MÉDECINE - Dans un article récent, la revue médicale indépendante Prescrire a décidé de jouer le principe de précaution. En s'appuyant sur des recherches menées par l'Agence française du médicament (ANSM), elle conseille aux enfants comme aux adultes de ne plus utiliser de médicaments à base d'argile, comme le Smecta, en raison d'une possible contamination au plomb.
Depuis l'incendie de Notre-Dame, le plomb est traqué partout. Mais c'est cette fois dans les médicaments qu'il inquiète. Dans un article datant du 1er août, la revue médicale Prescrire conseille d’éviter les traitements composés d'argile. Cette recommandation concerne tous les médicaments à base de diosmectite, utilisés pour traiter les diarrhées, les brûlures gastriques ou les reflux gastro-œsophagiens. Le Smecta et ses génériques sont donc visés.
Très absorbante, l'argile utilisée à des fins médicales est extraite dans des carrières, où elle capte de nombreuses impuretés du sol, dont du plomb. Malgré le nettoyage dont elle fait l'objet afin d'être transformée en médicament, d'infimes quantités persistent et se retrouve dans l'organisme des patients.
Des médicaments déjà déconseillés aux enfants de moins de 2 ans
Les inquiétudes au sujet de ce métal lourd dans ce type de médicament ne sont pas nouvelles. En février, l'Agence nationale du médicament (ANSM) avait pris le parti de déconseiller le recours au Smecta pour les enfants de moins de deux ans, ainsi que chez les femmes enceintes ou allaitantes. Ce qui était alors qualifié de "mesure de précaution" faisait suite à une série de mesures effectuées l'année précédente chez des adultes après la prise de diosmectite pendant cinq semaines. Mais alors que les résultats indiquaient qu’il n’existait pas de risque de passage de plomb dans le sang chez les adultes traités, celui-ci n'avait pu être écarté chez les enfants de moins de deux ans.
Traités pendant sept jours par disomectite, ceux-ci seraient exposés, selon l'agence, à une plombémie [la concentration en plomb dans le sang, ndlr.] atteignant plus de 50 microgrammes par litre de sang. Soit une quantité "connue pour exposer à des troubles neurocomportementaux", indique Prescrire. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en effet, même à de faibles concentrations sanguines, le plomb peut "affecter l’intelligence de l’enfant et entraîner des problèmes comportementaux et des difficultés d’apprentissage".
Si, malgré tout, aucun cas de saturnisme n'a jamais été déclaré suite à l'utilisation de ce type de médicaments, Prescrire estime qu'étant donné "l'intérêt très limité de ces médicaments, autant s'en passer quels que soient l'âge et la situation clinique". En 2015, le magazine 60 millions de consommateurs avait classé le Smecta parmi les médicaments à utiliser "faute de mieux", considérant comme faible son efficacité.
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