Les anticorps monoclonaux, ce traitement anti-Covid sur lequel mise le gouvernement

ALG
Publié le 25 février 2021 à 18h28, mis à jour le 25 février 2021 à 18h33

Source : TF1 Info

ESPOIR - Dans la lutte contre le Covid-19, les premiers traitements à base d’anticorps monoclonaux seront très prochainement disponibles en France. Une thérapie prometteuse déjà évoquée à plusieurs reprises par l'exécutif. Sur quoi repose-t-elle ?

C'est le traitement qui suscite les espoirs de l'exécutif. Perçus comme une thérapie prometteuse dans la lutte contre le Covid-19, les traitements à base d'anticorps monoclonaux seront très prochainement disponibles en France, a indiqué ce mercredi le ministère de la Santé sur son site, après l'obtention d'une autorisation temporaire d'utilisation par l'agence de sécurité du médicament, à destination des patients exposés aux formes graves du virus. "La liste des établissements disposant d’un stock de ce médicament sera mise en ligne sur www.sante.fr à compter du 1er mars 2021", est-il en outre précisé.

Selon les informations du Figaro, le gouvernement aurait ainsi prévu d’acquérir pour plus de 170 millions d’euros de ces nouveaux médicaments auprès du groupe américain Eli Lilly. La Direction générale de la santé n’a pas confirmé la commande à nos confrères. "À chaque fois qu'il y a des traitements qui semblent prometteurs, on investit pour regarder si effectivement ces traitements sont confirmés. Les anticorps monoclonaux en font partie", avait toutefois déclaré fin janvier Gabriel Attal le porte-parole du gouvernement sur BFMTV, en annonçant des protocoles cliniques "dans les prochains jours". Mais en quoi ces molécules sur lesquelles l’Institut Pasteur mène déjà des recherches depuis plusieurs années constituent aujourd'hui une lueur d'espoir ? 

De quoi s'agit-il ?

Ces anticorps sont dits de synthèse, c'est-à-dire qu'ils sont fabriqués en laboratoire et injectés en intraveineuse. Ils imitent le fonctionnement du système immunitaire après l'infection au Covid-19 et sont censés l'épauler pour annuler le pouvoir de nuisance du virus. Comment ? En neutralisant la pointe du virus qui lui permet de s'attacher aux cellules humaines et de les pénétrer. "L’administration d’anticorps monoclonaux, en empêchant la pénétration du virus dans les cellules et ainsi en luttant contre sa réplication pourrait neutraliser le virus à la phase précoce de l’infection", précise le ministère de la Santé sur son site.

"Lorsque l'on est infecté par le virus, on développe environ 5.000 types d'anticorps, produits par nos lymphocytes essentiellement. L'idée de ce traitement est d'aller chercher les anticorps neutralisants les plus performants, de les produire en laboratoire - ce sont donc bien des anticorps artificiels - et de stimuler, par une injection, une immunité dite passive", a expliqué auprès de BFMTV Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique.

À qui s'adressent-ils ?

"Ce traitement complétera les mesures thérapeutiques déjà mises en place pour traiter les patients susceptibles de développer des formes graves de la Covid-19", précise encore le ministère. Relayant les dernières recherches scientifiques, Gabriel Attal avait expliqué le mois dernier que les traitements à base d'anticorps monoclonaux s'adressaient "à des personnes qui sont à risque de faire une forme grave de la maladie quand elles viennent d'avoir leur diagnostic positif ou qu'elles sont au tout début des symptômes" et qu'elles n'ont pas encore été vaccinées.

"Les traitements monoclonaux comme tous les traitements antiviraux doivent être donnés très tôt dans l'évolution de la maladie", avait insisté le 31 janvier sur LCI Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Il sera donc administré à des patients ayant développé des formes légères ou modérées du Covid-19 qui n’ont pas encore entrainé d’hospitalisation. Jeudi 25 février, Olivier Véran a précisé qu'ils avaient été adressés à "80 centres hospitaliers", à destination "des patients âgés de 80 ans et affectés par des troubles de l'immunité".

Quelles sont les déclinaisons disponibles ?

Deux déclinaisons de ce traitement ont reçu en novembre une "autorisation pour une utilisation en urgence" de la part de l'Agence américaine des médicaments (FDA). Celle développée par la firme de biotechnologie américaine Regeneron avec son Casirivimab/Imdevimab et celle générée par Eli Lilly, Américaine elle aussi, le Bamlanivimab. Toutes deux fonctionnent de manière similaire, mais la version de Regeneron combine deux anticorps de synthèse, quand celle d'Eli Lilly n'en utilise qu'un. 

Selon les informations du Point, aux dizaines de milliers de doses commandées par le produit d'Eli Lilly à destination des pharmacies hospitalières françaises, au plus tard début mars, suivront celles de Regeneron. Ces nouvelles doses permettront d'"élargir le public susceptible de recevoir la dose" et de "réduire de façon majeure les risques de forme grave du virus", a précisé Olivier Véran.

Où sont-ils utilisés ?

Avant son approbation en novembre aux États-Unis, le traitement de Regeneron avait été administré dès octobre à Donald Trump, qui avait contracté le virus. Outre les États-Unis, l'Allemagne est le premier pays européen à utiliser officiellement ce traitement à base d'anticorps de synthèse dans la lutte contre la pandémie. Le ministre de la Santé Jens Spahn a annoncé le 24 janvier que son gouvernement venait d'acheter 200.000 doses pour un montant global de 400 millions d'euros.  Les malades recevront gratuitement cette thérapie, a précisé à l'AFP une porte-parole du ministère de la Santé, soulignant que les deux déclinaisons de ce traitement à base d'anticorps monoclonaux seraient utilisées dans des hôpitaux universitaires. 

Le 25 janvier dernier,  le zoo de San Diego, en Californie, annonçait qu'un gorille âgé contaminé par le coronavirus avait été soigné grâce à un traitement expérimental de ce type. Souffrant de pneumonie et d'une maladie du cœur, l'animal avait été traité avec un cocktail de médicaments pour le cœur, d'antibiotiques et d'anticorps monoclonaux, avait-il été précisé à l'époque.


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