POLÉMIQUE - Un rapport remis au ministère des Solidarités et de la santé révèle une désinfection insuffisante des sondes d'échographies endocavitaires, utilisées chaque année 4 millions de fois en France. Le processus est en réalité parfaitement fiable lorsqu'il est bien exécuté, mais les mauvaises pratiques de certains ont finalement poussé les experts à préconiser le niveau de désinfection supérieur.
Des sondes d'échographie utilisées pour les échographies vaginales et rectales insuffisamment désinfectée ? C'est ce que relevait un rapport du ministère de la Santé dévoilé jeudi 25 octobre par Le Parisien. Ces outils sont utilisés dans le cadre d’examens tels que les suivis de grossesse, les diagnostics de maladies de l’ovaire, de l’utérus, de la vessie ou encore de la prostate. Plus de 4 millions de ces échographies sont réalisées chaque année en France, en centre d’imagerie médicale ou à l’hôpital.
"Les connaissances scientifiques ont évolué, explique le docteur Pierre Parneix, qui a piloté le rapport, pour LCI. On pense désormais que les préconisations que l’on croyait suffisantes il y a 15 ans, ne le sont pas vraiment".
Les préconisations actuelles, qui datent de 2007, n'exigent en effet qu’un "bas niveau" de désinfection, soit un processus actif contre les bactéries, mais pas contre les virus. Ainsi, les sondes ne doivent être désinfectées qu’une fois par jour. Entre deux patients, les praticiens changent la gaine (équivalent à un préservatif spécialisé) qui recouvre la sonde, et essuient cette dernière avec des lingettes anti-bactériennes médicales. Depuis plusieurs années, les associations de patients manifestaient leurs inquiétudes quand aux potentiels risques d'infections lors de ces examens. Inquiétudes renforcées par les précautions prises à l’international, qui préconisent en majorité un niveau de désinfection supérieur.
Un processus insuffisant... s'il est mal effectué
Le Dr Parneix explique que, "depuis 2013, de nouvelles études ont démontré que les gaines étaient plus poreuses qu’on ne le pensait, et que le papilloma virus - par exemple - plus résistant qu’on ne le pensait". Il ajoute : "Ce qui est difficile avec les conventions actuelles, c’est que chaque praticien est responsable de vérifier son matériel. Si la gaine est déchirée, c’est simple, mais sur un cas de perforation invisible à l’œil nu, pas vraiment." Pierre supplémentaire dans le jardin de la pratique actuelle, le praticien indique "qu'il est impossible de tester la perte d’étanchéité sur chaque gaine. La technique n’est pas compatible à la cadence des examens."
C’est ce point que souligne le radiologue Nicolas Grenier, qui avait participé à l’élaboration des préconisations de 2007. "On s’est aperçu plus tard que le problème n’était pas le bas niveau de désinfection - qui est tout a fait sécurisé si le processus est parfaitement effectué - mais plutôt que certains praticiens bâclaient certaines étapes", explique-t-il. Suite à une enquête nationale diligentée par le groupe d'évaluation des pratiques en hygiène hospitalière (GREPHH) en 2016, des mauvaises pratiques comme l’absence de gants, une mauvaise qualité du gel ou des lingettes, ont été constatées en France. C'est pour ces raisons que, dans le doute, les nouvelles préconisations vont exiger une désinfection d'un niveau supérieur : la désinfection intermédiaire.
Désinfection intermédiaire, un coût élevé mais un gain de temps
Pour atteindre ce niveau, plusieurs solutions existent. La plus sécurisée reste la désinfection "automatisée". Malheureusement, ces machines spécialisées, fonctionnant avec des UV ou de l’acide peracétique, ont un prix élevé. Pour le Dr Parneix, l'utilisation de lingettes d'une meilleure composition et agréés comme désinfection intermédiaire, pourrait déjà être une alternative aux solutions automatiques, à moindre coût. "Mais on retrouverait certaines problématiques actuelles, comme la complexité du processus et donc le manque de traçabilité de la qualité de la désinfection", souligne le Dr Grenier. L'avantage des machines étant également un important gain de temps : entre 5 et 10 minutes pour décontaminer une sonde, contre 20 à 30 minutes pour un trempage, le procédé de désinfection intermédiaire le plus répandu actuellement.
Il ne faut pas créer de fausse terreur ! Laisser entendre que l’on a contaminé des gens, ce n’est pas possible.
Nicolas Grenier, radiologue au CHU de Bordeaux
Cependant, les deux spécialistes tiennent à préciser qu’il ne faut pas avoir peur, ni refuser d’aller faire des examens, car "il n’y a aucun cas déclaré et avéré de contamination à des maladies via une échographie endocavitaire", assurent-ils. "Le papilloma virus, notamment, est tellement diffusé dans la population qu’il est très difficile de prouver un lien entre la contamination et l’échographie endocavitaire.", fait valoir Pierre Parneix. Mais le but, c’est justement d’agir avant qu’il y ait des contaminations. "On ne va pas attendre qu’il y ai des patients atteints pour agir", rassure-t-il.
