Maladie hémorragique des vaches : quel est ce virus détecté pour la première fois en France ?

Publié le 22 septembre 2023 à 13h35

Source : Sujet TF1 Info

Arrivée par la frontière espagnole, la maladie hémorragique épizootique a été détectée dans de premiers élevages français.
Cette affection virale qui peut s'avérer fatale touche les bovidés domestiques et les cervidés sauvages.
Que sait-on de son mode de transmission et de sa propagation récente en Europe ?

L'alerte concerne pour l'heure trois élevages français. Détectée en Europe au printemps dernier, la maladie hémorragique épizootique (MHE) a franchi les frontières françaises, avec de premiers cas détectés dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques, a indiqué ce jeudi 21 septembre le ministère de l'Agriculture. "Des mesures de gestion de cette maladie sont mises en place par les services du ministère en lien avec les organisations professionnelles", précise le communiqué.

Si seuls quelques mois séparent les premières observations européennes et françaises, cette affection virale n'est pas nouvelle et sévit depuis plus d'un demi-siècle outre-Atlantique. Que sait-on de son mode de transmission et des causes de sa propagation qui semble s'être intensifiée et accélérée ?

D'où vient cette maladie ?

La MHE qui menace les bovidés domestiques et les cervidés sauvages, a été découverte aux États-Unis en 1955. Le virus, transmis par des moucherons piqueurs, "s'est depuis répandu en Asie, en Australie et en Afrique." 

En Europe, les premiers cas de cette maladie virale, non transmissible à l'homme, ont été détectés à l'automne 2022 sur l'île italienne de Sardaigne, puis en Sicile, indique l'Anse dans une note sur son site internet. Des foyers ont ensuite été repérés en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. 

"Il y a une quinzaine d'années, on n'imaginait pas que la maladie puisse un jour arriver en Europe", explique le chercheur Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale, cité par l'Agence nationale de sécurité sanitaire française. "Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions", poursuit-il. Selon le scientifique, "l'hypothèse la plus probable est que des moucherons ont été transportés à travers la Méditerranée par le vent". Une surveillance a été mise en place en France, souligne l'Anses, "avec pour objectif d'analyser tout animal suspect", notamment parmi les cervidés. 

Comment se traduit-elle ?

Chez les bovins, les symptômes observés de la maladie sont des pics de fièvre, de l'anorexie, des boiteries, des lésions buccales et une détresse respiratoire, indique le ministère, précisant que le taux de mortalité pour cette catégorie de ruminants demeure faible. Ce n'est pas le cas pour les cervidés qui observent un taux de mortalité de plus de 90% aux États-Unis, a indiqué à l'AFP Stephan Zientara. Concernant les cas fatals, la maladie se traduit souvent par des saignements internes importants.

A noter toutefois que le virus de la MHE "n’est pas transmissible à l’homme"  selon les autorités. Chez les ruminants, il se transmet entre animaux par l’intermédiaire de moucherons piqueurs et amateurs de sang de la famille des culicoides, et notamment par les femelles. Ce sont ces derniers qui étaient à l’origine de la propagation de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dans les troupeaux de moutons du Nord de l’Europe en 2006, avant de très vite se diffuser à la France.  

Or, pour l'heure, aucun vaccin n'est disponible contre le virus de la MHE repéré en Europe. 

Quel impact pour l'agriculture ?

La MHE étant réglementée au niveau européen, les pays impactés ont l’obligation de se déclarer et de mettre en place des mesures de surveillance et de prévention de la propagation. "La réglementation interdit l’envoi vers d’autres Etats membres de l’Union européenne à des fins d’élevage, de tout ruminant provenant des exploitations situées dans un rayon de 150 km autour de chaque foyer", détaille le ministère, soulignant que la MHE n’entraîne pas de restriction de mouvement des animaux à l’intérieur du territoire national. 

Concernant la France, la mesure d’interdiction s’applique aux Pyrénées-Atlantiques et aux Hautes-Pyrénées ainsi que dans les Landes, le Gers, la Haute-Garonne et l’Ariège. La Gironde, le Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, du Tarn, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales sont aussi concernés, mais en partie seulement.

L’envoi direct de bovins vers un autre pays de l’union européenne reste autorisé dans le cadre de l'abattage.


Audrey LE GUELLEC

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