AVIS ÉCLAIRÉ – Un article de blog assure ce mercredi que le président du Conseil scientifique a "reconnu l'échec" du confinement. Une mauvaise interprétation d'un article publié une semaine plus tôt.
Pour la sphère des opposants aux décisions gouvernementales, c'est un scoop. Plusieurs membres du Conseil scientifique, dont son chef, auraient changé d'avis à propos de la mesure la plus drastique utilisée face au coronavirus : le confinement. "C'est absolument incroyable de lire un tel papier", écrivent les auteurs d'un billet de blog, diffusé massivement sur les réseaux sociaux, citant "un article publié dans le Lancet". Dans ce milieu, hostile aux restrictions, on partage le texte en se réjouissant qu'il soit la preuve que "les complotistes" avaient "raison des mois à l'avance". Ces internautes font en fait un raccourci.
Une "nouvelle approche"
Le billet fait référence à un point de vue publié en anglais le 18 février dans la revue médicale The Lancet Public Health. Signés par cinq membres du Conseil scientifique, organisation consultative chargée de guider le gouvernement français dans sa prise de décision, ils y jugent en effet qu'il ne faut plus enchaîner les confinements pour combattre le Covid-19. Ils écrivent, très précisément : "Il n'est plus possible d'utiliser une succession de confinements généralisés comme réponse principale à la pandémie".
Selon eux, cette stratégie a désormais trop de conséquences, notamment face au risque de ne jamais atteindre "l'immunité collective" - terme très mal traduit de l'anglais par les internautes, qui écrivent "immunité du troupeau". Or, les auteurs s'inquiètent que cette attente d'un phénomène qui devrait encore tarder pourrait peser sur le moral de la société française. "Jusqu'à présent, les populations ont eu une attitude relativement coopérative, mais leurs doutes et leur méfiance sont visibles dans les mouvements de protestation observés dans plusieurs pays", relèvent-ils. Ils sont donc ici dans une approche sociale du confinement, après un an de pandémie, et pointent du doigt les conséquences "dévastatrices" d'une mise sous cloche, notamment du point de vue économique.
Les signataires, dont Franck Chauvin, président du Haut conseil pour la santé publique (HCSP), l'anthropologue Laëtitia Atlani-Duault, le virologue Bruno Lina et l'infectiologue Denis Malvy, prônent donc une "nouvelle approche". Comme nous vous l'expliquions ici, ils appellent ainsi à remplacer les confinements par l'auto-isolement des personnes âgées et fragiles. Et ce grâce à ce qu'ils décrivent comme un "contrat social" entre générations. L'idée qui y prévalait voulait que "les plus jeunes générations accepteraient la contrainte de mesures de prévention (comme les masques, la distance physique), à la condition que les groupes les plus âgés et les plus vulnérables adoptent non seulement ces mesures-là mais aussi d'autres, plus spécifiques (comme l'auto-isolement selon un critère de fragilité), afin de réduire leur risque d'infection".
Ce n'est pas un "revirement"
Cependant, cette option préconisée ne vient en aucun cas discréditer le confinement du printemps. Ils défendent d'ailleurs toujours ce choix drastique, mais uniquement "en dernier recours", et non pas "par défaut".
Ce n'est donc en rien un "revirement". Ni même un scoop. Jean-François Delfraissy a souvent évoqué l'idée de laisser les plus jeunes se contaminer. Et cette option d'un confinement des plus vulnérables était également présente de manière bien plus officielle dans le dernier avis du Conseil scientifique. Une alternative écartée à plusieurs reprises. À l'automne dernier par Emmanuel Macron - qui expliquait ne pas vouloir "créer une forme de bulle autour d'une génération" - et plus récemment par Olivier Véran. Le ministre de la Santé a noté lors d'un point presse le 18 janvier que sa "faisabilité" était "très discutable".
Contrairement à ce qu'assure l'auteur du billet - publié sur un blog qui a déjà partagé de fausses informations par le passé - les cinq membres du Conseil scientifique ne reconnaissent pas non plus "l'échec des vaccins". Ils notent simplement que "la fin tant attendue de cette crise sanitaire mondiale pourrait bien être continuellement repoussée puisque de nouveaux variants émergent" et risquent de rendre les vaccins moins efficaces. Une hypothèse qui inquiète. Mais qui n'a pas encore été prouvée par des études.
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