NOUVELLES STARS - Les matchs de l'équipe de France féminine font un tel carton d'audience que la question se pose : si les joueuses ramènent la Coupe à la maison, les Français pourraient-ils être aussi nombreux que l'an passé à sortir dans la rue pour laisser éclater leur joie ? Un philosophe et un psychologue du sport donnent leur point de vue.
Voilà une équipe qui déjoue les pronostics... Les joueuses de l'équipe de France emmenées par Corinne Diacre ont non seulement remporté leurs deux premiers matchs de la compétition, mais surtout, elles affolent les compteurs d’audiences. Lors de la première rencontre contre la Corée du Sud, près de 11 millions de téléspectateurs étaient devant leur poste, et mercredi dernier, face à la Norvège, le match en a attiré 10,3 millions. Ce lundi pour leur victoire face au Nigeria, elles ont de nouveau largement dominé les audiences avec 8,8 millions téléspectateurs devant TF1 et 789.000 devant Canal +. De beaux scores pour une équipe qui, en toute logique en remportant ses matchs, gagne en popularité… mais ne reçoit pas encore de signes annonciateurs de liesse populaire. Si elles continuent sur cette lancée, les Bleues peuvent-elles provoquer la même ferveur que l'an passé avec les Bleus ?
Sollicité par LCI, Jean-François Pradeau, philosophe auteur de "Dans les tribunes. Éloge du supporter" (Les Belles Lettres), trouve le phénomène encore trop "jeune" pour provoquer le même embrasement, pour la simple et bonne raison que "si le football est le sport le plus pratiqué sur la planète, il ne l'est pas encore pour les femmes. Les phénomènes d’identification collective de l’ordre de la liesse populaire capable de soulever un peuple entier exultant comme lors de la Coupe du monde 2018 ne sont donc pas encore là et ne risquent pas d'avoir lieu". Un constat que partage également Jean-Paul Labedade, psychologue du sport : "cela a beau être du foot, les matchs de la Coupe du monde féminine restent un sport nouveau et donc expérimental pour les Français, qui le regardent avec curiosité (ça se passe quand même chez nous)."
Engouement poli
Qu'est-ce qui empêche alors, pour l'heure, l'enthousiasme d'envahir les rues ? Jean-François Pradeau énumère les griefs : "Tout d'abord, une simple question qualitative : ces équipes féminines se révèlent très hétérogènes, comme l'a démontré par exemple le match Etats-Unis-Thaïlande (13-0), alors que dans le tournoi de la Coupe du monde Fifa 2018, le niveau s'est avéré plus homogène, les nations étant peu ou prou au même ; ce qui crée un vrai suspense et de grands enjeux dramatiques. Perdre un match dans cette configuration revient à tout perdre."
Le philosophe pointe aussi la mentalité du supporter de base qui "soutient l'équipe nationale en coupe du monde de façon métronomique, tous les quatre ans" : "Entre-temps, il reporte sa passion pour le foot sur celle de son club. Le tournoi de la Coupe du monde a cette particularité de rassembler tous les supporters : ceux qui aiment le PSG, l’OL et l’OM soutiennent la même équipe. Se joue alors l’intérêt national avec toutes les projections idéologiques qui s’imposent. Mais le supporter de foot reste un supporter de club. Or, je ne pense pas que les supporters de base sachent par exemple dans quel club joue la joueuse américaine Alex Morgan, qui a mis cinq buts face à la Thaïlande. L’an dernier, quand la France arrive en demi-finale, les supporters savaient dans quel club jouait tel ou tel. Avec les joueuses, nous n’en sommes pas à ce degré de fan attitude."
Il y a de toute évidence un nouveau public féminin qui plébiscite ce sport
Jean-François Pradeau, philosophe
Des publics différents, donc, comme le confirme le psychologue du sport Jean-Paul Labedade : "Les deux coupes du monde possèdent une base commune, mais aujourd'hui ce sont majoritairement des femmes pas forcément passionnées par le foot qui se trouvent au premier rang. A mon humble avis, il faudra du spectacle pour convaincre les footeux purs et durs qui, en fins connaisseurs, noteront quelques écueils dans les matchs (problèmes de transversale, notamment) et trouveront que, dans l'ensemble, ça manque de peps."
De plus, note le philosophe, "le souhait politique et idéologique de mettre en avant les femmes s’appuie en grande partie sur la victoire des Bleus l’an passé. 2019 est une année creuse où on a glissé la Coupe du monde féminine sans mettre les mêmes moyens pour entériner une organisation publique. La manière dont la télévision présente cette équipe est calquée sur la précédente Coupe du monde. C’est en cela un produit dérivé et il le restera dans l'esprit des gens, même si la France arrivait en finale."
L'avenir leur appartient
Que doit-il alors se passer pour que l'engouement prenne réellement forme ? "Il y a de toute évidence un nouveau public féminin qui plébiscite ce sport, comme en témoigne le nombre croissant d'adolescentes inscrites dans des clubs au foot - en sept ans, le nombre de pratiquantes a connu une hausse incroyable de 114,1%. Je pense que la liesse viendra plus tard, dans les années futures, lorsque le phénomène sera réellement installé", répond Jean-François Pradeau.
Même discours pour le psychologue du sport, arguant que "la passion naîtra avec des enjeux plus forts" : "Les médias jouent un rôle déterminant dans cet impact : s'ils en parlent, alors les gens en parleront. En cela, les diffuser en prime-time comme le fait actuellement TF1 précède presque l’époque, c'est comme un coup de poker et vu les audiences, cela augure d'une belle réussite". Le psychologue juge "normale" cette phase de découverte, ce temps long à l'allumage : "Avant de tirer des conclusions toutes faites, gardons en tête que nous ne sommes qu'au début d’une compétition. Si l’équipe de France atteint la demi-finale, peut-être verra-t-on un phénomène se déployer et provoquer, si les résultats sont spectaculaires, une ivresse collective semblable. Apprenons un peu à laisser du temps au temps dans cette société où tout va si vite..." Et allez les Bleues !
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