Non, il n'y a pas eu que "40 malades en une semaine pour 100.000 habitants" en France

Publié le 24 décembre 2021 à 13h12
Non, il n'y a pas eu que "40 malades en une semaine pour 100.000 habitants" en France
Source : Istock

SANTÉ – L'épidémiologiste Laurent Toubiana a affirmé ce jeudi que le taux d'incidence du Covid-19 serait de "40 malades en une semaine pour 100.000 habitants". Un chiffre sorti de son contexte.

La France connaîtrait une "épidémie de tests" pour reprendre la formule des "rassuristes". Opposé aux restrictions sanitaires, on trouve dans les rangs de cette sphère qui minimise l'ampleur de l'épidémie de Covid-19 le professeur Laurent Toubiana. Celui qui, au printemps 2020, assurait qu'il n'y aurait pas de deuxième vague de l'épidémie, affirme désormais qu'il n'y a que très peu de malades.

 Interrogé sur Cnews ce jeudi 23 décembre, l'épidémiologiste, connu pour avoir participé au documentaire complotiste Hold Up, a déclaré que la semaine dernière, la France n'avait enregistré que 40 malades pour 100.000 habitants. Une séquence découpée par la chaîne, mise en ligne sur les réseaux sociaux et devenue virale. La publication a atteint les 250.000 vues en moins de 24 heures. Mais qu'en est-il réellement ? 

Une seule maille du filet

Lors de son intervention, l'épidémiologiste a précisé s'appuyer sur les chiffres du réseau Sentinelles. Dans son dernier rapport hebdomadaire publié mercredi, ce réseau de veille sanitaire écrit effectivement qu'en semaine 50 - soit celle allant du 13 au 19 décembre - "25.509 nouveaux cas de COVID-19 ont consulté un médecin généraliste". Ce qui représente "39 cas pour 100.000 habitants". Une donnée très éloignée des indicateurs officiels. Selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, le taux d'incidence pour la même semaine était de 550 pour 100.000 Français. Un chiffre treize fois plus élevé !

Comment expliquer un tel écart ? L'épidémiologiste a tout simplement fait une très mauvaise interprétation des chiffres de l'épidémie. Ceux qu'il diffuse ne sont pas fondamentalement faux, mais ils ne représentent qu'une infime partie des malades. Le réseau cité par Laurent Toubiana ne rapporte en effet que les cas observés lors des consultations en médecine de ville. Le site du réseau - où le professeur a trouvé ces données - précise d'ailleurs bien en préambule que leur veille s'appuie uniquement "sur l’observation de patients présentant une Infection respiratoire aiguë, vus par un médecin généraliste ou un pédiatre". 

En fait, pour réaliser le suivi de l'épidémie, les autorités sanitaires enregistrent les données "à partir de plusieurs sources", comme l'explique Santé publique France. Cet espace du maillage du territoire, représenté dans la pyramide ci-dessous, permet de suivre l'évolution du virus sur plusieurs terrains. Elle s'appuie ainsi sur les données des généralistes en ville (Sentinelles), sur celles des interventions à domicile (SOS Médecins), mais aussi toutes celles issus des laboratoires, des hôpitaux ou encore des Ehpad.

Schéma de la surveillance du coronavirus en France  coordonnée par Santé publique France
Schéma de la surveillance du coronavirus en France coordonnée par Santé publique France - Santé publique France

Alors comment savoir, sur les 369.400 nouveaux cas recensés entre le 13 et le 19 décembre, combien étaient malades ? Impossible de l'évaluer avec certitude. Ceci dit, une récente étude a observé que plus de la moitié (60%) des cas positifs au Covid-19 étaient symptomatiques, et donc malades. Si on rapporte cette estimation au taux d'incidence enregistré en France la semaine dernière, cela représente plus de 320 malades pour 100.000 habitants. C'est huit fois plus que ce qu'affirme Laurent Toubiana.

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Felicia SIDERIS

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