PURIFICATION - Souvent vantés pour leurs propriétés "détoxifiantes", les saunas et hammams ne seraient en fait pas du tout efficaces dans cette optique. Contrairement à la croyance populaire, la transpiration ne permet en effet pas d'éliminer les déchets toxiques de l'organisme. Explications.
Pour vendre des séances de sauna et de hammam, de nombreux instituts n'hésitent pas à promettre une action détoxifiante. Aider le corps à éliminer à tout prix les déchets métaboliques qui doivent l'être, sous peine d’être toxiques pour l'organisme, est en effet la nouvelle lubie des addicts du bien-être. Et les marques l'ont bien compris. Boissons, cosmétiques ou encore spas s'efforcent, dans un souci marketing, d'accoler la mention "détox" à leurs produits et à leurs offres.
Pour autant, ces propriétés ne sont bien souvent fondées sur aucun argument scientifique. C'est notamment le cas des séances proposées par les hammams, les saunas infrarouge ou encore les établissements de "hot yoga". Si celles-ci font bel et bien transpirer, cela n'induit en rien l'élimination de déchets toxiques.
Les reins et le foie déjà alloués à la tâche de "détoxification"
Interviewée par Radio Canada il y a quelques jours sur le sujet, Sarah Lafontaine, étudiante au doctorat en recherche en sciences de la santé, affirme qu'il est complètement inutile de vouloir aider son corps à accomplir la tâche de l'élimination des toxines, "à moins d’être atteint d’une maladie grave des reins ou du foie". Il s'agit en effet du rôle principal de ces deux organes, qui, lorsqu'ils fonctionnent correctement, accomplissent avec brio leur mission.
Le foie, explique-t-elle, s'occupe par exemple de métaboliser les protéines qui, en se dégradant, produisent de l’ammoniaque toxique pour nos cellules, ou encore l'alcool et les médicaments pour éviter que, là encore, ils ne produisent des substances néfastes à notre organisme. Par un système de micro-filtres, les reins assurent de leur côté la purification du sang en éliminant les substances toxiques ainsi que les liquides et minéraux qui peuvent y être présents en excès. Tous les déchets sont excrétés dans l'urine.
Des quantités de toxiques négligeables dans la transpiration
Composée à 99% d'eau, la transpiration contient bien quelques déchets métaboliques, mais dans des proportions minimes. En 2018, une étude publiée dans Environment International a d'ailleurs confirmé que "l'excrétion de toxine par la sueur était négligeable". Lors de ces travaux, les chercheurs ont déterminé qu'une personne qui pratique une activité physique intense 45 minutes par jour perd en tout deux litres de transpiration à chaque séance. D'après leurs mesures, celles-ci contient moins d'un dixième de nanogramme de toxiques. Ce qui veut dire que "seul 0,02 % de ce que vous ingérez par jour dans le cadre d'un régime alimentaire normal se retrouve dans votre transpiration", a précisé l'un des auteurs de l'étude dans les colonnes de National Geographic.
Ces résultats s'expliquent de deux façons. D'une part , le rôle de la transpiration n'est pas de purifier notre organisme, mais d'assurer la régulation de sa température grâce à l'évaporation. Les déchets toxiques sont d'autre part davantage attirés par la graisse. Ceux-ci ne se dissolvent de plus pas bien dans la transpiration, qui ne peut donc pas les transporter efficacement.
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Des bienfaits, mais attention aux excès
Il serait malgré tout dommage de se priver de bonnes séances de hammam ou de sauna. Car si celles-ci sont inefficaces pour détoxifier l'organisme, elles ont tout de même le mérite, prouvé, de favoriser la détente et de pouvoir apaiser les rhumatismes inflammatoires, les douleurs musculaires ou les crampes.
Attention cependant aux excès, qui peuvent s'avérer très dangereux en provoquant la déshydratation du corps. En 2009, trois personnes qui participaient en Arizona à une cérémonie de sudation organisée par le gourou James Arthur Ray sont ainsi décédées. Ils ont succombé à deux heures passées dans une hutte de sudation (sorte de sauna) chauffée à 50 degrés. Vingt autres personnes ont été hospitalisées. En 2011, une Québécoise a également perdu la vie après s'être enduite de boue, enveloppée de plastique et après avoir placé sa tête dans un carton. Après avoir transpiré durant 9 heures, elle est morte d'hyperthermie sévère quelques heures après la cure.