RECHERCHE - Dans une mise à jour des connaissances sur les effets sur la santé des pesticides, l'Inserm a annoncé ce mercredi avoir conclu à une "présomption forte" de lien entre l'exposition professionnelle à ces produits et deux pathologies graves supplémentaires chez les agriculteurs : les troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive, la BPCO.
La liste des griefs à l'encontre des pesticides s'allonge. Un groupe de chercheurs pluridisciplinaires de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) annonce ce mercredi avoir conclu à une "présomption forte" de lien entre l'exposition professionnelle à ces produits et deux pathologies graves supplémentaires chez les agriculteurs : les troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive, la BPCO.
En 2013, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait déjà conclu à une "présomption forte" de lien entre l'exposition professionnelle à certains pesticides et trois types de cancers (cancer de la prostate, lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples), ainsi que la maladie de Parkinson.
Plus de 5300 nouveaux documents étudiés et des conclusions peu rassurantes
À la demande de cinq directions générales ministérielles, le groupe de chercheurs a réalisé cette année une réactualisation des connaissances, grâce à l'analyse de plus de 5300 documents. Pour chaque thématique, les experts ont étudié les nouvelles données épidémiologiques disponibles afin d’évaluer s’il y avait une présomption de lien entre l’exposition de différentes populations aux pesticides et la survenue d’une pathologie.
Confirmant la "présomption forte" de lien établi avec les trois types de cancers et la maladie de Parkinson mise en évidence en 2013, l'Inserm donc d'autre part mis en évidence une "présomption forte" entre l'apparition de troubles cognitifs (altération des fonctions cérébrales telles que la mémoire ou le raisonnement, pouvant évoluer vers la démence) chez les agriculteurs et l'utilisation de pesticides, principalement des organophosphorés. "Les études les plus récentes se sont élargies aux riverains de zones agricoles ou à la population générale et ont permis de conclure à une présomption moyenne" pour ces populations, ajoutent par ailleurs les experts dans un communiqué.
Un lien qui pourrait être tout aussi important a été fait avec la bronchopneumopathie chronique obstructive/bronchite chronique (BCPO). Cette maladie dégénérative, qui provoque de la toux, des expectorations et essoufflement excessif, touche environ 2,5 millions de Français. Sur 17 pesticides analysés, 11 sont associés à au moins deux effets toxicologiques parmi les trois étudiés (le stress oxydant, la mitotoxicité, c'est-à-dire la toxicité pour les mitochondries, les structures qui permettent la respiration des cellules, et l'action sur le système immunitaire).
"Une présomption de lien moyenne a été également mise en évidence entre l’exposition aux pesticides, principalement chez les professionnels, et la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et des pathologies thyroïdiennes", ajoute l'Inserm dans un communiqué.
Chez l'enfant, une "présomption forte" d'un lien avec une exposition in utero et certains cancers
L'Inserm confirme, par ailleurs, que "certaines périodes de la vie telles que la grossesse et la petite enfance sont d'une plus grande vulnérabilité face à la présence d'un évènement ou agent toxique". Chez l'enfant, l'organisme évoque une "présomption forte" de lien entre "leucémies aiguës" et l'exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse, et une "présomption moyenne" pour la "leucémie aiguë lymphoblastique en cas d'exposition professionnelle" du père "en période préconceptionnelle".
Concernant les tumeurs du cerveau et de la moelle épinière, l'expertise conclut à une "présomption forte" d'un lien avec l'exposition professionnelle des parents pendant la période prénatale ainsi qu'avec l'exposition domestique "pendant la grossesse ou pendant l'enfance".
Le même niveau de présomption existe pour le lien entre l'exposition de la mère aux pesticides pendant la grossesse et "les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l'enfant", ou encore "des troubles du comportement de type internalisé tels que l'anxiété".
"La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doit inciter à une meilleure prise en compte de ces enjeux par les autorités", concluent les auteurs de cette synthèse.
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