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Rhume, grippe, maux de gorge... la température est-elle vraiment en cause quand on "attrape froid" ?

Publié le 14 décembre 2022 à 15h52, mis à jour le 7 janvier 2024 à 19h09

Source : JT 13h Semaine

Chaque année, l'hiver coïncide une augmentation des maladies telles que le rhume ou la grippe, mais la température est-elle la seule responsable ?
Si les médecins expliquent que le froid n'est pas directement la cause de la maladie, il joue malgré tout un rôle.

Rares sont les rhumes et grippes attrapées en plein milieu de l'été, lors de vacances au soleil ou dans des pays chauds. Le retour du froid et de l'hiver, en revanche, coïncide généralement avec le retour des mouchoirs, du nez qui coule, des maux de gorges et autres épisodes fiévreux. Les expressions françaises le traduisent d'ailleurs très bien : "prendre froid", ou bien encore "attraper un coup de froid" symbolise cette association entre la baisse des températures et la survenue de diverses maladies.

Pour autant, si le froid a tout du coupable idéal, faut-il l'incriminer ? Les médecins et chercheurs, qui se penchent de près sur la propagation des maladies et leurs causes, invitent à repenser en partie ces idées préconçues. Si la science nous apprend que le froid constitue un environnement propice aux maux qui nous affectent l'hiver, il est loin d'en être le seul déclencheur.

Des virus qui se propagent davantage

Si le fameux "coup de froid" laisse penser que la température est responsable d'une maladie attrapée lorsque diminuent les températures, il faut souligner que ces dernières ne vont pas, à elles seules, vous rendre malade. Se promener quelques minutes dans la neige en maillot de bain n'est ainsi pas l'assurance de se retrouver avec un vilain rhume le lendemain. Le froid ? "Ce n'est pas lui qui vous rend malade, mais l'infection par un virus", glissait la Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'Hôpital Saint-Louis, à Paris.

En évoluant dans un environnement froid ²mais très contrôlé, exempt de tout agent pathogène, la risque de tomber malade serait donc proche du néant. En revanche, il faut rappeler que l'impact du froid sur le corps humain est bien réel, et qu'une exposition prolongée peut se révéler lourde de conséquence si l'on n'est pas suffisamment couvert. Le risque d'hypothermie est bien réel, tout autant que celui de contracter des gelures. Les alpinistes le savent bien, eux qui sont habitués à gravir des sommets dans des conditions très éprouvantes.

Notons aussi que l'hiver, avec ses chutes de mercure, est une saison propice aux virus. Vincent Enouf, chercheur à l’Institut Pasteur, souligne qu'ils "aiment le froid et l’humidité". D’ailleurs, "c'est pour cette raison qu’ils se multiplient dans un premier temps dans notre nez où il fait plus frais". Une température réduite est donc propice à la prolifération des épidémies. 

L'évolution des connaissances se poursuit encore de nos jours : TF1info revenait sur de récentes découvertes, mettant en lumière l'influence du froid sur l'organisme. Des scientifiques ont fait une découverte intéressante et constaté que lors d'une attaque virale, sous l’effet d’une protéine ("TFL3", pour la nommer), notre organisme produit des cellules qui agissent "à la manière d'un essaim" pour empêcher les virus de nous infecter. 

Des essais en laboratoire ont dans ce cadre mis en avant l'impact des températures : les chercheurs ont pu noter que ces "puissantes fonctions de défense immunitaire antivirale […] ont été altérées par l'exposition au froid". En résumé, l'air frais qui parvient à la muqueuse nasale durant l'hiver à chaque respiration vient affaiblir les premiers remparts de nos défenses immunitaires.

L'hiver entraîne aussi un changement du mode de vie

Si l'on associe l'hiver au froid, il ne faut pas oublier que cette saison s'accompagne d'une modification assez radicale de nos habitudes et de nos modes de vie. Tout d'abord, le climat nous incite à passer plus de temps en intérieur, tout comme d'ailleurs le coucher du soleil qui intervient plus tôt. Cela signifie logiquement plus de temps passé dans des lieux clos. Or, comme nous l'a très bien rappelé les Covid-19, les lieux fermés et mal ventilés sont ceux où les virus se transmettent le plus facilement.

Dans le même temps, l'hiver coïncide avec les fêtes de fin d'année, des moments où les individus se rassemblent, voyagent, où les générations se mélangent. Un brassage qui multiplie les interactions sociales, et donc les chances de croiser la route de quelqu'un contaminé par un virus.

Enfin, des chercheurs ont observé que le retour des enfants à l'école - suite à la rentrée des classes -, avait un impact marqué sur la circulation virale. Le philosophe Maël Lemoine, spécialiste des sciences médicales, a expliqué au média suisse Le Temps que "la rentrée des classes a lieu au printemps" en Japon. Et invite à observer la "courbe des rhumes" dans la péninsule. "Trois semaines après, invariablement, soit vers la fin avril, il y a un pic épidémique de rhumes", assure-t-il. Cela s'explique par le fait que les enfants multiplient les contacts physiques entre eux, bien davantage que les adultes. Le fait qu'ils soient de nouveau réunis à l'école contribue ainsi à une diffusion bien plus nette des épidémies. 

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Thomas DESZPOT

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