Elle sévit au Royaume-Uni : quelle est cette hépatite inconnue qui touche les enfants ?

Publié le 18 avril 2022 à 11h34, mis à jour le 18 avril 2022 à 12h50
Un enfant hospitalisé. Illustration.

Un enfant hospitalisé. Illustration.

Source : iStock

Des cas d'hépatite infantile, dont l'origine est inconnue, ont été identifiés principalement au Royaume-Uni.
Tous les enfants atteints ont été hospitalisés et six d'entre d'entre eux ont dû subir une greffe de foie.
La maladie se manifeste par plusieurs symptômes tels que la jaunisse, la diarrhée ou des douleurs abdominales.

Des dizaines de cas inexpliqués d'hépatite infantile. Alors que le Covid continue de monopoliser les services de santé à travers le monde, avec des résurgences éparses, comme à Shanghai, foyer chinois de la contagion mis sous cloche, les autres maladies n'ont pas disparu pour autant. Certains virus émergent même sous une forme différente. Depuis plusieurs semaines, "une augmentation significative et inattendue" du nombre de cas d'inflammation aigüe du foie, appelés hépatites, ont ainsi été diagnostiqués au Royaume-Uni, suscitant l'inquiétude de l'agence sanitaire britannique, UK Health Security Agency. 

Une préoccupation partagée par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ainsi que par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a publié un communiqué, vendredi 15 avril. Au 8 avril, 74 cas (49 en Angleterre, 13 en Écosse et 12 en Irlande du Nord et au pays de Galles) ont été recensés, pour la majorité, chez des enfants de moins de 10 ans. Les habituels virus (A, B, C, D ou E), désignant le mode de transmission et le niveau de gravité de la maladie, ont été recherchés, en vain. L'origine de cette hépatite demeurant inconnue, l'OMS a annoncé lancer des recherches "pour comprendre l'étiologie de ces cas". D'ici là, "davantage de cas seront probablement signalés", a-t-elle prévenu.

Qui est touché et quels sont les symptômes ?

Jamais répertoriée, cette étrange maladie touche principalement les enfants de moins de 10 ans. Le 5 avril, l'OMS a été notifiée de 10 cas d'hépatite aiguë sévère en Écosse chez des sujets "auparavant en bonne santé". "Sur ces 10 cas, neuf ont présenté des symptômes en mars 2022 tandis qu'un cas a présenté des symptômes en janvier 2022", a détaillé l'agence spécialisée des Nations unies. Trois jours plus tard, les autorités britanniques ont réévalué à 74 le nombre de cas. Certains ont nécessité un transfert dans un service spécialisé dans les maladies du foie. Six enfants ont dû subir une transplantation. Moins de cinq cas confirmés ou possibles ont en outre été rapportés en Irlande et trois en Espagne. Aucun décès n'a été à déplorer.

Comme le rapporte UK Health Security Agency, cette hépatite se manifeste par une série de symptômes : "une urine foncée, des selles pâles et grises, des démangeaisons cutanées, un jaunissement des yeux et de la peau, des douleurs musculaires et articulaires, une température élevée, une fatigue anormale, une perte d'appétit et des maux de ventre." "Nous travaillons pour sensibiliser les professionnels de la santé, afin que tout autre enfant susceptible d'être affecté puisse être identifié tôt et que les tests appropriés soient effectués", a indiqué la Dr. Meera Chand, directrice des infections cliniques et émergentes à l'UKHSA.

Quels gestes adopter pour s'en protéger ?

Pour s'en prémunir, il est nécessaire de respecter l'ensemble des règles élémentaires d'hygiène, comme le lavage de mains. Ces mesures de protection, entrées dans les mœurs avec le Covid, "aident à réduire beaucoup des infections sur lesquelles nous enquêtons", a affirmé la microbiologiste, travaillant pour Public Health England, l'agence rattachée au Département britannique de la santé. Elle invite les parents à surveiller d'éventuels signes chez leurs enfants. "Nous leur rappelons de faire attention aux symptômes de la jaunisse", a-t-elle insisté, "et de contacter, le cas échéant, un professionnel de la santé."

Quelle pourrait en être l'origine ?

"Des enquêtes sur un large éventail de causes potentielles sont en cours, y compris tout lien possible avec des maladies infectieuses", a fait savoir le Dr Meera Chand, aussi chargée de recherche clinique sur les infections respiratoires aiguës sévères à l'Imperial College de Londres. Si elles ont écarté tout lien avec le vaccin contre le Covid, qui n'a été administré à aucun des cas confirmés au Royaume-Uni, les autorités sanitaires britanniques étudient actuellement plusieurs pistes. 

"L'une des nombreuses causes potentielles (...) est qu'un groupe de virus appelés adénovirus peut être à l'origine des maladies. Cependant, d'autres causes possibles font également l'objet d'une enquête active, notamment le coronavirus (Covid-19), d'autres infections ou des causes environnementales", a indiqué UK Health Security Agency. L'OMS a souligné, par ailleurs, que le Covid-19 et/ou un adénovirus, qui entraîne des infections des voies aériennes, avaient été détectés "dans plusieurs cas". Cependant, leur rôle dans le développement de la maladie "n'est pas encore clair", a indiqué l'organisation.

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"Les États membres sont fortement encouragés à identifier, enquêter et signaler les cas potentiels correspondant à la définition de cas", a précisé l'OMS, qui "surveille de près la situation". "Aucun autre facteur de risque épidémiologique n'a été identifié à ce jour, notamment des voyages récents à l'international", a-t-elle ajouté, ne recommandant "aucune restriction de voyage avec le Royaume-Uni et les autres pays où des cas ont été identifiés, sur la base des informations actuellement disponibles."


Yohan ROBLIN

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