DÉCRYPTAGE – On entend beaucoup de choses sur le cancer : "la viande rouge favorise la maladie", "le port du soutien-gorge peut conduire à un cancer du sein"... Mais ces affirmations qui circulent sont elles vraies ? Alors qu'est donné ce lundi le coup d'envoi de l'opération Octobre Rose consacrée à la lutte contre le cancer du sein, des cancérologues des Hospices civils de Lyon mettent les choses au point.
A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer le 4 février, l'Institut de cancérologie des Hospices civils de Lyon avait choisi de communiquer de façon plutôt originale, à l'aide d'un quiz en ligne. Le but : tordre le cou aux "idées reçues véhiculées par des proches ou par les médias. Mais aussi répondre aux nombreuses interrogations que se posent les Français sur cette maladie, nous expliquait alors l'oncologue Benoit You. LCI vous glisse les réponses et vous explique pourquoi, alors qu'est donné ce lundi le coup d'envoi de la 25e édition d'Octobre Rose
On ne guérit jamais vraiment d'un cancer
FAUX
Le cancer fait peur, c'est un fait, mais contrairement à ce que l'on croit, on guérit aujourd'hui un cancer sur deux. "On parle de guérison lorsque plus aucun signe de maladie n’est détecté à l’issue d’une période de 5 ans - 10 ans ou plus pour certains cancers - de suivi du patient après fin des traitements", nous indiquent les concepteurs du quiz. Malheureusement, le cancer tue encore de nombreuses personnes - 150.000 en 2017 – mais le nombre de décès est en constante diminution : -1,5% par an chez les hommes et -1 % chez les femmes entre 1980 et 2012.
Le nombre de nouveaux cas de cancer en France diminue lui aussi. En 2017, on estime qu'il y en a eu 400.000, si ce nombre a longtemps augmenté en raison du vieillissement de la population et de l’amélioration des méthodes diagnostiques, ce nombre baisse depuis 2005 de 1,3% par an chez les hommes. Chez les femmes ce taux s'est stabilisé à 0,2% par an.
Si ma mère et ma grand-mère ont eu un cancer du sein, j’en aurai forcément un
FAUX
Seuls 5 à 10% des cancers diagnostiqués sont liés à une prédisposition héréditaire et le cancer du sein ne déroge pas à la règle. Dans 90% des cas, il survient "au hasard". Ce malheureux hasard peut frapper une même famille à plusieurs reprises, sans pour autant que le cancer n'ait été transmis par un membre de la famille.
Des mutations génétiques peuvent toutefois favoriser l'apparition du cancer, notamment celles dénommées BRCA 1 et BRCA 2. Les femmes pour qui le diagnostic de mutation a été confirmé, une surveillance renforcée est mise en place.
Mettre du déodorant ou porter un soutien-gorge peut favoriser le cancer du sein
FAUX
Une récente étude a conclu que l'exposition à des sels d'aluminium, souvent présents dans les déodorants, favorisait le cancer du sein. Mais l'Institut de cancérologie des Hospices civils de Lyon se veut prudent. Cette étude a été menée sur des souris et "dans des conditions expérimentales". "Malgré plusieurs études épidémiologiques bien menées, aucune étude menée chez l’homme n’a montré de lien entre l’utilisation des déodorants et la survenue de cancer du sein" souligne-t-il.
Et le soutien-gorge ? Là encore tout part d'une étude, datant de 1991. Elle "montrait une augmentation de risque de cancer du sein en cas de port de soutien-gorge chez des patientes non ménopausées" mais, tiennent à souligner les cancérologues, "cette augmentation était non significative" et depuis, aucune recherche n'a pu démontrer un quelconque lien.
Jeûner, arrêter la viande rouge, manger plus gras... peuvent guérir le cancer
FAUX
Les cancérologues des Hospices civils de Lyon ont constaté que de nombreux patient avaient recours à des régimes : ils jeûnent, arrêtent de consommer de la viande rouge, diminuent les calories ou encore pratiquent la diète cétogène (moins de sucre et plus de gras). Mais ces pratiques ont-elles de vraies vertus anticancéreuses ? Pas vraiment, selon les spécialistes : il n'y a pas de preuve que cela puisse prévenir la maladie ou même avoir un effet bénéfique sur les malades de cancer. Certaines pratiques comportent même des risques. "Chez les patients atteints de cancer, la perte de poids et de masse musculaire observée dans les études cliniques suggère un risque d’aggravation de la dénutrition et de la sarcopénie, deux facteurs pronostiques péjoratifs reconnus au cours des traitements, pouvant entraîner une augmentation du risque infectieux et d’immunosuppression anticancéreuse", précisent les médecins.