Ce rapport était une demande de l'ancienne ministre Marisol Touraine en 2017. Il a été remis à Agnès Buzin ce mois-ci. "Maintenant, termine le Dr Parneix, on espère une instruction réglementaire du ministère, qui dit que les nouvelles règles sont celles-ci".
Sur le
même thème
- Gel hydroalcoolique, lavage des mains... Des gestes barrières vraiment utiles pour lutter contre le Covid ?Publié le 6 juillet 2022 à 18h25
- Audioprothèses : enquête sur le succès et les suspicions de dérives du 100% santéPublié le 28 mars 2022 à 10h10
- Frénotomie : qu'est-ce que cette opération "potentiellement dangereuse" chez les bébés ?Publié le 3 mai 2022 à 9h39
Tout
TF1 Info
- 1Une nouvelle vague de chaleur se dessine, les 40°C à nouveau possibles la semaine prochaine ?Publié le 16 août 2022 à 9h42
- 3VIDÉO - Paris : les images de la capitale surprise par les orages et inondationsPublié le 16 août 2022 à 19h53
- 4Orages violents : 7 départements en alerte orange, risques d'inondationsPublié le 16 août 2022 à 19h03
- 545% des demandes de crédit immobilier rejetées : pourquoi les courtiers dénoncent le taux d'usurePublié le 16 août 2022 à 13h50
- 6Bordeaux : un homme placé en garde à vue pour avoir volé du matériel destiné aux incendies de LandirasPublié le 15 août 2022 à 17h03
- 7VIDÉO - Guerre en Ukraine : le début d'une mutinerie chez les soldats pro-russes ?Publié le 16 août 2022 à 18h14
- 8VIDÉO - Colmar : émotion après la mort d'un jeune homme qui s'était plaint d'un rodéo urbainPublié le 16 août 2022 à 7h00
- 9Distribution de pastilles d'iode dans les Vosges : "Une mise à jour classique du plan de distribution"Publié le 15 août 2022 à 11h47
- 10Doubs : Chez Georgette, le café qui n'ouvre qu'une fois par an, le 15 aoûtPublié le 15 août 2022 à 13h14
- 2VIDÉO - Orages et inondations : comment se forme un épisode méditerranéen ?Publié hier à 10h31
- 4Après un mois de pause, la Corée du Nord tire deux missiles de croisièrePublié hier à 9h57
- 6L'Estonie enlève des monuments datant de l'époque soviétiquePublié hier à 9h18
- 7Une nouvelle vague de Covid-19 est "quasi-certaine" à l'automnePublié hier à 9h06
- 8Météo : après un été hors norme, à quoi s’attendre pour la rentrée ?Publié hier à 9h04
- 9Rodéo urbain : une nouvelle victime à MarseillePublié hier à 9h00
- 1Pourquoi tombe-t-on si souvent malade au début des vacances ?Publié le 9 août 2022 à 14h40
- 2Présence de Listeria : des ailes de poulet rappelées par Intermarché, Auchan, Leclerc ou CarrefourPublié le 14 août 2022 à 18h16
- 3Covid-19 : combien de temps reste-t-on contagieux après avoir été testé positif ?Publié le 8 juillet 2022 à 14h15
- 4Fatigue mentale : on sait pourquoi trop réfléchir épuise votre cerveauPublié le 13 août 2022 à 16h44
- 5Bracelets répulsifs, ultrasons... Ces méthodes pour chasser les moustiques sont-elles fiables ?Publié le 28 juin 2019 à 14h39
- 6Covid-19 : au Royaume-Uni, le premier vaccin adapté à Omicron et à ses sous-variants approuvéPublié le 15 août 2022 à 13h20
- 7Guerre en Ukraine : face au risque nucléaire, faut-il se procurer des capsules d'iode ?Publié le 5 mars 2022 à 11h30
- 8Covid-19 : un tribunal italien ordonne l'analyse des vaccins à ARN messagerPublié le 30 juillet 2022 à 14h19
- 9Santé : des étés plus chauds, synonymes d'une augmentation des cancers de la peauPublié le 14 août 2022 à 18h32
- 10Covid-19 : l'OMS Europe met en garde sur un automne et un hiver "difficiles"Publié le 19 juillet 2022 à 17h23
- Police, justice et faits diversAccusé de plusieurs viols en Angleterre, le footballeur Benjamin Mendy face à la justice
- InternationalLe domicile de Donald Trump perquisitionné, des documents "top secret" saisis
- InternationalL'écrivain Salman Rushdie poignardé à New York
- EnvironnementOpération sauvetage pour un béluga coincé dans la Seine
- Police, justice et faits diversRodéos urbains