Qu'est-ce que l'insuffisance ovarienne précoce, cette maladie qui touche 1% des femmes avant 40 ans ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 7 juin 2019 à 17h43

Source : Sujet JT LCI

AVANT L'HEURE - La ménopause se déclare en moyenne à 51 ans. Mais elle arrive parfois beaucoup plus tôt... Une femme sur cent expérimenterait ainsi l'insuffisance ovarienne précoce avant l'âge de 40 ans. Cette maladie, qui diffère par son caractère non définitif de la ménopause physiologique, comporte pourtant les mêmes symptômes et les mêmes risques pour la santé.

Cette première mondiale a été annoncée mercredi par l'AP-HP. En décembre 2018, une femme diagnostiquée d'une insuffisance ovarienne précoce à l'âge de 37 ans a pu accoucher de jumeaux grâce à l'ingéniosité de l'équipe médicale du centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP de Bondy (93). Comme elle en France, une femme sur cent de moins de 40 ans est atteinte de cette maladie. Une femme sur mille est concernée avant 30 ans.

Si beaucoup l'affublent du nom de "ménopause précoce", cela n'est en réalité pas comparable. Chez certaines patientes, une activité ovarienne persiste en effet. Quels sont les symptômes de ce dysfonctionnement ? Comment l'expliquer ? LCI vous en dit plus sur cette maladie qui perturbe la vie de milliers de femmes.

Les symptômes de la ménopause... avant 40 ans

L’insuffisance ovarienne précoce est causée par une diminution de l'activité des ovaires en raison d'une chute du taux d'œstrogènes, ces hormones féminines impliquées dans les cycles de reproduction, alors que d'autres hormones, les gonadotropines, sont abondamment sécrétées pour tenter de les stimuler. Cette baisse de régime de la part des organes reproducteurs débouche sur une absence de règles et, comme pour la ménopause physiologique, sur l'apparition de différents symptômes : infertilité, palpitations, intolérance à la chaleur, anxiété, dépression, fatigue, rapporte l'Institut E3M de l'AP-HP, spécialisé dans l'endocrinologie et les maladies métaboliques.

Au-delà de ces symptômes, le déficit hormonal peut également avoir des conséquences cardiovasculaires. D'après une méta-analyse de 32 études portant sur plus de 300.000 femmes, parue en 2016 dans Jama cardiology, les femmes ménopausées avant 45 ans ont 50% de risques de plus que les autres de souffrir d'une maladie cardiovasculaire. L'insuffisance ovarienne précoce peut aussi être liée à la survenue d’une ostéoporose.

Des causes encore floues

Ce dysfonctionnement peut être causé par de multiples facteurs. Il peut s'agir des suites d'une maladie auto-immune (comme c'est le cas pour cette femme ayant accouché de jumeaux), d'un dysfonctionnement endocrinien ou encore d'un traitement par chimiothérapie et radiothérapie. L'impact de chocs émotionnels, ou encore d'infections virales, est aussi évoqué. 

Pour l'Institut E3M, la composante génétique représente également un aspect important :  "Les anomalies du chromosome X représentent la principale cause d’aménorrhée primitive associée à une dysgénésie ovarienne", soit une malformation des ovaires, indique-t-il. Et de préciser : "Malgré l’identification de plusieurs gènes candidats, la cause de l’insuffisance ovarienne précoce reste le plus souvent indéterminée."

Des chances de grossesse réduites, mais pas nulles

Une fois diagnostiquées, les patientes se voient prescrire un traitement hormonal substitutif, qui permet d’éviter les complications liées au dysfonctionnement. Une alimentation riche en vitamines et en calcium, ainsi qu'une activité physique régulière, sont également fortement recommandées pour éviter l'apparition de l'ostéoporose, de troubles de l'humeur ou d'autres maladies plus graves. Une prise en charge psychologique peut également être utile.

Comme précisé plus haut, l'insuffisance ovarienne précoce n'est pas forcément associée à un arrêt total de la production d'ovules, mais à une baisse. Des grossesses spontanées peuvent donc survenir chez certaines patientes (environ 3% des cas). Si la maladie est diagnostiquée assez tôt, il est aussi possible de réaliser une ponction ovarienne afin de congeler des ovocytes pour une grossesse future. Pour les femmes qui ne sont plus fertiles, le don d'ovocytes peut être envisageable.


Charlotte ANGLADE

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