INQUIÉTUDES - Des parents et élus réclament que le port du masque cesse d'être imposé aux enfants. Une position qui s'appuie davantage sur des convictions que sur des faits, en matière de santé notamment.
Exclue sans ménagement de LaREM en mai 2020 après avoir voté contre le plan de déconfinement du gouvernement, la députée Martine Wonner est depuis une figure de l'opposition aux mesures sanitaires votées par la majorité. Souvent décrite comme une personnalité "anti-vaccins qui surfe sur la vague complotiste", l'élue multiplie les prises de position, contre le masque notamment.
À l'Assemblée, elle a récemment pris la parole pour alerter la ministre déléguée en charge de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon. Au micro, elle a mis en avant des risques qui "touchent à la fois la santé et l’éducation chez les plus jeunes", appuyant son propos avec l'exemple de "pays limitrophes", qui ont "eux, déjà retiré l’obligation de port du masque à l’école pour les enfants". Alors que l'épidémie dure depuis déjà plus d'un an, LCI est allé à la rencontre de spécialistes pour mesurer les éventuels impacts du port du masque.
Aucun impact sur la santé physique
Les questions des parents, Christèle Gras-Le Guen ne les compte plus. Présidente de la Société française de pédiatrie et cheffe des urgences pédiatriques au CHU de Nantes, elle note que le sujet "revient d'autant plus souvent que le port du masque avait au départ été institué à partir du collège". Elle a été confrontée à "beaucoup d'inquiétudes", mais insiste sur le fait "qu'aucun signal d'alerte ni aucune remontée scientifique ne met en avant des soucis de santé" liés au port du masque chez les plus jeunes.
"Il faut calmer les parents", explique-t-elle. "J'en ai eu au téléphone me disant que leurs enfants étouffaient, mais ils ne courent pas de risque ce n'est pas le cas. N'oublions pas que dans les hôpitaux, des enfants portent depuis longtemps des masques pour se protéger, lorsqu'ils sont atteints de maladies chroniques notamment. Chez eux comme chez les écoliers, cela n'a pas d'impact négatif." En revanche, souligne Christèle Gras-Le Guen, "les enfants en ont ras le bol". Ce qui est à ses yeux logique : "Ils sont comme nous et voudraient s'en passer". Si la pédiatre espère l'abandon du masque à la rentrée de septembre en primaire, elle estime qu'il demeurera indispensable tant que le virus continuera à circuler de manière importante sur le territoire.
Quid, dès lors, des troubles de l'apprentissage, mis en avant par Martine Wonner ? Sur ce point, LCI a contacté Anne Dehêtre, présidente de la Fédération nationale des orthophonistes (FNO). Pour elle, il faut distinguer "la majorité des enfants et ceux qui consultent déjà des spécialistes pour des troubles du langage et de la communication". Les premiers, pour lesquels aucun signal d'alerte n'est détecté, sont à ses yeux peu à risque "même s'il est clair que l'on ne dispose pas d'un recul suffisant à l'heure qu'il est". Leur apprentissage est-il perturbé ? "Des sociétés savantes ont lancé des études afin de l'évaluer, c'est le cas notamment de l’Union nationale pour le développement de la recherche et de l’évaluation en orthophonie." La représentante de la FNO ajoute toutefois que "le langage et la communication, ça s'apprend avant tout à la maison. Et à la maison, on sait qu'il n'y a pas de masque."
Reste le cas des enfants déjà atteints de troubles. La spécialiste admet qu'ils font face à un obstacle supplémentaire. Lorsque l'on est atteint des formes de surdité ou d'autisme, "la lecture labiale constitue un indice qui aide à la compréhension". Si les études manquent là aussi, il est nécessaire pour Anne Dehêtre de parvenir à s'adapter à la donnée nouvelle qu'est le masque. Des modèles transparents, encore coûteux, pourraient être envisagés, mais leur efficacité n'est pas démontrée. La spécialiste fait remarquer en parallèle que la période de zéro à six ans "représente une période clé dans la maîtrise de l'expression", et que fort heureusement, "le masque ne posera pas de souci" puisqu'il n'est pas recommandé pour les plus petits.
En résumé, il est abusif de parler de dangers manifestes pour les enfants qui porteraient le masque. Aucun problème de santé ne lui a été associé, tandis qu'aucune étude n'a pour l'heure mis en évidence de troubles de l'apprentissage. Un point de vigilance doit toutefois être mis en avant : celui de l'accompagnement des élèves qui présentaient déjà des troubles du langage et de la communication avant la pandémie. Des jeunes auxquels les orthophonistes accordent aujourd'hui une attention particulière, afin qu'ils ne voient pas leurs difficultés s'aggraver dans la période actuelle.
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