L’étude santé du jour : les antidépresseurs inefficaces et dangereux sur les moins de 18 ans

par Julie BERNICHAN
Publié le 9 juin 2016 à 13h34
L’étude santé du jour : les antidépresseurs inefficaces et dangereux sur les moins de 18 ans

DÉPRESSION – Une méta-analyse prouve l’inefficacité des médicaments traitant la dépression majeure des enfants et des adolescents. Pire, ils sont considérés comme dangereux. Explications.

Parce qu’elle peut se confondre avec la déprime, un mal-être passager, la dépression chez les plus jeunes est une maladie difficile à diagnostiquer. Malgré tout, certains signes ne trompent pas comme des sautes d’humeur, des difficultés scolaires ou une tendance à l’auto-dévalorisation. Pour traiter cette maladie, la psychothérapie est recommandée mais parfois des antidépresseurs peuvent être prescrits.

Or, une nouvelle étude , publiée dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet ce jeudi 9 juin, montre que la majorité de ces antidépresseurs ne fonctionnent pas mieux qu’un placebo sur les enfants et les adolescents. Pourtant, ils sont de plus en plus prescrits dans les pays occidentaux. Le but de la recherche est donc d’alerter sur les effets secondaires, comme les maux de tête, nausées ou insomnies, infligés inutilement à cette tranche d’âge.

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Méthodologie : 14 antidépresseurs analysés
Cette recherche a été menée par un collectif de scientifiques de plusieurs nationalités. Ils ont passé au crible 34 études menées sur le sujet, incluant 5 260 enfants et adolescents, âgés de 9 à 18 ans. Les auteurs de ces travaux ont ainsi analysé les effets de 14 médicaments antidépresseurs sur ces les cobayes pendant 1 mois. Cette méta-analyse a été financée par le Programme national de recherche fondamentale chinois.

Ce que l’étude a montré : 1 seul médicament efficace
Sur ces 14 antidépresseurs, un seul s’est montré plus efficace qu’un placebo pour soulager les symptômes de la dépression: la fluoxetine (Prozac). Elle est aussi mieux tolérée que les autres. La palme du moins efficace revient à la nortriptyline, celle du moins bien tolérée à l'imipramine. Les moins de 18 ans qui ont pris de la venlafaxine sont ceux qui ressentaient le plus de pensées suicidaires.

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Ce qu’il faut en conclure : la psychothérapie, le traitement de référence
"Les antidépresseurs ne semblent pas offrir un bénéfice évident chez les enfants et les adolescents", tranchent les auteurs. Ils recommandent que ces médicaments ne soient prescrits qu’aux cas les plus graves et que si la psychothérapie s’est révélée être inefficace. Elle doit ainsi rester le traitement de premier recours même si elles ne sont pas toujours remboursées et que les délais d’attente peuvent être longs. Autre recommandation : "la fluoxetine est probablement la meilleure option quand le traitement médicamenteux est indiqué".

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Julie BERNICHAN

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