DÉFINITION - Une enquête publiée ce jeudi 20 avril révèle que des traces de plusieurs perturbateurs endocriniens sont présentes dans les cheveux de nos enfants. LCI vous explique ce qu'il faut savoir sur ces produits qui menacent notre système hormonal.
Sur 43 enfants testés, 100% d'entre eux présentent des traces de perturbateurs endocriniens dans leurs cheveux. C'est ce que révèle une étude publiée ce jeudi 20 avril par le magazine 60 millions de consommateurs. Bisphénol A, phtalates, pesticides... 23 à 54 molécules indésirables ont ainsi été prélevées sur ces enfants de 10 à 15 ans, habitant "sur tout le territoire" français.
Mais qu'est-ce que ces substances toxiques ? Où les trouve-t-on ? LCI fait le point.
Les perturbateurs endocriniens, qu'est-ce que c'est ?
"Ce sont des produits chimiques présents dans les articles de consommation courante ou contaminants l'environnement qui peuvent, à des doses très faibles, dérégler notre système hormonal", explique François Veillerette, directeur de l’ONG Générations Futures. "Leur mode d’action est très perfide", poursuit-il. "Selon leur type, ils peuvent limiter l’action des hormones naturelles, les bloquer ou encore gêner leur production, voire même altérer le taux d'hormones dans le sang".
Le système hormonal, indissociable du développement et du bon fonctionnement du corps, est très fragile. Les dérèglements provoqués par les perturbateurs endocriniens peuvent avoir de lourdes conséquences sur la santé : puberté précoce, problèmes de fertilité, obésité, diabète - maladie qui concerne aujourd’hui plus de 3 millions de Français - , autisme, hyperactivité - qui touche 5% des petits Français - cancer de la prostate et du sein, etc.
Et cela a un coût sanitaire : "150 milliards d’euros par an au niveau européen, soit 15 à 20 milliards d’euros, rien qu’en France", rappelle le directeur de Générations Futures.
"Notre assiette nous expose en moyenne à une vingtaine ces pesticides perturbateurs endocriniens de manière quotidienne"
Le toxicologue André Cicolella
Où les trouve-t-on ?
Petit passage en revue des plus connus, à commencer par le Bisphénol A (BPA), interdit en France dans tous les contenants alimentaires depuis 2015, mais toujours utilisé dans le reste de l'Union européenne (et donc susceptible de se retrouver chez nous). Cette substance chimique est principalement utilisée pour la fabrication de plastiques et de résines. On la retrouve par exemple dans le polycarbonate, un plastique rigide et transparent qui sert à fabriquer des bouteilles recyclables et de la vaisselle. Le problème, c'est qu'il peut migrer dans les aliments et les boissons stockés dans des matériaux qui contiennent cette substance, surtout si les aliments sont chauffés avec leur emballlage.
Il faut savoir que tous les emballages et objets plastifiés, jouets inclus, sont identifiés par un symbole (un chiffre compris entre 1 et 7 entouré d'un triangle). Les plastiques les plus sûrs sont représentés par les chiffres 2, 4 et 5. Le BPA est facilement repérable grâce à son code d'identification 7 indiqué sur les produits.
Les phtalates sont des substances chimiques rajoutées au polychlorure de vinyle (PVC) lors de la fabrication d'objets en plastique pour les rendre plus souples. On les retrouve donc dans tous les articles en PVC : adhésifs, ballons, nappes, tuyaux, rideaux de douche, cosmétiques, jouets... Les parabènes sont des conservateurs présents dans plus de 80% des produits cosmétiques (shampooings, crèmes hydratantes, mousse à raser... Les perfluorés sont utilisés dans les revêtements anti-taches, hydrofuges et anti-graisses. On les retrouve dans les moquettes, canapés, textiles et vêtements imperméables. Dans le domaine alimentaire, ils sont présents dans les emballages de fast-food ou les revêtements Teflon.
Enfin, les pesticides, dont la France est le premier utilisateur européen et le troisième dans le monde, dixit le Réseau Environnement Santé. 350 sortes de pesticides sont utilisées dans l'UE, parmi lesquels 40 sont des perturbateurs endocriniens. "On estime qu'environ la moitié de nos aliments présentent des résidus de pesticides et que notre assiette nous expose en moyenne à une vingtaine de ces pesticides perturbateurs endocriniens de manière quotidienne", raconte le toxicologue André Cicolella.
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