CAUSALITE - Dans un contexte où le port du masque et l'abandon des poignées de main sont devenues la norme, la réapparition de la gastro-entérite, peut s'expliquer d'au moins deux façons. Si l'une apparait de bon augure sur le front de l'épidémie de Covid-19, ce n'est pas le cas de la seconde.
Les chiffres sont là pour en attester : les mesures sanitaires adoptées pour juguler la propagation de l'épidémie de Covid-19 ont affaibli, voire éteint, presque toutes les épidémies hivernales habituelles. À commencer par la grippe ou la gastro-entérite. Et pour cause, la généralisation des gestes barrières et notamment le port du masque et le lavage des mains, mais aussi la fermeture de certains lieux où le brassage est important ont freiné la circulation de ces virus qui se transmettent majoritairement par les gouttelettes respiratoires et les aérosols.
Or, le faible niveau observé cet hiver de passages aux urgences ou de consultations chez SOS-Médecins pour symptômes s'apparentant à une gastro-entérite remonte actuellement. Et ce de façon légère mais continue. Avec 98 cas de diarrhée aiguë pour 100 000 habitants vus en consultation de médecine général, le bulletin hebdomadaire du réseau Sentinelles confirme ainsi un "taux en légère augmentation par rapport à la semaine précédente". Si certains observateurs attribuent naturellement ce retour à un relâchement des gestes barrières, d'autres y voient au contraire "une bonne nouvelle".
Un relâchement des gestes barrières ?
Alors doit-on voir dans le retour de la gastro-entérite, en autres, un moindre respect des recommandations en vigueur ? Si le lien de cause à effet est difficile à établir, des déclarations et études récentes rendent cette hypothèse plausible.
Appelant la population à la vigilance, et soulignant que l'exécutif n'hésitera pas à reconfiner en cas de dégradation de la situation, le Premier ministre lui-même a évoqué ce relâchement, jeudi dernier à la veille du début des vacances d'hiver pour la zone A. Et en effet, une étude chiffrée CoviPrev de Santé Publique France datée jeudi 28 janvier 2021, tend à confirmer que les Français auraient moins bien appliqué les recommandations en vigueur au mois de janvier, mais plus généralement depuis novembre dernier. C'est particulièrement notable concernant les interactions sociales. Ainsi, la recommandation visant à "éviter les rassemblements festifs", encore bien respectée en novembre dernier (81,8 %), est tombée à 68,5% en janvier. Ensuite, la mesure appelant à "éviter de voir une personne âgée ou vulnérable", plutôt respectée après le second confinement (61,3%), a chuté à 48,1% début 2021. La distanciation sociale, elle, a été suivie par 55% des sondés en janvier contre 62,6% en novembre. S'agissant d'"éviter les regroupements et réunions en face-à-face", la baisse est plus relative (47,4% contre 52,9%). Enfin, en matière de mesures sanitaires professionnelles, le retour des employés sur le lieu de travail a été significatif avec le recul du télétravail occasionnel de 6 points et permanent de 15 points, indique le Ministère du Travail.
Ou le signe que l'écosystème viral se remet en place ?
D'autres, voient dans la réapparition de virus saisonniers habituels, "une bonne nouvelle." C'est notamment le cas du Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'Hôtel-Dieu (AP-HP) à Paris et consultant TF1-LCI. "Actuellement est en train de réapparaitre les épidémies de gastro de grippe etc, et ça c'est plutôt une bonne nouvelle parce qu'on voit qu'il y a une espèce de compétition dans l'écosystème viral", a-t-il estimé ce lundi sur notre antenne.
"Ça s'appelle la vie, c'est ce qu'on vit toutes les années et là on en fait un drame : vous n'aviez plus de grippe, vous n'aviez plus de gastro parce que le Covid était très fort, la grippe est en train de revenir", a-t-il poursuivi, expliquant que "ça veut dire que le Covid est en train de s'affaiblir et c'est cet écosystème qui est en train de se remettre en place". Pour appuyer son propos, le médecin a fait appel à ce qui s'était déjà produit au printemps dernier. "Au mois de mai, les grippes et les gastros revenaient et c'était le signe de la fin de la première vague", a-t-il rappelé, insistant sur le fait que "oui, c'est une bonne nouvelle" que les gastro-entérites soient de retour.
Pour rappel, le peu de cas recensés pour cette infection courante de la paroi de l’intestin ou de l’estomac, vaut en cet hiver 2021 pour d’autres virus saisonniers que l’on a coutume de croiser entre novembre et mars, comme la grippe. Or, si cette dernière n’a pas encore franchi le seuil épidémique cette année, rappelons tout de même que qu'il n’est pas rare, en temps normal, que le pic soit atteint en février ou en mars, dans l’hémisphère Nord.
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