Migrants d'Afrique subsaharienne : près de la moitié des malades du VIH contaminés... en France

Publié le 1 décembre 2015 à 16h46
Migrants d'Afrique subsaharienne : près de la moitié des malades du VIH contaminés... en France

SIDA – C'est une étude qui va à l'encontre des idées reçues. En matière de VIH, les migrants en provenance d'Afrique subsaharienne sont considérés comme une population particulièrement à risque. Or il semblerait que plus d'un tiers des contamination se fassent sur le sol français. Explications.

Il est des croyances qui ont la vie dure. Et souvent seuls les scientifiques sont amenés à faire éclater certaines vérités. C'est tout à fait ce qui s'est passé grâce à une nouvelle étude concernant les modes de contamination du VIH au sein de certaines populations à risque, à savoir, en l'espèce, les migrants en provenance d'Afrique subsaharienne.

Grâce aux conclusions des travaux d'une équipe de l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites) il semblerait désormais acquis que plus d'un tiers de ces migrants ont été contaminés non pas dans leur pays d'origine comme on pourrait le croire mais en France. Un chiffre qui fait froid dans le dos.

35 à 49% de ces migrants contaminés en France

Cette région du continent Africain est particulièrement touchée par l'épidémie avec 25,8 millions de personnes infectées sur l'année 2014. Pour en savoir plus, les chercheurs ont ainsi observé 898 personnes ayant migré en France. 133 d'entre elles ont été diagnostiquées avant leur arrivée. 228 personnes ont été diagnostiquées après leur arrivée. Et pour les 537 patients restant au sein de l'étude les différents outils d'observation ont permis de déterminer que 69 à 197 d'entre eux ont été également contaminés en France.

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C'est donc 35 à 49% de ces migrants d'Afrique subsaharienne qui ont été contaminés après leur arrivée sur le sol français. "Le fait d'être infecté est lié à la précarité, analyse Annabel Desgrées de Loû qui a dirigé ces travaux. Dans cette population, plus de la moitié a vécu au moins un an sans titre de séjour et plus d'un tiers a vécu sans logement stable. Cette façon de vivre induit plus de comportement à risques. Très concrètement par exemple, les femmes acceptent des hébergements et donc des rapports sexuels dans des conditions de domination par l'hébergeur. La relation n'est pas symétrique et donc elles acceptent des rapports sexuels non protégés qu'elles n'auraient pas accepté à d'autres moments."

Le Truvada, "une fausse bonne idée"

Ces comportements à risques, subis par ces migrants, ne font-ils pas de ces derniers des candidats  particulièrement indiqués pour bénéficier du Truvada , le traitement préventif en matière de VIH ? Si les populations subsahariennes font partie du public visé par les défenseurs de ce médicament, Annabel Desgrées du Loû pense au contraire que cela ne suffira pas à régler le problème. "La question du Truvada se pose. Les femmes migrantes précaires sont à risque. Tous les moyens possibles pour les protéger doivent être mis en œuvre. Un médecin doit pouvoir le prescrire au cas par cas (personne vivant avec un séropositif par exemple). Mais il serait hypocrite, voire pervers de penser que le Truvada est la solution. En donnant un médicament on règle la question du VIH mais pas celle de la précarité qui favorise les infections. En soi le Truvada est une fausse bonne idée."

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La rédaction de TF1info

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