Les cigarettes électroniques prescrites pour lutter contre le tabagisme ? "C'est sur la table", avance François Braun

Le vapotage bientôt remboursé par la Sécu, pour diminuer sa consommation de tabac ? La piste pourrait se concrétiser dans le futur Plan Tabac, a annoncé le ministre de la Santé François Braun, invité du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro. "Il faut se poser la question sur le sujet", a-t-il avancé, rappelant que le tabagisme faisait encore aujourd'hui 75.000 morts par an.

"On a les substituts nicotiniques, avec les cigarettes électroniques, cela permet de diminuer progressivement sa consommation de nicotine et d'arrêter", a assuré le ministre. Les traitements nicotiniques étant remboursés depuis 2019, à hauteur de 65%, les vapoteuses électroniques pourraient également le devenir, a-t-il ainsi laissé entendre. Sans vouloir donner de "réponse" définitive à ce sujet, François Braun a toutefois indiqué qu'"effectivement, dans le cadre du prochain Plan Tabac, c'est sur la table". Ce nouveau plan est prévu sur la période 2023-2028.

Si les cigarettes électroniques ne sont pas reconnues pour l'heure par l'Assurance maladie comme produits de santé, certains professionnels de santé ont plaidé ces dernières années pour les faire prescrire comme substitut nicotinique. Ils s'inspirent notamment du modèle du Royaume-Uni, où les fabricants de cigarettes électroniques peuvent faire homologuer leurs produits par les autorités sanitaires en vue de les faire prescrire par des médecins.

Le ministre de la Santé a par ailleurs appelé plus largement à "maintenir" la prescription pour les substituts nicotiniques en général, et a annoncé envisager "l'ouverture de cette possibilité de prescription également aux pharmaciens".

Il a en revanche martelé sa volonté de faire interdire les puffs, ces cigarettes électroniques aromatisées et jetables, très prisées des adolescents. Selon les scientifiques, elles "ne permettent en rien" de se détacher du tabac, bien au contraire, a-t-il insisté. "Elles amènent les jeunes vers le tabagisme, alors que c'est interdit de vente auprès des jeunes", a-t-il fustigé, déplorant par ailleurs un "non sens écologique". 

"Pour moi, il faut l'interdire", a insisté François Braun. "Ce produit spécifique n'a rien à voir avec les enjeux de santé publique." Une proposition de loi sur le sujet, à laquelle il a apporté son soutien, est en préparation. Mais il faudra attendre encore plusieurs mois avant qu'elle ne soit votée par les députés et sénateurs et qu'elle puisse éventuellement entrer en vigueur. "Nous allons avancer le plus vite possible en fonction de ce que nous permettent nos institutions", a assuré le ministre. 

Quant au tabac lui-même, l'ancien médecin urgentiste a assuré que l'augmentation du prix du paquet avait des effets dissuasifs reconnus sur la consommation. Lors de la précédente loi de finances de la Sécurité sociale, il a ainsi fait en sorte "d'équilibrer le prix du paquet avec l'inflation" : "le tabac devenait moins cher, c'était une absurdité", a-t-il expliqué. Se félicitant d'"un premier pas", il a ajouté "ne pas s'interdire de continuer" à faire augmenter le prix du paquet de cigarettes. 

Les discussions sur la prochaine loi de finances, pour l'année à venir, ont déjà débuté, et "là aussi, c'est un sujet qui est sur la table", a-t-il indiqué. François Braun a aussi fait part de sa volonté de "taxer de la même façon tous les produits du tabac, en particulier les tabacs à chauffer et maintenant à chiquer".