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Les idées reçues sur le "summer body" : sommes-nous tous égaux face à la perte de poids ?

Publié le 22 juillet 2022 à 9h00

Source : JT 13h Semaine

Dans le cadre de son partenariat avec l'Inserm, la cellule des Vérificateurs de TF1info vous propose une série consacrée au "summer body", cette tendance qui consiste à préparer son corps avant la saison estivale.
Dans ce troisième épisode, nous cherchons à comprendre pourquoi un même régime alimentaire n'a pas le même effet chez tous les individus.
Réponse avec Mathilde Touvier et Daniela Cota.

Entre les Unes de magazines, les publicités placardées et les conseils sur les réseaux sociaux, l'été arrive avec son lot de solutions miracles pour atteindre l'"objectif bikini". Des injonctions toujours plus nombreuses, parfois coûteuses et souvent contradictoires. Pour y voir plus clair, l'équipe des Vérificateurs vous propose une série d'articles réalisée en partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les chercheurs les plus aguerris sur ces questions. 

Dans ce troisième épisode, nous avons voulu savoir si chaque personne régulait le poids de la même manière. Pour répondre à cette question, nous avons interrogé Daniela Cota, responsable de l'équipe Équilibre énergétique et obésité à l'Inserm, et Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle.

Quand la génétique s'en mêle

Les deux directrices de recherche sont unanimes. Non, nous ne sommes pas tous égaux face à la perte de poids. "Il y a des risques de surpoids non-modifiables, d'autres sont des facteurs préexistants et seule une fraction est liée à des facteurs modifiables", résume Mathilde Touvier. 

Derrière la première catégorie, on retrouve en fait la génétique. "Si, dans une famille, parents ou grands-parents ont souffert de surpoids ou d'obésité, l'enfant a un risque accru de développer un surpoids ou une obésité", explique Daniela Cota. Un phénomène assez logique, "lié à l'évolution de l'espèce humaine". "Quand il n'y avait pas de disponibilité en nourriture, la sélection naturelle a voulu que certains gènes qui permettent de mieux stocker de l'énergie ont perduré. Mais aujourd'hui, dans des pays où la nourriture est disponible tous les jours et à toute heure, cette sélection génétique mène parfois à des situations dans lesquelles les personnes avec une plus grande capacité à stocker de l'énergie sont à risque de surpoids et obésité." Il y a même des obésités dites "d'origine génétique", liée à un seul gène spécifique. Elles représentent environ 5% des cas

La deuxième catégorie de facteurs sont des facteurs biologiques et des facteurs environnementaux "préexistants". C'est par exemple le cas de l'origine socio-économique. Une étude épidémiologique française citée par Mathilde Touvier a en effet montré que l'obésité touchait quatre fois plus les enfants ouvriers que les enfants de cadres. 

Quant aux facteurs biologiques, les hormones jouent un rôle très important dans la distribution de la graisse dans le corps. Ainsi, avant la ménopause, l'œstrogène - cette hormone typiquement féminine - aide à dépenser de l'énergie. À l'approche de la ménopause, lorsqu'elle est moins disponible, cette hormone va réguler moins efficacement l'apport et l'utilisation énergétique. Par ailleurs, Daniela Cota relève que, tandis que la distribution de la graisse dans le corps est sous cutanée chez la femme, notamment dans les cuisses, "après la ménopause, elle va plutôt stocker l'énergie dans le ventre et les organes". "Cette distribution de la graisse au niveau de la taille est traditionnellement visible chez les hommes", souligne-t-elle. "Dans le même sens, l’âge va avoir un impact sur notre capacité à perdre du poids", poursuit notre interlocutrice, relevant qu'en vieillissant "notre dépense énergétique diminue".

Enfin, la troisième catégorie de facteurs est la seule sur laquelle on peut agir : les facteurs modifiables. Il s'agit bien évidemment des choix alimentaires et de l'activité physique. Mais la responsable de l'équipe Équilibre énergétique et obésité, à l'Inserm, rappelle qu’il faut prendre en compte également un autre indicateur. Le style de vie. Au-delà de la sédentarité liée au travail, "il peut y avoir le stress, le rythme des horaires, qui vont venir impacter le sommeil et donc le rythme biologique et notre capacité à bien utiliser et stocker l'énergie", explique-t-elle. 

Comprendre l'origine du poids

En résumé, alors qu'on découvrait dans un précédent article qu'il n'existe aucun "régime miracle", on comprend que cela est notamment lié à la nature extrêmement multifactorielle de la prise de poids. Si Daniela Cota reconnaît qu'il est "difficile de savoir la part exacte de facteurs non-modifiables dans le poids", la directrice de recherche cite une étude qui a tente de l'évaluer. Le poids serait héritable "à hauteur de 70%".  

Ce qui ne signifie pas pour autant qu'on se retrouve impuissant face à sa balance. Mais avec autant de facteurs, l'essentiel, "c'est de commencer à en parler à son propre médecin, pour comprendre d'où vient la prise de poids", comme le préconise celle qui est médecin en endocrinologie de formation. De quoi s'attaquer aux kilos en trop en connaissance de cause. Et éviter la frustration de changer son alimentation sans résultat.

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Felicia SIDERIS

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