Pourquoi les autorités sanitaires s'attendent à des "mois d’hiver difficiles" ?

Publié le 22 octobre 2020 à 15h37
DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

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Source : DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

PROJECTION - Selon le Conseil scientifique plusieurs éléments conduisent à redouter sur le plan sanitaire la période qui court de la sortie d'automne à l'entrée dans le printemps. On se penche sur trois points à l'origine de cette crainte.

A en croire le Conseil scientifique, il n'y a pas de raison d’espérer une accalmie à court terme sur le plan sanitaire. "Les mois d’hiver seront difficiles", a ainsi prévenu l'instance chargée de guider les décisions de l'exécutif sur la crise sanitaire, dans un dernier avis daté du 19 octobre. C'est d'ailleurs cette prédiction, cumulée à une situation épidémiologique qui "s’est dégradée dans plusieurs grandes métropoles au cours des dernières semaines" et au "nombre quotidien de nouvelles hospitalisations en augmentation", qui motive la position favorable de ses membres à l'égard du projet de loi prévoyant la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février 2021. Soit trois mois au-delà des quatre semaines déjà prises par décret.

Mais sur quels éléments s'appuie en détail le Conseil scientifique pour redouter la période qui court de la sortie d'automne à l'entrée dans le printemps ? 

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Situation épidémiologique tendue à la mi-octobre

Parmi les paramètres qui font prédire "des mois d'hiver difficiles", l'instance qui conseille les pouvoirs publics évoque en premier lieu "une situation épidémiologique tendue à la mi-octobre avec 30.000 cas par jour et un taux de remplissage des réanimations par les patients Covid de 37% à l’échelle nationale".

Dans son avis daté du 19 octobre, cette dernière précise également qu'"actuellement, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués au plan national se situe entre 25.000 et 32.000 par jour avec un R0 national [facteur qui correspond au nombre moyen de personnes que contamine un malade, ndlr] se situant autour de 1,25" et "le nombre quotidien de nouvelles hospitalisations, qu’elles soient conventionnelles ou en réanimation, est par ailleurs en augmentation". Dans le détail, poursuit le document qui dresse un état des lieux, à date, "37% des lits de réanimation sont occupés par des patients Covid+" tandis que "le taux d’incidence, à l’échelle nationale, est évalué à 217 pour 100.000 habitants et tous les départements (à l’exception de la Manche) ont un niveau de vulnérabilité modéré ou élevé."

Circulation accrue des virus respiratoires en saison hivernale

La seconde raison qui encourage à redouter les mois à venir est liée au fait que "les virus respiratoires circulent plus en saison hivernale". Sur ce point précis, l'instance évoque une "notion corroborée par l’activité épidémique intense observée dans les pays de l’hémisphère sud pendant l’hiver austral, et la reprise épidémique forte en Europe avec le refroidissement de la semaine du 5 octobre".

S'il n'est pas avéré que le Covid-19 spécifiquement préfère l'hiver, nombre de scientifiques semblent s'accorder sur le fait que les conséquences d’une vie plus confinée inhérente à cette saison, de voies respiratoires altérées par le froid, de défenses immunitaires plus faibles, sont autant d'éléments qui peuvent favoriser la circulation des virus respiratoires en général en hiver.

Faible proportion de la population française immunisée

Enfin, "la proportion faible de la population française immunisée contre le SARS-CoV-2 à ce jour", à savoir "inférieure à 10%, et loin des 50-60% minimums requis pour que le virus ne circule plus de façon épidémique", est un élément qui ajoute à la crainte des prochains mois.

Pour rappel, le principe de l'immunité collective, aussi appelée immunité "de groupe" ou immunité grégaire compte parmi les pistes pour contrer une épidémie comme celle du Covid-19. Deux moyens permettent de l'atteindre : exposer la population au virus ou l'en protéger (via un vaccin).


Audrey LE GUELLEC

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