Les croyances et les idées reçues sur le cancer progressent chez les Français

par Maëlane LOAËC
Publié le 3 février 2023 à 15h44
JT Perso

Source : Les MATINS LCI

L'Institut nation du Cancer et Santé Publique France ont révélé leur quatrième Baromètre Cancer, à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer ce samedi.
Il en ressort que les Français se disent bien informés sur le cancer, mais dans le détail, ils se trompent sur certains facteurs de risques non démontrés par la science.

Si les Français semblent bien appréhender les risques liés à l'émergence de cancers, leurs sources d'information ne sont pas toujours fiables. C'est ce que révèle le quatrième Baromètre Cancer, publié ce vendredi et appuyé sur des chiffres de 2021. Cette large étude, réalisée tous les cinq depuis 2005 ans par l'Institut national du Cancer (Inca) et Santé Publique France, se penche sur la perception de la maladie par la population. À l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce samedi 4 février, elle souligne que les connaissances des sondés sur le cancer ne s'appuient pas suffisamment sur la science, alors que 40% des cas de cancers pourraient être évités. 

Après avoir interrogé 5000 personnes âgées entre 15 et 85 ans, les auteurs de l'étude relèvent près de sept Français sur dix se disent bien informés sur cette maladie, dont 400.000 nouveaux cas apparaissent chaque année. Selon la synthèse de l'enquête, ils "ont une idée assez claire de l’importance de certains facteurs de risque, comme le tabac, l’alimentation et l’alcool, qu’ils vont citer spontanément". Mais dans le détail, ils identifient souvent sur d'autres facteurs qui ne s'appuient pas véritablement sur des données scientifiques établies. 

Les facteurs prouvés scientifiquement sont sous-estimés

Les sondés évoquent par exemple fréquemment un lien entre le cancer et des facteurs psychologiques comme des expériences traumatiques, alors même qu'aucune preuve scientifique ne le démontre. La perception du stress de la vie comme un facteur de risque a par exemple grimpé de près de 10 points entre 2005 et 2021, passant de 69,1% à 78,2%.

Les idées reçues sur la maladie progressent aussi par rapport à la précédente édition du baromètre. Parmi elles, la croyance selon laquelle le cancer est souvent d'origine héréditaire : 67,7% des sondés l'évoquent, contre 61% en 2015. "Or ce n’est pas le cancer qui est héréditaire, mais le gène qui prédispose à la maladie. Et celui-ci ne s’exprimera pas obligatoirement du vivant de la personne", explique la synthèse de l'analyse. "La réalité est très en deçà de ces perceptions puisque seulement 10 % des cancers ont une origine génétique", ajoute-t-elle.

Cette rhétorique est donc dangereuse : "cela revient à penser, 'pourquoi est-ce que j'adopterai des comportements protecteurs de santé alors qu'il s'agit plutôt d'un facteur d'hérédité ?'", s'inquiète dans une vidéo Jérôme Foucaud, coordinateur du baromètre et responsable du département recherche en sciences humaines et sociales à l’Inca.

À l'inverse, certains facteurs de risques qui sont avérés scientifiquement sont sous-estimés par les Français, comme le manque d'activité physique, l'exposition au soleil sans protection ou encore le surpoids, voire l'obésité. Par ailleurs, les sondés estiment que les professionnels de santé constituent la source la plus fiable pour se renseigner sur le cancer, mais leurs principales sources d'information sont plutôt la télévision, Internet et les réseaux sociaux.

Le recul des dépistages, tendance "inquiétante"

Les participants ont aussi du mal à prendre conscience des risques qu'impliquent leur comportement individuel, par exemple en sous-estimant les seuils de dangerosité du tabac et de l'alcool, les deux premiers facteurs de risque évitables. Quant aux dépistages, pourtant nécessaires, "les taux de participation sont insuffisants et leur dynamique, marquée par une adhésion décroissante des Français au dépistage, est inquiétante", souligne l'étude. 

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Or tous les Français ne sont pas égaux face à ces croyances et ces attitudes face au cancer : le niveau de diplôme et de revenus joue un grand rôle. Les personnes les moins diplômées sont moins nombreuses à identifier le risque lié au tabac et à l'alcool, par exemple, et sont aussi les plus enclines à croire que les causes du cancer sont héréditaires. Les femmes ayant les revenus les plus faibles, elles, sont celles qui déclarent le moins se soumettre à un dépistage du cancer du col de l'utérus. D'où la nécessité d'adapter la stratégie de lutte contre la maladie "pour accompagner chacun dans sa bonne information et sa bonne compréhension" de ses mécanismes, souligne le communiqué.


Maëlane LOAËC

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