, il existe des recherches autour de l'ocytocine en spray nasal parce que l'on sait que cette hormone joue un rôle dans la dépression post-partum. Mais je n'ai pas entendu parle de ce nouvel antidépresseur lancé aux Etats-Unis. Toutefois, je confirme que dans ce type de pathologie, les médicaments ne sont pas les plus efficaces. Il s'agit avant tout de repérer en amont le malaise de ces femmes et de bien les accompagner psychologiquement".
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