MISE AU POINT - Avec un taux de 19 %, la couverture vaccinale de la France concernant les papillomavirus est la plus basse d'Europe. La faute, entre autres, aux fausses informations qui circulent sur internet. À la veille de son 42e Congrès, la société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) contre-attaque dans les colonnes du Parisien.
Les fake-news concernent aussi la santé. C’est ce dont s’inquiète, à la veille de son 42e Congrès et à quelques semaines du lancement du dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, la société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) dans les colonnes du Parisien.
Depuis son lancement en France en 2006, la vaccination contre les papillomavirus (HPV), ces virus sexuellement transmissibles et responsables de la quasi-totalité des cancers du col de l’utérus, subit de plein fouet les effets d’inquiétudes et de fausses rumeurs. Résultat : le taux de vaccination du pays, qui s’établit à 19 %, est le plus bas d’Europe et 3.000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus se déclarent chaque année, tandis que 1.000 femmes en décèdent.
Non, la vaccination n'entraîne pas une recrudescence de cancers
Parmi les affirmations pointées du doigt par les gynécologue ces dernières semaines, celles de l’ancien député et ex-président de la mission d’information sur le Médiator Gérard Bapt. En se basant sur les registres du cancer officiels de l’Australie, de la Grande-Bretagne, de la Suède et de la Norvège, il avait conclu à une augmentation du nombre de cancers de l’utérus chez les filles vaccinées et adressé un courrier au ministère de la Santé, au président de l'INCa (Institut national du cancer) et au directeur général de Santé publique.
Des allégations qui font écho au contenu de l’essai de la pédiatre et oncologue Nicole Delépine, "Hystérie vaccinale – Vaccin Gardasil et cancer : un paradoxe", paru chez Fauves Editions en octobre dernier. "Ce ne sont même pas des gynécologues, enrage Jean Gondry, président de la SFCPCV, auprès du Parisien. […] Ils manipulent les chiffres et leurs interprétations."
Non, la vaccination ne déclenche pas de maladies auto-immunes
D’autres inquiétudes concernent les effets indésirables du vaccin, suspecté de déclencher des maladies rares. "Sclérose en plaques, thyroïdite… Il y a eu des cas rapportés mais quand on les a analysés, on s’est aperçu que les jeunes filles vaccinées n’avaient pas plus ce type de maladies que celles qui n’étaient pas vaccinées. Donc on peut dire que ces pathologies ne sont pas liées au vaccin", assurait il y a peu à LCI Robert Cohen, pédiatre et coordinateur de la plateforme InfoVac dédiée à l'information sur la vaccination.
En 2015, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait cependant estimé qu’il était "probable" que la vaccination induise une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré, à raison d'un à deux cas déclarés pour 100.000 filles vaccinées. Mais une récente étude d'ampleur menée sur 300.000 jeunes filles au Canada, où un programme de vaccination a été lancé dès 2008, réfute tout lien de cause à effet entre le Gardasil et l'apparition de maladies auto-immunes.
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Non, le vaccin ne protège pas que du cancer du col de l'utérus
Enfin, bien que la vaccination ne mette pas à l’abris de tous les papillomavirus, le nouveau Gardasil, Gardasil 9, protège contre 85 à 90 % de ces virus. Et ceux-ci ne sont pas uniquement responsables du cancer du col de l’utérus. Ils peuvent aussi engendrer des cancers de la vulve, de l'anus, et localisés dans la région ORL... Les cancers de l'oropharynx liés aux HPV sont d'ailleurs en augmentation, rapporte sur son site l'Institut Curie. Les cancers des amygdales, eux, sont pour 30 % liés aux papillomavirus, rappelle Le Parisien. "En France, ils augmentent d’ailleurs de façon spectaculaire, affirme au quotidien Jean Gondry. Alors que la vaccination permet de s’en prémunir."