SANTÉ - De plus en plus de personnes se retrouvent contaminées peu avoir reçu leur dose de rappel. Dans ce cas-là, cette situation débouche-t-elle sur une protection supérieure au vaccin ?
Triple vacciné… et contaminé au Covid-19. Avec l'arrivée du variant Omicron qui fait exploser le nombre de contaminations dans l'Hexagone, c’est le cas de plus en plus de personnes, dont la finaliste malheureuse de la primaire écologiste Sandrine Rousseau. Sur Twitter, elle moque ce "combo explosif” reçu dans "la même journée" début janvier.
Mais qu’en est-il réellement : une personne positive au coronavirus, peu après sa dose de rappel est-elle supra-immunisée ? Que disent les scientifiques à ce sujet ?
"Une réponse peu supérieure"
Sur LCI, le Pr. Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) émet des doutes. "Si c’est le même jour, ça revient au fait d’avoir l’infection seule ou le vaccin seul", prévient-il, reconnaissant toutefois quelques bienfaits. "Il se pourrait que l'apport de la dose de rappel et de la contamination s'ajoutent un petit peu" en raison de "l'immunité locale" induite par l'infection "que n’entraine pas la vaccination", continue le "Monsieur Vaccin" du gouvernement.
Covid + Vaccin le même jour. Combo explosif. 👊 — Sandrine Rousseau (@sandrousseau) January 4, 2022
À l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, Mathieu Vahemas se montre plus direct. "La protection ultérieure conférée par les deux ne va pas être infiniment supérieure”, prévient l'immunologue. "Que vous soyez infecté ou vacciné, vous ne pouvez pas produire plus d’anticorps que votre système immunitaire ne le permet", indique-t-il. En d'autres termes, "si votre système est déjà stimulé pour répondre à l'infini contre le virus, il ne pourra pas aller plus haut", résume le scientifique.
Une immunité hybride ?
Avec ce "super cumul", d'autres scientifiques comme Stéphane Paul, y voient au contraire la naissance d'une "immunité hybride". "La vaccination et la contamination vous permettent d'obtenir une réponse globale plus importante. D'une part, vous créez des anticorps, et de l'autre part, vous accentuez vos chances de détruire les cellules infectées qui snoberaient vos anticorps", note l'immunologue, prenant appui sur les réactions immunitaires.
Quand une personne est contaminée, “sa réponse immunitaire porte sur tout un tas d’antigènes et non pas uniquement la protéine Spike” située à la surface du virus, "au contraire des vaccins qui fabriquent en majorité des anticorps contre cette seule protéine", explique-t-il.
Pour posséder cette "immunité hybride", "il est cependant plus intéressant de contracter le virus avant de recevoir une dose de rappel”, précise Stéphane Paul. Dans ce cas-là, le ministère de la Santé et des Solidarités demande "d’attendre au moins 3 mois après la fin des symptômes avant de procéder à la vaccination", indique-t-il sur son site.
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Attention toutefois à ne pas vouloir seulement se faire contaminer : l'efficacité après une infection "reste imprévisible" et seule, elle ne signifie pas une protection suffisante. La dose de rappel, elle, permet à coup sûr de limiter les risques de réinfection et de formes graves, insistent les trois scientifiques.