Pas-de-Calais : huit cas de saturnisme détectés chez des enfants

par M.L (avec AFP)
Publié le 20 janvier 2023 à 23h20, mis à jour le 20 janvier 2023 à 23h41

Source : JT 20h Semaine

Un dépistage avait été lancé en juin dernier sur la contamination au plomb des riverains mineurs de l'ancienne fonderie Metaleurop, dans le Pas-de-Calais.
Huit cas de saturnismes ont été repérés, pour qui "une enquête environnementale" est prévue et des "recommandations" fournies aux familles.
De plus, 75 absorptions élevées de plomb ont aussi été détectées.

Les chiffres définitifs sont désormais sur la table. Lancé l'été dernier dans le Pas-de-Calais en réponse aux inquiétudes de riverains de l'ancienne fonderie Metaleurop, un dépistage révèle que huit cas de saturnisme et 75 imprégnations élevées au plomb ont été détectés chez des enfants, a appris vendredi l'AFP auprès de l'Agence Régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France. Cette "maladie du plomb", qui affecte le système nerveux, la moelle osseuse et les reins, est particulièrement grave chez les plus jeunes, qui sont les plus à même d'ingérer des particules et de porter des objets contaminés à leur bouche.

Il s'agit du bilan définitif de ce dépistage lancé en juin 2022, et prolongé jusqu'en novembre, pour les moins de 18 ans d'Evin-Malmaison, Courcelles-lès-Lens, Noyelles-Godault, Leforest et Dourges. Au total, 1878 enfants, soit 25% de la population ciblée de la campagne, ont été examinés, précise l'ARS.

Le seuil de définition du saturnisme franchi huit fois

Parmi eux, huit "ont présenté une plombémie (taux de plomb dans le sang, NDLR) supérieure à 50 µg/litre de sang, seuil de définition du saturnisme" mais deux "présentent désormais des taux inférieurs à 50 µg/litre de sang", indique l'ARS. "Pour chaque enfant qui dépasse les seuils de 50 µg/litre de sang, une enquête environnementale est mise en place pour identifier les sources d'exposition au plomb et des recommandations sont fournies aux familles", a expliqué l'Agence à l'AFP.

Le seuil de vigilance de 25 µg/l a par ailleurs été dépassé pour 75 enfants, des résultats ne constituant pas un saturnisme, mais qui justifiaient un suivi des plombémies. Enfin, six d'entre eux présentent depuis "des taux inférieurs à 25 µg/litre de sang", suite aux plombémies de contrôles réalisées.

À la fermeture en 2003 de l'usine Metaleurop, qui a rejeté pendant des décennies des tonnes de métaux lourds dans l'air, notamment du plomb et du cadmium, la zone était considérée comme la plus polluée de France. Cinq communes, rassemblant au total 24.000 personnes, sont concernées par une restriction de l'usage des sols. Les inquiétudes des riverains avaient été relancées par la présentation en avril 2022 d'une enquête de l'émission "Vert de rage" de France 5, selon laquelle 5815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme entre 1962 et 2020, dont une centaine depuis 20 ans.

La préfecture avait à l'époque répondu qu'un seul cas avait été enregistré depuis 10 ans dans la zone, mais décidé du lancement de la campagne de dépistage. Auparavant, huit campagnes de dépistage collectif avaient été menées jusqu'en 2012 attestant, selon la préfecture, d'une "nette diminution de l'imprégnation"

Troubles intellectuels et physiques irréversibles

L'absorption de plomb sur une longue période, même à faibles doses, peut entraîner chez les jeunes enfants des retards irréversibles : troubles du langage, du comportement, des troubles de l'apprentissage, du développement psychomoteur, de la croissance et de l'acuité auditive, liste le site d'Ameli. Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), "une plombémie de 12μg/litre est associée à la perte d’un point de QI, et de nombreuses études épidémiologiques ont montré une association entre la concentration de plomb dans le sang et les performances à l’âge scolaire".

À l'échelle nationale, la plombémie a baissé dans la population générale depuis les années 1990. En 1995, plus d'un quart des enfants de un à six ans présentaient un taux de plomb dans le sang supérieur à 50 µg/litre, tandis que ce taux est aujourd'hui tombé à 2% pour tous les enfants, selon l'Inserm.


M.L (avec AFP)

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