CANNABIS - Patients, médecins et citoyens français sont majoritairement favorables à l'autorisation du cannabis thérapeutique. Après un débat au Sénat ce mardi, ce sont donc les élus qui se penchent sur la question. Un "premier grand pas" salué par de nombreux addictologues.
Le cannabis quitte les pages faits divers et s’installe dans l’agenda politique. Un débat a eu lieu au Sénat ce mardi 28 mai autour de la question de la marijuana comme "enjeu majeur de santé publique". Des discussions, sans vote, lors desquelles une majorité d’élus est allée dans le sens de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui s’est prononcée en décembre en faveur du cannabis à visée thérapeutique dans certains cas cliniques. De quoi penser que la France pourrait rattraper son retard et rejoindre les 21 pays européens qui ont déjà légalisé cet usage du chanvre.
Un débat qui n'est "pas simple en France"
Lors de ce débat, introduit par la sénatrice Esther Benbassa (EELV ), une claire majorité s’est montrée en faveur du cannabis thérapeutique, comme le montrent des extraits filmés par Public Sénat. Laurence Rossignol, qui représentait le groupe socialiste, a ainsi largement soutenu cette démarche. En s’appuyant sur deux "histoire de vies" d’amies proches atteintes de cancer du sein, elle a regretté que la légalisation actuelle transforme des patients en "délinquants". "L’une et l’autre, qui ne se connaissent pas, m’ont dit, ‘tu sais si je n’avais pas eu de quoi fumer un peu de cannabis tous les soirs, je n’aurais pas tenu ma chimio’." Si elle admet que ce débat n’est "pas simple en France", l'ex-ministre rappelle que ces femmes, d’une cinquantaine d’années et mères de famille, ont dû elles-mêmes se procurer cette plante illégalement et sans aucune garantie de qualité. "Ce n’est pas à l’épicerie qu’on le trouve (…) et la loi, telle qu’elle est aujourd’hui, transforme de bons citoyens en délinquants", a-t-elle regretté, trouvant cette situation "choquante". Une prise de parole percutante, qui a donné le la au reste des discussions.
De nombreux sénateurs de gauche et du centre se sont montrés favorables à une éventuelle légalisation du cannabis thérapeutique. Jocelyne Guidez (Union Centriste) qui approuve l’idée sous certaine condition, a conclu son intervention en estimant que "quelle que soit notre opinion sur le sujet, il y a matière à s’interroger pour l’avenir."
Seule la droite s’est montrée réticente à une telle démarche. Chantal Deseyne (LR) a tenu à rappeler que, selon elle, il fallait prendre en compte "le rapport bénéfice-risque du cannabis thérapeutique". Inquiète que ce débat devienne le "cheval de Troie vers une libéralisation de la consommation de cannabis", la Sénatrice a dit que pour le moment "tous les bénéfices sont pour les dealers et les trafiquants". Des propos accueillis par quelques huées.
82 % des Français favorables
Quoi qu’il en soit, il est désormais clair que la question n’est plus un tabou. Au contraire, si elle était à l’ordre du jour au Sénat, cela fait bien longtemps que la société civile et les professionnels du secteur en débattent. Ainsi, plus de 82 % des Français sont favorables à une utilisation du chanvre dans un cadre médical selon une étude réalisée en juillet 2018 pour Terra Nova et Echo Citoyen. Une opinion d’autant plus forte chez les patients. Présente lors d’une conférence de presse à la veille du débat dans l’hémicycle, Mado Gilanton, la porte-parole du collectif Espoir (im)patient, décrit même une "urgence". "Aujourd’hui les patients se rendent compte que le cannabis à visée thérapeutique est utile", explique-t-elle, rappelant qu’ils deviennent "à la merci des marchés". "Aujourd’hui on fait notre propre médecine, ce qui est toujours un danger."
Car ce sont entre 300.000 et un million de patients qui pourraient être concernés. Alors, de nombreux scientifiques défendent l’ouverture d’une certaine légalisation. Le Professeur Amine Benyamina, lui aussi présent lors de la conférence de presse, a estimé qu’il était "dommage" de ne pas pouvoir faire bénéficier de cette plante médicinale aux patients. Chef du service d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), un établissement devenu référence dans la question, il a reproché à certains praticiens de "mettre en avant leur opinion de citoyen" au détriment des "arguments scientifiques".
Même du côté du gouvernement, les feux sont au vert. Edouard Philippe avait ainsi jugé "absurde" de ne pas réfléchir à une utilisation médicale du chanvre. En déplacement dans la Creuse le 5 avril dernier, le Premier ministre défendait cette position dans l’un des départements les plus pauvres de l'Hexagone, et qui pourrait bien gagner en développement grâce à cette production.
Du côté de la principale intéressée, à savoir Agnès Buzyn, son secrétaire d’Etat Adrien Taquet a assuré qu’une expérimentation aurait bien lieu. "Oui, permettre un usage thérapeutique du cannabis est aussi une priorité de la Ministre des Solidarités et de la Santé", a-t-il garanti mardi en conclusion des débats. Effectivement, l’ANSM a créé en septembre dernier un Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST ) qui doit étudier la question. Depuis son lancement, ce groupe a déjà jugé "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance". Suite à quoi, après avoir entendu patients, médecins, pharmaciens et acteurs étrangers de ce marché en pleine expansion, l’ANSM souhaite réaliser une expérimentation du cannabis thérapeutique "avant la fin 2019". Si on n’en connaît pas encore la durée ni les modalités de mises à disposition de cette plante, l’addictologue Didier Joyle estime d’ores et déjà que "c’est un premier grand pas".
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