Plus de 80.000 enfants en France ont été privés d'au moins un vaccin en raison du Covid-19

Publié le 20 avril 2023 à 9h07

Source : JT 13h Semaine

Un nouveau rapport de l'Unicef montre qu'en l'espace de trois ans, le nombre d'enfants privés d'un ou plusieurs vaccins a augmenté en France.
Entre 2019 et 2021, 82.000 ont manqué d'au moins un traitement.
La faute à la pandémie de Covid qui a entraîné une surcharge des systèmes de santé, mais aussi à une défiance accrue de la population.

Ce sont des chiffres inquiétants en France et dans le monde. L'Unicef a publié, mercredi 19 avril, son rapport intitulé "La situation des enfants dans le monde en 2023 : Pour chaque enfant, des vaccins", analysant la situation vaccinale des touts-petits depuis le début de la pandémie de Covid-19. Résultat : entre 2019 et 2021, 67 millions d'enfants à travers le monde ont été privés d'un ou de plusieurs vaccins - dont 48 millions n'ont reçu aucune dose. Un chiffre jamais vu depuis 2008 et qui fait craindre des épidémies de rougeole ou de polio, le taux de vaccination pour la première ayant baissé de 86 à 81% en trois ans, selon le rapport. 

En France, 82.000 enfants sont concernés par cette situation, dont 21.000 n'ont reçu aucun vaccin contre aucune maladie. Pour expliquer ce phénomène en hausse, l'Unicef pointe "la surcharge des systèmes de santé", la "réaffectation de ressources déjà maigres" mais aussi "une perte de confiance à l'égard de la vaccination". En France, cette confiance a baissé de 11,5% entre 2019 et 2021, les personnes de moins de 35 ans et les femmes étant les plus susceptibles d'être les moins convaincues de l'importance de faire vacciner les plus petits.

Le nombre de cas de rougeole explose

L'organisation s'inquiète d'une hausse de cette tendance "sous l'effet cumulé de plusieurs facteurs", citant "l'incertitude relative à la réponse contre la pandémie", "l'accès plus généralisé aux fausses informations" ou encore "la perte de confiance à l'égard des experts et la polarisation politique". "Au plus fort de la pandémie, les scientifiques ont su développer rapidement des vaccins qui ont permis de sauver d’innombrables vies. Malgré ce succès historique, la crainte et la désinformation autour de la vaccination en général se sont pourtant propagées à aussi grande échelle que le virus lui-même", souligne Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef.

Pour elle, "ces données sont un signal d'alerte préoccupant" alors qu'elle appelle à ne pas faire de la vaccination de routine une autre "victime de la pandémie" sous peine "de voir prochainement un grand nombre d'enfants succomber à la rougeole, à la diphtérie ou à d'autres maladies évitables". Avec une vaccination en baisse dans 122 pays, dont la France, le nombre de cas de ces maladies évitables a augmenté à travers la planète. En 2022, les cas de rougeole dans le monde ont plus que doublé par rapport à l’année précédente, tandis que le nombre d’enfants paralysés après avoir contracté la poliomyélite a augmenté de 16%. Entre 2019 et 2021, ce chiffre a été multiplié par 8 par rapport à la précédente période étudiée. 

Face à ce constat, l'Unicef appelle les gouvernements à "renforcer la demande à l'égard des vaccins en veillant notamment à instaurer un climat de confiance". "Les vaccins ont sauvé des millions de vies et protégé des communautés tout entières contre des maladies mortelles", souligne Catherine Russell, avant de conclure : "Nous savons trop bien que les maladies ne s’arrêtent pas aux frontières. La vaccination de routine et la robustesse des systèmes de santé sont nos meilleurs atouts pour éviter de futures pandémies, à l’origine de décès et de souffrances inutiles". 


Annick BERGER

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