La nutrition reste cependant un point essentiel, le conseil des spécialistes est donc de manger équilibré et de pratiquer une activité physique, tout simplement.

Une tumeur est forcément cancéreuse
FAUX
Une tumeur n'est pas toujours cancéreuse – et dangereuse. Pour bien comprendre, il faut déjà savoir ce qu'est une tumeur. On vous explique : tout part des cellules, ces petits éléments qui composent les tissus et les organes de tout être vivant. En temps normal, ces cellules se multiplient : une cellule se divise en deux qui se divise en deux qui se divise en deux et ainsi de suite. Un processus naturel qui permet aux cellules de se renouveler et à l'organisme de se développer. Mais il arrive parfois qu'une cellule soit défaillante. Cette cellule va alors se multiplier de façon excessive et donner naissance à d'autres cellules, porteuses des mêmes anomalies : des cellules cancéreuses. Une tumeur est tout simplement un amas de ces cellules cancéreuses.
Logiquement on pourrait penser qu'une tumeur est forcément cancéreuse, à tort. Quand une tumeur est cancéreuse, cela signifie qu'elle nuit aux cellules voisines, saines, qui ne peuvent alors plus assurer leur fonction. A l'inverse, une tumeur peut être bénigne c’est-à-dire que les mécanismes de défense du corps humain sont capables de stopper sa croissance et de la détruire, les autres cellules continuent de fonctionner normalement. Il n'y a alors pas de cancer.
On peut soigner le cancer avec de simples comprimés
VRAI
C'est vrai et c'est plutôt une bonne nouvelle. Plutôt que de subir une perfusion à l'hôpital, les chimiothérapies peuvent maintenant être suivies depuis son domicile en avalant un comprimé. Il s'agit d'une thérapie ciblée et donc d'un traitement personnalisé. Les chercheurs ont "développé des médicaments qui viennent se fixer sur (les)es anomalies" présentes à la surface des cellules cancéreuses, anomalies qui permettent à ces cellules de se multiplier. Le traitement empêche donc à la cellule cancéreuse de vivre normalement. On estime qu'en 2020, ces médicaments devraient représenter la moitié des traitements.
Arrêter de fumer diminue les risques
VRAI
C'est évidemment vrai. Le tabac tue chaque année 73.000 personnes en France, " soit autant que l’alcool, les accidents de la route, le sida, les suicides, homicides et drogues illicites, réunis" et plus de 5 millions dans le monde. Le tabac est donc "le premier facteur de risque évitable de mortalité". Il accentue notamment le risque de cancer du poumon mais aussi des cancers de la gorge, de la vessie, du foie, du pancréas, de l’estomac, du rein, du col utérin, du sein, du colon, de l’ovaire et de certaines leucémies. La liste est longue. On estime que 54 % des hommes et 29 % des femmes qui décèdent d’un cancer meurent d’un cancer lié au tabac.
Participer à une étude clinique, c’est un peu accepter d’être un cobaye
FAUX
Les cancérologues tiennent à souligner que "l’essai clinique est proposé dans l’intérêt du patient et doit être considéré comme une chance, (…) il n’existe pas de perte de chance par rapport au traitement administré habituellement." Tout simplement parce que s'il existe un traitement connu et efficace, le nouveau médicament testé est proposé en plus, pour augmenter l'efficacité. Personne n'oblige le patient à tester de nouveaux traitements et toute personne qui a accepté un essai clinique peut arrêter à tout moment.
Faire du sport permet de mieux lutter contre le cancer
VRAI
Le sport, c'est bien est connu, est bon pour la santé. Mais cela est aussi vrai pour prévenir l'arrivée d'un cancer que pour le combattre. Selon l'institut de cancérologie des HCL, "l'activité physique diminue d'environ 30% les risques de cancers du sein et du côlon". Ce n'est pas rien. Pour les malades, le sport permet de réduire la fatigue liée à la maladie, d'améliorer la tolérance aux traitements et à leurs effets et enfin de diminuer les risques de récidive (- 24% de récidive pour le cancer du sein notamment).
Il y a moins d’urgence à traiter le cancer chez une personne âgée
FAUX
Il n'existe pas de "cancer du sénior", peu importe l'âge, le cancer évolue de la même façon. Et les conséquences de la maladie sont même plus importantes chez une personne âgée. "Il y a une idée reçue qui est que les personnes âgées font des cancers moins agressifs que les personnes plus jeunes, ce qui n'est pas forcément vrai", nous indique le Pr You. Les seniors sont également diagnostiqués tardivement car les symptômes sont moins décelables, le traitement peut donc être plus violent alors même que les patients sont plus fragiles.
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